C’est sans surprise que le premier tour des élections présidentielles en Tchéquie s’est soldé par une victoire du président sortant, Miloš Zeman. Mais le second tour qui s’annonce serré les 26 et 27 janvier pourrait lui être fatal, la plupart des candidats éliminés s’étant rangés derrière un scientifique novice en politique, Jiří Drahoš.
Même si le président a reçu beaucoup plus de voix que son adversaire du second tour, 38.6% contre 26.6% pour son premier concurrent, la myriade de candidats « anti-Zeman » a convaincu une majorité de la population qu’un changement était nécessaire à la tête de l’État. En effet, Pavel Fischer (10%), Michal Horáček (9%) et Marek Hilšer (9%) n’ont laissé planer aucun doute en annonçant leur soutien à Jiří Drahoš dès le week-end. Et il y a fort à parier que leurs consignes seront entendues par leurs électeurs, tant leur rejet de Zeman est mobilisateur.
Comme à l’accoutumée, seule la capitale Prague et sa région ont défait Miloš Zeman, lui préférant Jiří Drahoš, alors que toutes les autres circonscriptions ont accordé leur préférence au président actuel. Quant au taux de participation, il s’est établi juste en-dessous de 62% des électeurs inscrits, comme lors des élections législatives d’octobre dernier.
Si certains ont craint de voir Zeman l’emporter dès le premier tour avec plus de 50% des voix, les premiers résultats tombés samedi après-midi ont vite dissipé les doutes. Loin d’obtenir les plus de 45% dont le créditaient certains sondages, le président n’a pas réussi son pari. Pire, son résultat laisse entrevoir qu’il sera devancé au second tour face à un Drahoš donné gagnant par tous les sondages.
Il reste moins de deux semaines avant le tour décisif du 25-26 janvier. Zeman, qui avait refusé de participer aux débats et avait limité ses contacts avec les médias avant le premier tour, s’est dit prêt à débattre avec son rival. Les observateurs s’attendent à une campagne sale émanant du Château, à l’encontre de Jiří Drahoš, ancien Président de l’Académie des sciences, une personnalité respectée du monde scientifique et un nouveau venu en politique.
Finalement, cette campagne d’une platitude mortelle s’est achevée sur le petit coup d’éclat d’une militante FEMEN qui s’est jetée dénudée sur Miloš Zeman en criant en anglais « Zeman, la pute de Poutine ! », alors que ce dernier s’apprêtait à voter. S’il s’est permis quelques mots d’esprit par la suite, cet événement a une nouvelle fois montré son état de santé très inquiétant. Reste à voir s’il pourra faire meilleur effet lors du débat télévisé contre Jiří Drahoš.
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