De la fierté mal placée ?

A la belle époque où je travaillais ici, dans un pays qui vivait encore en paix et presque dans la prospérité (ou du moins, qui attirait en masse les investisseurs étrangers : 1992-1996), j’avais écrit, dans un petit guide à l’usage de nos hommes d’affaires: «Le Hongrois n’est ni vaniteux, ni orgueilleux, mais fier», prenant en sous-entendu le mot «fier» comme une qualité (dans ma pensée secrète, un peu face à la vanité française et à l’orgueil allemand…). Guide où je mettais aussi en garde mes compatriotes contre toute allusion aux beautés du Grand Trianon, démarche «suicidaire», disais-je, mais alors plutôt sur un ton badin que vraiment grave…

Si c’était à refaire, je m’exprimerais bien différemment aujourd’hui. Quand je revois les discours prononcés le 15 mars par Viktor Orbán, que ce soit le cru 2011 ou la cuvée 2012 (quelques décibels en plus), je suis plus que perplexe. Perplexe, voire inquiet, je le suis surtout en voyant la foule de ses admiratrices/teurs. Une foule qui, quoi qu’il advienne, restera toujours fascinée par ce grand combattant, défenseur de la Nation, de la Hungarité (magyarság) – en deçà et au-delà des frontières. Quoi qu’il advienne, contre vents et marées, contre Bruxelles et Strasbourg voire contre Francfort, Washington et le monde entier (sauf la Chine?…) qui, décidément ne comprend rien ou ne veut rien comprendre… Chacun connaît cette histoire d’autoroute prise à contre sens et les remarques du contrevenant pestant contre tous ces automobilistes cinglés qui roulent à sa rencontre.

« L’Europe est comme l’alcool. Elle nous grise et nous fait faire de grands projets, mais une fois dégrisé elle nous déçoit et nous désespère », Viktor Orban lors de son Discours à la Nation, le 7 février dernier
Complexes

Les Hongrois peuvent être fiers, c’est évident, et je serais de bien mauvaise foi si je le niais. Je ne vais pas ici rappeler toute la richesse de leur culture au sens le plus large (arts, littérature, sciences). Richesse au demeurant largement reconnue par nombre de mes compatriotes, admirateurs de Vasarely à Brassaï en passant par Cziffra, Arthur Koestler et Sir Georg Solti. Richesse et courage aussi, à en juger par les références aux héros de 56 que j’entends toujours vanter dans mon entourage familial 56 an après. Oui, mais bon… les Hongrois ne sont pas les seuls. Les Roumains, eux aussi, ont leurs gloires (n’en déplaise ici à certains: Ileana Cotrubas, Klara Haskil, Dinu Lipati, Ionesco, Enesco, Radu Lupu, Gheorghiu), ou les Slovaques (l’immense Lucia Popp pour les amateurs d’opéra), etc. Oui, mais le problème est que je soupçonne mes amis de vouloir toujours être les meilleurs. Un peu cette manie du «le plus».

Certes, Budapest est une ville merveilleuse (et nos touristes français sont les premiers à le clamer). Mais, de là à la proclamer «la plus merveilleuse ville d’Europe» (entendu à la radio) ou son opéra «le plus beau du monde» (lu dans un guide), je crois, sans vouloir être mal intentionné, qu’il y a quand même un peu d’exagération (les Hongrois ont-ils entendu parler de la Fenice, de la Scala ou du Théâtre des Etats de Prague ?). Faisant un reportage à Prague, une journaliste française me disait tous les touristes interrogés émerveillés par cette ville, sauf… un Hongrois lui exprimant son «Bof, ça ne vaut quand-même pas Budapest». Et combien de fois n’ai-je pas entendu des Hongrois vanter (sans plaisanter) l’intelligence de leur peuple, qu’ils opposent souvent au QI moins développé de leurs voisins (sic, j’en ai mille exemples). Sans compter les innombrables prix Nobel (qui ne sont en fait que deux nationaux – Szent-Györgyi et Kertész – les 12 autres, la plupart Juifs, ayant vécu aux Etats Unis et en Allemagne.). J’y reconnais là ce double complexe d’infériorité et de supériorité si caractéristique. Caractéristique d’un peuple dont l’excuse, il est vrai,  est d’être totalement isolé des voisins par sa langue.

Victimes

Autre manie, celle de se complaire dans le rôle de victime. En témoignent la tristesse de l’hymne national, au demeurant fort beau, ou la correspondance de deux des grandes fêtes nationales à des défaites (1848, 1956). Certes, il y a de quoi, sachant toutes les souffrances qu’a traversées, courageusement, ce peuple. Oui, mais uniquement victimes, jamais oppresseurs ? On pourrait en débattre. Cf. les 52% de «minorités» de la Grande Hongrie de 1867-1918 (48% si l’on fait abstraction des Croates autonomes), souvent méprisées ou ignorées par une partie de la noblesse hongroise. Cf. ces Juifs qui, bien avant l’arrivée des Allemands en mars 44, furent victimes de lois pour le moins peu «amicales» (accès fermé aux professions libérales, interdiction de l’union entre Juifs et chrétiens) ou envoyés à la boucherie en première ligne sur le front d’Ukraine (notamment pour y détruire les mines en sautant dessus…). Mais cela, qui le reconnaît ici aujourd’hui? Personne, du moins pas officiellement. Il y a peu d’années encore, la négation de l’holocauste n’était pas condamnée par la loi… Alors que même les Allemands ont eu le courage de regarder en face leur passé et de reconnaître leurs fautes (ce pour quoi je leur tire mon chapeau).

Tout ceci pour en revenir à notre foule de la place Kossuth le 15 mars dernier. Sensible aux slogans fébrilement scandés par Orbán : «Nous ne sommes pas une colonie (…), nous ne nous laisserons pas dicter notre conduite par l’étranger», etc.  Sauf, mes pauvres enfants, que l’étranger, vous en avez bien besoin… Après tout, quoi qu’en dise Monsieur Orbán («Je les attends toujours, ils ne viennent pas») qui est demandeur de sous dans l’histoire : Orbán ou Christine Lagarde ? Après tout, si Orbán ne veut pas de ses sous, elle n’en a rien à faire. Mais il ne me semble pas que ce soit le cas. Le besoin est même très urgent. Idem pour les financements de Bruxelles dont la Hongrie a déjà fait largement usage. Quant aux investisseurs étrangers qui nous exploitent honteusement, qu’ils plient donc bagages ! Ce qu’ils commencent d’ailleurs à faire… Mais la Hongrie n’est pas la Russie et n’a aucune ressource, mise à part sa «fameuse» matière grise… Donc, que cela plaise ou non, il lui faut bien trouver quelque part les capitaux, et surtout les emplois, qui lui manquent.

«A consommer avec modération»

Bref, la fierté est une bien belle qualité, mais à consommer avec modération, du moins dans certaines situations. Car, à en juger par la situation où se trouve l’économie du pays et le pouvoir d’achat de ses habitants (ah! ce taux d’imposition unique qui aura coûté 500 milliards de forints, pour enrichir les riches et appauvrir les pauvres, comme on peut le bénir !), je ne vois pas trop de quoi parader, quoi qu’en dise Monsieur Matolcsy («l’économie la plus dynamique d’Europe!»). Quand je vois les transports en commun de Budapest au bord de la faillite Quand je vois l’état de certaines infrastructures (chemins de fer)… Au point de pomper dans les fond de pension privés, ce qui ne suffit plus… Je n’y vois pas de quoi être excessivement fier. L’indépendance et le rejet de l’étranger c’est bien beau. Mais à notre époque, où chacun est solidaire de l’autre, je me ferais un peu plus discret ou du moins conciliant.

Mais bon, allez faire comprendre cela aux foules nostalgiques de la Grande Hongrie. Nous sommes en 2012 et plus en 1900, encore moins à l’époque des fiers cavaliers d’Árpád qui terrorisaient l’Europe (De sagittis hungarorum libera nos Domine!). Allez leur dire cela, vous allez vous faire lyncher, comme moi après ce papier sacrilège…

Pierre Waline

Diplômé des Langues'O (russe, hongrois, polonais), Pierre Waline est spécialiste de l'Europe centrale et orientale. Il vit a Budapest où il co-anime entre autres une émission de radio.

26 Comments
  1. Comme dirait Omar et Fred dans le SAV des emissions … Tu vas avoir des problemes !

    je rajouterai pour ma part, que cette nostlagie d avant 1920 je la trouve deplacee car aucune personne l ayant vecue ne vit plus de nos jours… il ne peut nous manquer une chose que l on a pas connu ..

  2. Por le moment jen’ai que ma haine et mon indignation a donner, que je partage avec mes amis. Et des amitié se défont, souvent des amitié de 50 ans, parce que je ne peux pas tolérer la présence de cet égarement parmi les miens. Mais je suis disponible, laplus prt du temps. Quand je suis à Paris.

  3. Cher Pierre, ce papier très bien écrit n’est pour autant pas sacrilège!
    Votre vie est peu-être en danger!
    Ce faisant je dois avouer que ce dernier dimanche je me suis laissé aller à la trahison de Saint Pierre!
    Nous promenant sur le grand marcher aux puces d’une ville de province, discutant dans la langue de Molière, Interpelés nous fûmes avec une certaine arrogance..: Français?
    Nem, nem, belga vagyunk… Et pour rester sympathique, nous avons choisi sans nous concerter de parler une autre langue que le français.
    Mais tout va bien et la Hongrie est un pays magnifique, il suffit d’être aligné et de garder le doigt sur la couture du pantalon pour rester dans le canevas.

  4. Cher Zsak! Saint Pierre a été pardonné, puisque les clés du paradis lui seraient, parait-il, confiées ! (Je ne peux le confirmer, car je n’y suis pas encore allé)
    Et oui, Trianon, Clémenceau, etc., meme 92 ans apres !!! (Et ce n’est pas fini…)
    Par chance, j’habite un dernier étage sans ascenseur. Les flics ou brigades punitives de Magyar Gárda s’essouffleront donc avant d’arriver jusque chez moi (gros comme ils sont…).
    Mais bon, je plaisante… Passez une bonne nuit (..comme moi, le doigt sur la couture du pyjama pour dormir tranquille!)

  5. Les propos de Orbán sont tout de meme assez modérés compte tenu des attaques exacerbées et injustes qu’il subit. Con Bendith est bien plus courtois, n’est-ce pas?
    Malgré toute l’adversité qu’il subit, Orbán reste malgré tout tres attaché a l’Europe.
    Quant-á la fierté hongroise parfois mal placée, la complaisance dans le role de victime, et le double complexe d’infériorité et de supériorité, je partage cette reflexion, je vois que Pierre Walline connait bien l’esprit hongrois.
    En ce qui concerne la difficile situation économique du pays, il ne faut pas oublier que ce gouverment a herité de 8 ans de regime MSZP-SDSZ, au cours duquel la dette du pays a effroyablement grimpée, le gouvernement actuelle a donc la tache ingrate d’essayer de rétablir une situation catastrophique laissée par les précédents, qui se sont fait elire sur la base de mensonges et qui ont maté par la force la manifestation du 50e anniversaire de 1956 (a cette époque, grand silence chez les politiques et les médias européens, il n’y a eu personne pour dénoncer les pratiques peu démocratiques du gouvernement Gyurcsány). Il est tout a fait vrai que l’on a besoin des étrangers, mais n’oublions pas que les différents gouvernements MSZP ont été excessivement loins dans la privatisation de nombreux secteurs de l’économie hongroise, le gouvernement actuel prend des mesures pour rétablir la situation et diminuer la dépendance de la part des multinationales étrangeres.

  6. c’est marrant avec les ecrits de pierre je vois toujours une difference de generation…

    avec des amis francais qui sommes partis plusieurs fois en vacances (chacun de notre cote) avec des amis hongrois&hongroises, nous nous sommes fait la reflexion que c’etait plutot agreable car les hongrois appreciaient chaque instant et chaque lieu visité.
    jamais je n’ai eu une seule reflexion comme quoi quelque chose etait mieux en hongrie. et ils sont toujours etonnés que les etrangers peuvent apprecier la hongrie.

    ce qu’ecrit pierre je le retrouve dans les paroles des parents, des vieux, pas dans celle des jeunes.
    en resumé, en hongrie comme en france, il y a une generation sur-representee qui n’a pas su evoluer et dont l’ombre empeche les pays d’avancer.
    heureusement, techniquement cela ne peut durer eternellement ^_^ il suffit d’etre patient…

  7. Comme d’habitude , « Ca dépend ». Mais Pierre a raison en terme de fierté mal placée la Hongrie se pose la… hier encore, en traversant le pont Petofi avec un copain hongrois « ah, c’est vraiment la plus belle ville du monde », Lol un peu. Mais les parisiens font pareil. Le pire c’est ces trucs d’invention et le Rubikub, dans les visites guidées ils sont vraiment persuadés que c’est mondialement reconnu, pour moi ca tient plutot du burlesque, tragi-comique.

  8. Quand le MSZP est arrivé au pouvoir, après 4 ans sous Orban, nous nous sommes dit (dans la famille) que cela ne pouvait pas être pire et que ce qui venait de se passer ! Après avoir vite déchanté et 8 ans de MSZP, nous avons voté « Fidesz » par pour Orban mais contre Gyurcsany… en se disant que cette fois-ci, pire cela ne pourrait pas être !

    Hélas, c’est pire que tout, tout ce qui a été construit, grâce quand même à l’Europe, (programmes PHARE et j’en passe) et a permis au pays et aux hongrois, dont certains, crachent dans la main qui les a aidés et nourris, est en train d’être détruit sous prétexte de Nation, Hungarité et populisme exacerbé ! Il y en a point comme nous… malheureusement, il y en a bientôt trop, car le nationalisme fleurit un peu partout pour le plus grand malheur de l’homme, de son humanisme et de son avenir !

  9. parfois je me demande ce qui se serait passé en France si elle avait perdu la guerre de 14 et perdu encore un bout de territoire au bénéfice des allemands …..ou si faute d’un De Gaulle les américains auraient mis la France sous tutelle en 44,auraient donné l’indépendance aux colonies d’alors sans nous demander notre avis……peut etre le même genre de phénomènes ….
    dans le cas des hongrois il ne faut pas oublier que les 40 ans de « communisme » ont gelé tout travail
    de débat démocratique sur ces questions

  10. @ Zalapaul,

    Il est inutile de revasser … avec des si Godzilla pourrait nous attaquer pendant la nuit…

    a ce rythme la les Huns pourraient revendiquer le territoire de Hongrie, l autriche la hongrie.. les etats uniens devraient rendre leur terre aux indiens d ameriques, israel la palestine et j en passe …

    je me repete mais personne de nos jours n a vecu cette epoque car tous sont morts depuis, comment peut il vous manquer quelque chose que nul vivant n a connu?

    Y a t il pas plus important et plus urgent pour les vivants, les jeunes, les pauvres?

    La Hongrie est isolee au plan internationnal en UE grace a cette super politique digne des annees 40, ainsi qu au plan regional car en conflit teritoriale avec CHACUN de ses voisins, …

    Ce reve n est pas realisable hors guerre perdue d avance…

    Qui ira voir les Serbes pour leur expliquer qu apres avoir perdu le Kosovo faudrait soit disant rendre la Vojvodine? lol
    ( Pour info en Vojvodine il existe une communaute de serbe Slovaque, parlant le slovaque, et la depuis avant 1920 … , idem au nord ouest de la Roumanie )

    L histoire est tellement entrelacee et compliquee qu il serait plus simple de laisser les choses en l etat …

    les Hongrophones des pays limitrophes ne sont ni malmenes ni en danger …

    Dommage que l energie utilisee a rever ne soit pas utilisee a construire un etat digne de ce nom, …

    @ French Tourist

    tres beau reportage,

  11. Cher Zoulou et autres amis,

    J’ai srcupule a apporter ce commentaire, car je n’aime pas trop en rajouter apres mon papier (que l’on peut critiquer, bien ur). Mais pour le coup, je souhaite apporter quelques précisions.

    Pour ce qui est de l’héritage des 8 années de coalition socio-libérale, je pense que le jugement doit etre plus nuancé. Certes, je ne vais pas en faire la louange. Mais… reconnaissons aussi quelques bons points au milieu des lourdres erreurs. Par ex. le début de redressement apporté par Gordon Bajnai. Et n’oublions pas non plus que, dans l’opposition, le Fidesz a freiné des quatres fers pour bloquer des mesures positives: droit d’inscription en fac, ticket modérateur de 1 euro sur les visites médicales, fermeture de quelques lignes locales de train désertes en province, etc. Justement, le gvt actuel fait pire.
    En fait, ce qui me peine le plus est de voir le pays vicitime d’une haine personnelle entre Orbán et Gyurcsány. A mon sens, tous deux devraient faire place a des nouvelles tetes moins impliquées par leur ego et plus désintéressées. Pour moi, je vois quelqu’un comme Gordon Bajnai (et pour ceux qui s’accrochent aui Fidesz, qqu’un comme Mihály Varga ou Fellegi). Une figure d’espoir aussi: Péter Konya.

    Emeute de l’automne 2006. Je les ai vues de tres pres (pratiquement ss mes fenetres). L’une (WE du 21 ou du 28 a Deák tér) était effectivement plutot pacifique (mis a part le ouistiti qui a actionné un char!), et les flics étaitent hyper nerveux. Ok. Mais…. l’autre, du lundi 23 a la Maison de la TV, n’était vraiment pas „pacifique”, lorsqu’il ont mis le feu auhall de l’immeubble et canardé lesflics. Blessés: égalité des deux cotés.

    Orban et l’Europe? Il l’aime a titre personnel quand il faut envoyer sa fille étudier a Lyoin ou que lu-meme a étudié en Angleterre. Mais quand il faut harangue les foules, je ’entends plutot comparer le „diktat” de Bruxelles au chars de Moscou. Bref, double langage…

    Pour le reste, fierté magyare et double complexe. Vaste sujet qui mérite une étude. Ce qui me frappe et ce besoin d’etre aimé… A la fois sympathique (au moins, ils ont une ame),. mais dangereux, car exclusif (et tres suscpetibles, a mon sens..). La premiere question de beaucoup de Hongrois, a tout propos: « vous aimez, tu aimes, n’”est-ca pas? » Et c’est vrai que nous aimons: eux, leur capitale, leur culture, leur esprit, etc. Mais des lors que je dis aussi apprécier des Slovaque ou des Roumains, alors la, ca ne va plus. Bref, comme une épouse avec ses scenes de jalousie. Et puis cette manie de croire mordicus que nous autres Francais, ne les aimon pas, ce qui est archi faux. Bien au contraire ! (Que sait un Francais sur Bucarest? Rien! Il en sait certainement plus sur Budpest). Tous les touristes francais de passage ici font un grand éloge de Bpest. Beaucoup de Hongrois peinent a me croire.

    Il y a la une longue étude a faire. (Sujet sur lequel j’ai déja trvaillé).

    Mais bon continuons a les aimer !

    Zalapaul: ne comparons pas Trianon a la France: nous n’avions pas en 1920 cinquante pour cent de minorités.. Et puis, la conception est différente. France: rasemblement de peuple divers (Celtes, Normands, Germains, Provencaux, etc.) autour d »‘une notion commune de République (l Révolution). Ici, primauté de la notion d’ethnie… (cf. la nouvelle constitition)

  12. Je suis d’accord avec le butch. J’ai beaucoup de mal avec l’atavisme en général et l’atavisme sur les Hongrois en particulier. Pour moi, le problème n’est pas tant le contenu du discours nationaliste d’Orbán et l’enclin victimiste du « roman national » hongrois. Qu’une partie de la population s’y reconnaisse, ou pire, s’y conforte, c’est son soucis. Mais tout cela ne dit rien de très significatif sur les « Hongrois ». Pas de fierté plus ici qu’ailleurs donc ! Le nationalisme hongrois n’est pas forcément plus suranné qu’un autre. Il apparaît sans doute plus exotique pour les observateurs étrangers, mais traduit de la même manière qu’ailleurs en Europe un certain nombre d’inquiétudes qu’Orbán a réussi à capter. Il s’agit effectivement de la situation économique, mais surtout à mon avis du creusement des inégalités, d’une inquiétude face aux transformations brutales du système productif, etc. On vendait l’Europe-providence aux Hongrois et ils se retrouvent avec un cheval de Troie libéral, champion de la dérégulation ! La responsabilité des gouvernements successifs depuis 1990 est immense et celles des dirigeants européens également. Je ne vois pas en quoi renforcer l’Etat est-il incompatible avec les investissements étrangers ! Orbán dit vouloir le faire, à sa manière, avec un train de mesures conservatrices à la clé. Mais ce réarmement de la puissance publique devrait être le projet phare d’un vrai MSzP ou d’un 4K! si le mouvement social se transforme en parti politique. Et l’Europe ne devrait pas détricoter la production ou ce qui reste d’agriculture non intensive, mais au contraire soutenir les initiatives locales et relocaliser les unités de production fermées…
    Votre papier n’est pas sacrilège. On s’en fout royalement des sept tribus qui sont venus magyariser des Slaves dans le bassin des Carpates. Les questions qu’il pose permettent le débat.

  13. Pierre Walline
    bien sur que la conception de base de la nation est différente …..ceci dit , dans les années 20 la France « régnait » également sur des colonies dont les habitants ne bénéficiaient pas du meme régime de citoyenneté ….la comparaison est peut etre osée mais la situation des croates ou des nationalités roumaines ou slovaques dans le royaume de Hongrie était peut etre comparable á la situation d’une colonie
    Roman de France
    bien sur avec des si on peut dire beaucoup de choses ….je voulai simplement dire que si la France avait subi le meme genre d’événements historiques,il y aurait probablement le meme genre de relents révisionnistes et nationalistes (voir la volonté de revanche aprés 1871 pour récupérer l’Alsace Lorraine )

  14. pierre>
    « A mon sens, tous deux devraient faire place a des nouvelles tetes moins impliquées par leur ego et plus désintéressées. »

    tout a fait d’accord.
    et ceci n’est pas valable qu’en hongrie ^_^

    ludo> « atavisme » voila un mot que je decouvre avec plaisir 🙂

  15. @Pierre Waline
    Drôle de raisonnement…
    « nous n’avions pas en 1920 cinquante pour cent de minorités »
    Eeeeuh… ça dépend, comment vous définissez les minorités….
    « France: rasemblement de peuple divers (Celtes, Normands, Germains, Provencaux, etc.) autour d »‘une notion commune de République (l Révolution). »
    A votre avis, ce que vous appelez « peuple divers » en France, cela fait quel pourcentage?
    A ma connaissance, ce « rassemblement » ne s’est pas fait sans grincement de dents. C’est vrai, ce n’était pas en 1920, mais bien avant.
    Ce que les Hongrois ont essayé de faire à la fin du 19ème siècle n’est qu’une timide imitation.
    Là, bien entendu, on parle de « magyarisation » forcée et « d’oppression ».
    En France, on appelle la même chose « rassemblement » pour l’intérêt général, pour une République une et indivisible, pour la modernité, pour l’ascension sociale et même la démocratie!
    Par ailleurs, nous avons aussi appris, que les « peuples divers » avaient un ancêtre commun: les gaulois 😉

    Enfin. J’ai bien compris que vous n’aimiez pas les comparaisons.

  16. Ce billet est votre opinion et je pense que vous avez raison sur tout ce que vous dites sur les hongrois ici, c’est vrai, ils sont comme-cela.

    Je suis amoureux de mon peuple, de mon pays, et je l’aime comme il est. J’aime cet esprit hongrois de se sentir victime, j’aime cette obsession de toujours vouloir être le meilleur (ce qui cache en réalité une frustration), j’aime cette ambiance tendue de la politique, j’aime ces hongrois patriotes qui veulent tourner leur vie vers leur pays, j’aime ces hongrois banals je m’en foutistes qui forment la majorité de la population et ont la qualité de se contenter de ce qu’ils ont. J’aime ce tempérament flegmatique, fièr, nostalgique.

    J’aime la Hongrie, j’aime les hongrois, je les aime comme ils sont, ce n’est pas cet article ni les autres qui me feront changer d’avis.

  17. Cette tribune est très intéressante , mais je pense pour avoir discuté pas mal de fois avec mes amis hongrois(jeunes je précise) que l’image donnée par le gouvernement de Orban les énerve. Ils savent que de toute façon la Hongrie a besoin de l’UE et du FMI. C’est sans doute un ressenti de la population jeune, je ne peux pas m’avancer sur les hongrois plus agées (je rejoins donc certaines remarques écrites plus haut). Quoi qu »il soit je reste attaché à ce pays , peu importe ce qui lui arrivera .

  18. Tous, autant que nous sommes, restons tres attachés a la Hongrie et aux Hongrois qui, au moins, ne nous laissent pas indifférents. C’est justement pourquoi nous lisons régulierement et apprécions Hu-lala (et, avant sa fermeture proviosire, le Petit Journal de Bp).
    Mais ce n’est pas une raison pour fermer les yeux sur certains aspects du discours officiel qui se répercutent (a mon sens de facon néfaste) sur une ambiance générale quelque peu tendue….

    La jeunesse? Pas comme nous autres vieux ringards? Sauf que les loulous que je vois chaque jour dans mon quartier arborant oiseau Turul et bandes d’Arpad sur leur tatouage ne sont pas des cinquantenaires… Bon, les étudiants bien élevés, polyglottes et ouverts me direz-vous? Sauf qu’ils viennent a deux reprises de recevoir des leaders de l’extreme droite ultra raciste et irrédentiste (le Jobbik) dans leur fac, Corvinus, sans meme protester, ou a peine (une vingtaine). Faites ca a la Sorbonne et ils se feraient jeter! Dernier sondage: 30% des moins de 30 ans déclarent voter Jobbik….

    La France colonialiste. Oui, c’est vrai et je n’en suis pas fier. Mais nous n’en parlons plus et avons reconnu nos erreurs. Je pense surtout a l’Algérie qui, il y a exactement 50 ans (mars 1962) faisait beaucoup de bruit avec tous ses partisans de l’Algérie francaise et ces attentats de l’OAS et ce million de pieds noirs qui du se rapatrier sur la métropole (alors que leurs grands parents étaient nés la-bas). Qui en parle aujourd’hui ? Personne, et c’est tant mieux. Tout cela est digéré et nous avons reconnu notre culpabilité (idem pour Vichy, cf. le discours de Chirac). Et la réconciltion franco-allemande (De Gaulle Adenauer, 8 ans apres la Guerre)? C’est d’ailleurs de la qu’est née l’Europe…

    Nos ancetres les Gaulois ou Francs ? Voyez-vous des statues de Vercingétorix ou de Clovis sur les places de Paris ???? Quant aux « minorités », Il est erroné de comparer ces divers peuples ont fait ensemble la République (face aux monarchies environnantes, cf. Valmy), mis a part l’épisode vendéen, aux peuples slaves et roumains dominés par une ethnie (théoriquement) magyare. « Théoriquement », car qui est vraiment magyar de nos jours ? Il y a eu des mélanges, et c’est heureux !!!! quoi qu’en dise le dicours offiiel. Et pourtant, relisez le préambule de la nouvelle constitution qui insiste lourdement. Entendriez-vous Sarko se dire le président des Wallons, Luxembourgeois et Suisses vaudois et jurassiens? Bon, soyons sérieux!

    Et puis, il ne faut pas se vexer a tout bout de chant. Nous autres, Francais, avons de gros défauts par rapports aux Hongrois que, par exemple,; je trouve (matériellement) tres généreux (a coté de beaucoup de Parisiens BCBG si radins..) et directs et francs.

  19. @ Pierre,

    Tres belle analyse, …

    @ zalapaul

    Tres certainement qu il y aurait eu un relent, … mais pas 90ans apres…

    je viens de lorraine, donc je connais, mes grands parents francais ont du s exiler en 40 pour aller a bordeaux, ma grand mere maternelle polonaise a ete internee en camp de concentration car elle etait bonne chez une famille juive et a se titre a ete enfermee dans le ghetto de Krakovie, et une fois liberee par les russes elle a ete en Slovaquie, ou elle a essaye d aider de jeunes soldats allemands a fuir les russes qui ont fini par les executer…

    et ben on ne m a jamais eleve dans la haine de l autre, je n ai rien contre les allemands, c est un peuple europeen et ami ! et ce sont des evenements plus recents et marquants …

    Et en tant que francais d origine slovaque ( j ai la double nationalitee ) ayant vecu 11ans en belgique ( que je n ai jamais considere comme une ancienne colonie) et maintenent depuis 3ans resident hongrois, je vois bien la difference de mentalitee …
    je suis venu vivre en hongrie car la vie y est moins cher, et je ne m etais jamais interesse au rapports entre slovaques et hongrois du fait que je n ai pas grandi ici, et je peux vous dire que je suis surpris de la haine latente qui se cache ici, je pensais qu au pire ce serait eventuellement du domaine de la blague comme entre belges et francais, mais la je suis tres negativement surpris, …

    J ai aussi de tres bon rapport avec mes voisins hongrois, et je n ai encore jamais ete inquiete du moins car je me presente en tant que francais, et je ne prefere pas communique mes origines slovaques..

    ex 1 caissiere au tesco, bla bla bla bazmeg Szlovak … reponse je t emm.. Csunia kecke,
    idem au kebab du coin ou j allais depuis 3ans, … j y vais avec un ami slovaque hongrophone et le vendeuse se permet de dire au client devant moi qu elle apprecie autant les slovaques que nous l apprecions, mais elle ne savait pas que mon ami parle aussi magyar.. et qui lui aussi a ete outre de cette reflection idiote et hors sujet…

    resultat, boycott et je donne mon argent a Mac Donald ..

    ex 2 , frontieres bloquees par le Jobbik,il y a 2ans de ca, j ai jamais vu ca, impressionant…

    ex3 , defile de magyar garda pres des steles de receuillements au traite de trianon, 90ans apres

    je peux te dire que j ai fait une drole de tete en voyant ca pour la premiere fois

    ex3, voisin Jobbik ( tres gentil et poli ) avec 10 autocollants jobbik sur la voiture, …

    ex4, mois de septembre au Tesco, rayon accesoires de rentree scolaire, et la c est le pire, car vendre aux enfants des cartes de l ancienne hongrie… Bof … pardon, l ancienne future Hongrie, dixit Jobbik et son voeux de retour aux anciennes frontieres sous 2generations ..

    ex5 je vais a la pompe, le pompiste remarque mon petit drapeau slovaque sur ma voiture immatriculee en France, sa reaction ???? WAS IST DAS? > Nicht, ich bin fransoz, ich arbeit slowakei … > OK …

    tout ca dans la meme ville … les gens se montent la tete tout seul, merci DUNA TV et autres…

    je ne vis pas a budapest la capitale, ou la mentalitee est certainement plus ouverte et progressiste, mais dans un bled de campagne…et au vu de la tournure des choses, j attends que la conjoncture me le permette et je me barre a quelques km en Autriche …

    Pourtant on vit bien ici, c est calme, propre, .. mais bon,

  20. @Pierre Waline,

    Justement, gaulois, mais surtout pas franc! Après la révolution, pour afficher l’indivisibilité et l’unité de la France, le seul ancêtre devient le gaulois. Et surtout après la défaite de la guerre prussienne, évoquer la descendance germanique devient politiquement incorrecte.

    Pas besoin de statut de Vercingétorix. « Nos ancêtres les gaulois » a été obligatoirement enseigné de Dunkerque à Tamaraset et bien au delà.

    Regardez un peu cette carte:
    http://www.lexilogos.com/france_carte_dialectes.htm
    D’ailleurs c’est assez typique: on dégrade les langues en « dialectes » ou « patois ». L’alsacien, dialecte du français? Ou le breton ou le basque? La langue corse est elle dialecte du français ou de l’italien? Contrairement à vous, je ne suis pas persuadé, que la population ait abandonné de son plein gré l’usage de sa langue maternelle:
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Symbole_(enseignement)
    Voici donc comment « les diverses peuples » ont fait la République…. Vous avez certainement entendu parler de « terreur linguistique » ou de « tour de Babel dialectal ».

    Ce que je veux dire par là, c’est que la Hongrie historique n’était ni plus, ni moins hétérogène du point de vue ethnique que la France.

    Par le passé, dans les deux pays il y avait une volonté d’assimilation forcée afin de centraliser le pouvoir.
    En même temps, souvent, les minorités ont aussi volontairement choisi d’appartenir à la nation fondatrice de l’état. C’était la clef pour l’ascension sociale. On pourrait citer de nombreux exemples, je me limite juste à deux: Kossuth était d’origine slovaque et Petofi serbe (ou slovaque?). Y-a-t-il plus patriotique et plus magyar que ces deux là? Ou seraient ils aussi victime de l’oppression hongroise? Parmi les 13 aradi vértanuk, plusieurs ne parlaient même pas hongrois.

    En ce qui concerne votre allusion à la Belgique, soyons sérieux, mais pas tant que ça!
    En juin 2010, selon un sondage IFOP, 66% des français serait favorable à un rattachement de la Wallonie à la France…. 😉
    http://www.lejdd.fr/International/Europe/Actualite/La-France-s-ouvre-a-la-Belgique-199353/

  21. « La jeunesse? Pas comme nous autres vieux ringards? Sauf que les loulous que je vois chaque jour dans mon quartier arborant oiseau Turul et bandes d’Arpad sur leur tatouage ne sont pas des cinquantenaires… »

    c’est marrant c’est encore la minorite qui fait du bruit qui prend le pas sur les autres.
    oui je connais des jeunes qui votent jobbik, mais ils ne l’arborent pas et sont minoritaires.
    99% des jeunes que je rencontre ou croise tous les jours n’ont ni turul ni bande d’arpad…
    j’en vois carrement plus souvent en photo dans les news que dans la rue.

    apres j’habite et me deplace la plupart du temps dans le centre…

    « 30% des moins de 30 ans déclarent voter Jobbik…. »

    donc on parle de 30% des gens qui declarent leur vote… ce qui fait combien de % de la population totale des moins de 30 ans ? en sachant que generalement seuls les politisés declarent officiellement leur vote.
    si je compte 100-30=70% (oui j’ai fait prépa ^_^) ce qui fait que 70% des jeunes declarants leur vote ne sont pas jobbik. ce chiffre me suffit amplement.

    « tout ca dans la meme ville … les gens se montent la tete tout seul, merci DUNA TV et autres… »

    tu as tout resumé: c’est le resultat de la surmediatisation des minorites politiques qui ont compris le jeu des journalistes (faire sensation pour mieux vendre).

    note : si « magyar » et le meme que « le magyar » je rappelle que c’est un belgo-hongrois qui aime tellement la hongrie qu’il habite et vit en Belgique ^_^ encore une grande gueule adepte du « faites ce que je dis pas ce que je fais » ^_^
    ca permet de relativiser ses propos d’amant ^_^

  22. @ le_butch

    Je ne suis pas « le magyar », et si j’habite en France, c’est parce que je suis mineur, et que j’aime aussi ce pays. Mais mon objectif est de rentrer des que possible.

  23. Un peu comme la fille de Viktor

    Magyar n’est effectivement pas Le magyar mais c’est un magyar (un peu comme la fille de Viktor).
    Magyar étudie pour l’instant en France (un peu comme la fille de Viktor).
    Ensuite Magyar ira étudier à Londres ou peut-être aux states (un peu comme la fille de Viktor).
    De retour au pays, il sera libre comme l’air (un peu comme la fille de Viktor).
    Personne de lui réclamer de rester en poste au pays afin de rembourser les études que le peuple hongrois aura alloué (un peu comme la fille de Viktor).
    Tu vois le_butch, tous les magyars sont égaux, peut importe que l’on soit la fille de ou le fils d’un l’ami de
    Et demain Magyar nous reparlera des plaies de la nation (un peu comme la fille de Viktor).

Leave a Reply

Your email address will not be published.