L’ancien dissident et président Lech Wałęsa a lancé un appel à la mobilisation des jeunes polonais contre les nationaux-conservateurs du PiS pour les élections locales ce week-end.
C’est un message particulièrement fort qu’a lancé, lundi sur sa page facebook, Lech Wałęsa, premier président de la Troisième République de Pologne et figure de proue du syndicat Solidarność : « La Pologne est libre depuis près de trente ans. Nous n’avons pas réussi à réaliser tous nos rêves et nous avons commis des erreurs, mais nous n’avons jamais limité notre liberté. Grâce à cela, vous n’êtes pas différents aujourd’hui des jeunes français, allemands ou espagnols. Vous pouvez étudier, travailler, conduire, suivre l’amour et l’épanouissement où vous voulez en Europe. Vous êtes des gens libres. »
Cette grande figure polonaise de la lutte pour la démocratie, qui jouit encore d’un prestige dans toute l’Europe et au-delà, est traînée dans la boue depuis trois ans par le gouvernement nationaliste Droit et Justice (PiS). « Lech Wałęsa n’est plus présenté comme le meneur charismatique de la grève des ouvriers du chantier naval de Gdansk de l’été 1980 ou le leader du mouvement Solidarnosc tout au long de la décennie qui suivit, écrit dans une tribune l’historien Paweł Machcewicz, professeur à l’Académie polonaise des sciences, mais comme un agent secret du Service de sécurité communiste qui, sur commande de ce dernier, aurait piloté l’opposition politique et la transformation de la Pologne en un système démocratique ».
« Votez pour les candidats qui n’ont pas peur du monde et qui ne veulent pas vous enfermer derrière un mur de la peur. »
Hors du jeu politique, Lech Wałęsa continue toutefois à faire entendre sa voix et à prendre position contre l’actuel gouvernement polonais. Comme lorsqu’au mois de juillet il avait demandé aux Rolling Stones en concert à Varsovie de dire quelques mots de soutien à l’opposition. C’est ainsi qu’il a appelé la jeunesse du pays, cette Pologne « cosmopolite » et « européanisée » qu’exècre tant le pouvoir central, à se mobiliser dans les urnes dimanche, pour un scrutin de très haute importante. En effet, les partis d’opposition espèrent conserver les grandes villes, des bastions très autonomes qui résistent encore majoritairement au national-populisme ambiant.
« Ne laissez personne vous faire croire que votre voix ne compte pas. Elle compte tout autant que la mienne, que celle de vos parents et de vos grands-parents. Ne permettez pas que ce soient les dernières élections dans la Pologne libre. Votez pour les candidats qui n’ont pas peur du monde et qui ne veulent pas vous enfermer derrière un mur de la peur. Choisissez la liberté », a conclu Wałęsa. Rendez-vous dimanche pour voir si son appel a été entendu.
Lech Wałęsa : « Ce qui se passe en Pologne est encore pire qu’en Hongrie »