Le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki, s’est rendu à Budapest la semaine dernière pour rencontrer son homologue Viktor Orbán. Mais outre les déclarations d’amitié, Budapest s’est bien gardé d’invoquer son éventuel veto à l’article 7 lancé par la Commission européenne, soulignent plusieurs médias polonais.
L’unité affichée par Varsovie et Budapest mercredi dernier à Budapest n’a pas enthousiasmé les observateurs en Pologne. Le quotidien polonais « Gazeta Wyborcza » remarque que, si les mots « véto » et »article 7 » étaient sur toutes les lèvres, aucun n’ont été mentionnés au moment de la conférence de presse conjointe des deux Premiers ministres. Et d’ailleurs, remarque le quotidien, les journalistes présents se sont tous abstenus de poser des questions à ce sujet pourtant brûlant, la Commission ayant déclenché la procédure inédite de l’article 7 à l’encontre de la Pologne en décembre.
Jerzy Haszczyński, directeur des pages internationales du quotidien « Rzeczpospolita », émet quant à lui des doutes sur la fiabilité du partenaire hongrois, notamment au regard de sa relation avec Moscou. Il rappelle par exemple que Budapest n’a pas hésité à « demander l’autonomie des minorités hongroises en Ukraine au moment de l’agression russe dans le même pays ».
Grzegorsz Schetyna, dirigeant de la Plateforme civique (Platforma Obywatelska, PO), le principal parti d’opposition en Pologne, a quant à lui exprimé son étonnement sur les antennes de la radio TOK FM : « C’est étrange que (le Premier ministre Morawiecki) choisisse Budapest et non Berlin ou Paris ». L’homme politique estime que les « problèmes de la Pologne sont nécessaires à Orbán afin qu’il puisse mieux plaider sa propre cause ». « Qu’est ce que Morawiecki veut construire avec Orbán ? Le convaincre de collaborer avec la Russie de Poutine ? C’est pourtant de la naïveté politique. » a-t-il ajouté.
Semi-échec diplomatique ou non, le Premier ministre polonais a en tout cas invité Viktor Orbán aux célébrations des cent ans de l’indépendance polonaise en novembre 2018.