L’ONG Unhack Democracy affirme que sans les fraudes et anomalies constatées lors du scrutin du 8 avril 2018, le Fidesz n’aurait pas décroché de super-majorité au parlement.
C’était au lendemain de la victoire écrasante du Fidesz qui récoltait 49 % des voix aux élections législatives le 8 avril 2018, et s’attribuait 133 des 200 sièges du parlement. Contre toute attente et à sa propre surprise, le parti de Viktor Orbán reconduisait, pour un siège, sa « supermajorité », une majorité constitutionnelle des deux-tiers qui lui permet de gouverner avec les mains libres.
Des médias de l’opposition rapportaient des anomalies massives : des opérations de transport d’électeurs depuis l’Ukraine, des achats de vote dans les villages les plus pauvres du pays, des annulations de bulletins, etc. Des dizaines de milliers de personnes défilaient dans Budapest à plusieurs reprises pour contester ce résultat et réclamer des recomptages là où il est évident que des fraudes massives avaient été commises.
Forte mobilisation des opposants à Orbán, mais pour quels débouchés ?
L’OSCE, l’organisme européen en charge de la surveillance des élections en Europe, contestait lui-même les conditions dans laquelle s’était déroulée la campagne électorale et le scrutin. « La rhétorique intimidante et xénophobe, les biais médiatiques et le financement opaque des campagnes ont restreint l’espace pour un véritable débat politique » et empêché les électeurs hongrois de « faire un choix en toute connaissance de cause », écrivait l’OSCE dans son rapport.
« Sans les anomalies, le Fidesz n’aurait pas de supermajorité au parlement ».
C’est dans ce contexte que des militants hongrois ont rejoint Unhack Democracy, une « plate-forme anti-nationaliste » nouvellement créée par l’Irlandais Garvan Walshe, ancien conseiller du Parti conservateur britannique. L’ONG a lancé sa première campagne en Hongrie, #TisztaVoks, destinée à faire la lumière sur l’ampleur et l’organisation éventuelle des fraudes.
Un an et demi plus tard, Unhack Democracy a présenté les résultats de ses recherches le 4 décembre, lors d’une conférence au Parlement européen. Sa conclusion est catégorique : « Les résultats des élections de 2018 ne reflètent pas fidèlement la volonté des électeurs. Sans les anomalies, le Fidesz n’aurait pas de supermajorité au parlement ». Zsofia Banuta, chercheuse pour Unhack Democracy, a affirmé à Euronews que leur enquête « révèle un large éventail de fautes professionnelles, d’irrégularités et de fraude pure et simple à travers le pays ». Selon son président Garvan Walshe, l’étude « suggère qu’il ne s’agissait pas de cas isolés mais d’un phénomène national ».
S’il est trop tard pour contester les résultats de 2018, Unhack Democracy a toutefois préconisé l’envoi d’observateurs dans la totalité des 10 286 bureaux de vote du pays, lors des prochaines élections législatives, prévues en 2022. A l’heure actuelle, les partis d’opposition n’ont pas les moyens de placer des observateurs dans tous les bureaux de vote, notamment dans les petites communes rurales.
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