Nous avons sélectionné une poignée d’articles du « Courrier d’Europe centrale » sur des évènements qui ont marqué l’année 2020 dans les pays d’Europe centrale et orientale, mois par mois. Bonne lecture et meilleurs vœux de nouvelle année à tous nos lecteurs !
Retrouvez la première partie de notre rétrospective ici !
Juillet : En Hongrie, Index tombe sous la coupe du pouvoir
Andrzej Duda le national-conservateur remporte finalement la présidentielle en Pologne, sur le fil (ici) ; En Slovaquie les députés de la majorité jouent avec le droit à l’IVG (ici) ; « Ne nous dites pas comment vivre ! », proclament Orbán, Vučić et Janša lors d’une visioconférence publique inédite (ici) ; Un accord est conclu par les 27 États de l’Union européenne sur le prochain budget et le plan de relance post-Covid. La Hongrie et la Pologne crient victoire, mais peut-être trop vite (ici) ; En Hongrie, l’homme du « miracle de Cserdi », figure emblématique de la minorité rom, décède (ici).
En Hongrie, l’impensable quelques mois plus tôt se produit : le plus grand et plus emblématique média internet du pays tombe dans l’escarcelle du Fidesz. Szabolcs Dull est brutalement évincé de la rédaction-en-chef d’Index, désormais à la merci du pouvoir (ici) ; La rédaction d’Index se saborde. Plusieurs milliers de personnes défilent dans Budapest en signe de soutien à la liberté de la presse (ici) ; Péter Új, qui a fondé Index.hu il y a 24 ans, écrit : « C’est cet Index qu’ils font disparaître aujourd’hui, et il est irremplaçable » (ici) ;
Août : Au Bélarus, le peuple se lève contre son dictateur
En Hongrie, la scène musicale désemparée après l’annulation des festivals d’été (ici) ; Malgré la pandémie, les cinémas de l’Europe Centrale s’exportent dans les festivals (ici) ; Il y a quarante ans, Anna Walentynowicz et Lech Wałęsa fondaient Solidarność, amorçant dix années de lutte pour défendre les travailleuses et des travailleurs de Pologne (ici) ; Le ministre hongrois des Affaires étrangères s’affaire pour résoudre la crise qui secoue le Bélarus…depuis un yacht en Adriatique (ici) ; Les capitales du « V4 » affichent leur soutien aux opposants au Bélarus (ici).
Au Bélarus, le président sortant Alexandre Loukachenko a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 80 % des suffrages. L’autocrate a fait le choix de répondre par la force à la contestation populaire qui s’exprime depuis dans les rues de Minsk et des principales villes du pays. « Va-t-en », scandent les Belarusses à l’adresse de Loukachenko, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle (ici) ; De Minsk à Grodno, en passant par Brest et Vitebsk, des manifestations à l’ampleur inédite se succèdent. Evgueni Kazakov, un manifestant, et Hanna Liubakova, journaliste à Outriders, nous racontent (ici) ; Le bourrage des urnes, Sveta l’a vu de ses propres yeux et témoigne de la répression qui s’abat sur les manifestants pacifiques (ici) ; « Ils nous ont maintenus à genoux pendant 8 heures », témoigne ausi Andreï (ici) ;
Septembre : La SZFE entre en lutte contre Viktor Orbán
Le gouvernement national-conservateur du PiS conclut un accord avec les syndicats de mineurs qui prévoit la fermeture échelonnée de la totalité des mines de charbon d’ici à…2049 (ici) ; En Slovaquie, le tribunal de Pezinok juge Marian Kočner, le principal acccusé, non-coupable du meurtre de Ján Kuciak (ici) ; L’ex-eurodéputé hongrois Béla Kovács du Jobbik est acquitté de charges d’espionnage au profit de Moscou par le tribunal de Budapest (ici) ; La Pologne se dote d’une loi sur la protection animale qui fait tanguer la coalition de droite (ici) ; Une enquête du média hongrois Direkt36.hu révèle les liens révèle le soutien sans faille des entreprises allemandes au régime de Viktor Orbán (ici).
Le Fidesz poursuit son œuvre d’accaparement des institutions qui lui résistent encore. Les étudiants de l’école de cinéma et de théâtre de Budapest se rebellent. Ils protestent contre la prise de contrôle de cette institution par des fidèles du premier ministre Viktor Orbán (ici) ; L’école de théâtre et cinéma de Budapest lance un ultimatum au gouvernement (ici) ; Happenings et manifestations se multiplient devant la SZFE par les étudiants menacés d’expulsion (ici) ; Environ quinze mille personnes ont défilé vendredi à Budapest, lors de la fête nationale hongroise, pour soutenir les étudiants dans leur bras de fer avec le gouvernement de Viktor Orbán (ici) ; Ils mettront fin à l’occupation de l’Université le 10 novembre en raison de nouvelles mesures sanitaires (ici).
Octobre : Les Polonaises font des doigts d’honneur au patriarcat
En Hongrie, l’inaction d’Orbán face au Covid-19 inquiète jusque dans sa majorité (ici) ; Slovaquie : Marian Kotleba condamné à quatre ans de prison (ici) ; En Hongrie, un recueil de contes revisités à la sauce LGBT devient un symbole d’opposition à Orbán (ici) ; À l’heure de la crise du secteur aérien et de l’urgence climatique, le train de nuit revient en grâce (ici) ; « La crise est plus sévère à l’Est qu’à l’Ouest de l’Europe », selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (ici) ; Andrej Babiš remporte une victoire à la Pyrrhus aux élections régionales et sénatoriales en Tchéquie (ici).
Pour les intégristes catholiques polonais, un rêve devient réalité : le Tribunal Constitutionnel bannit presque totalement le droit à l’IVG. Une vague humaine déferle sur Varsovie, huit jours après la décision du Tribunal Constitutionnel de bannir presque totalement le droit à l’IVG en Pologne (ici) ; Jarosław Kaczyński lance un appel martial : « Défendons les églises, défendons la Pologne ! » (ici) ; Varsoviens et des Varsoviennes bloquent la circulation : « C’est la mesure de trop ! » (ici).
Novembre : L’Europe centrale secouée par sa première vague de Covid-19
Des eurodéputés s’opposent à la chasse au loup en Slovaquie, où « la population est surévaluée » (ici) ; La Moldavie élit Maia Sandu à la présidence : « Les changements que je propose sont ceux qu’attendent les Moldaves, qu’ils parlent roumain ou russe » (ici) ; Loïc « Lajos » Nego qualifie la Hongrie pour le championnat d’Europe de football, un pied de nez à Viktor Orbán (ici) ; Au risque de déclencher une grave crise diplomatique, Budapest et Varsovie font blocage au prochain budget de l’UE et le plan de relance de l’économie post Covid-19 (ici) ;
Epargnée au printemps, l’Europe centrale est fortement atteinte par la pandémie de Covid-19 et enregistre des taux de mortalités supérieurs à ceux de l’Ouest de l’Europe, en Tchéquie d’abord, puis en Pologne et en Hongrie. 3,6 millions de Slovaques sont dépistés en un seul week-end lors de l’opération « responsabilité partagée », inédite en Europe (ici) ; Des milliers de personnes manifestent à Bratislava et dans plusieurs villes de Slovaquie contre les mesures anti-Covid-19 du Premier ministre Igor Matovič, le jour de la commémoration de la « révolution douce » de 1989 (ici) ; En Hongrie, l’opposition dénonce les « pseudo-mesures » de Viktor Orbán contre le Covid-19 (ici) ; Covid – La mortalité en Europe centrale se rapproche de celle observée en France (ici).
Décembre : A Bruxelles, une partouze homo et un deal sur les fonds européens
L’affaire József Szájer fait les choux gras de la presse internationale. Pincé dans une « partouze » d’hommes clandestine, l’eurodéputé hongrois du Fidesz démissionne (ici) ; Le rachat annoncé du n°1 de la presse régionale marque le début de la « repolonisation » des médias (ici) ; « La destruction des tribunaux polonais, c’est la destruction de tribunaux européens », alerte le juge Igor Tuleya, qui encourt trois années de prison (ici) ; En Slovaquie, l’ancien chef de la police se suicide en détention, l’opposition se déchaine contre la politique anti-corruption d’Igor Matovič (ici) ; Le monde découvre la biologiste hongroise Katalin Karikó, mère des vaccins anti-Covid à ARNm (ici).
Au début du mois de décembre, la tension monte dans l’Union européenne. Le Fidesz et le PiS font cause commune pour bloquer le futur budget et le plan de relance post-Covid, espérant faire sauter un nouveau mécanisme de protection de l’État de droit. En Pologne, c’est le très ambitieux Zbigniew Ziobro, qui se verrait bien remplacer Jarosław Kaczyński à la tête du PiS, qui mène la fronde contre l’UE (ici) ; Bravache, Orbán affirme que la Hongrie peut se passer du plan européen de relance (ici) ; Un accord est finalement trouvé. La Pologne et la Hongrie lèvent leur veto. Viktor Orbán n’a pas bloqué en vain : il a gagné du temps, peut-être assez pour les élections de 2022.