Gergely Karácsony a annoncé, ce samedi matin, sa participation à l’élection primaire qui doit désigner le candidat unique de l’opposition qui défiera le Fidesz de Viktor Orbán en 2022.
C’est depuis le village où il est né et a passé son enfance, Nyírtass, dans le Szabolcs-Szatmár-Bereg, que le maire de Budapest a fait acte de candidature aux élections législatives prévues en avril 2022.
Celui qui dirige la municipalité de Budapest depuis l’automne 2019 a longtemps affirmé qu’il n’avait pas d’ambition nationale autre que servir la capitale, mais les difficultés de gouverner sa ville en raison de la pandémie et des conflits permanents avec le gouvernement Fidesz l’ont conduit à revoir sa position.
Devant une caméra plantée en pleine rue, il s’est exprimé à travers un live Facebook, avec un ton moins assuré qu’à son habitude, évoquant notamment sa « patrie en grand danger » qu’il aimerait « réunifier ». Il ajoute « ne pas vouloir [se] battre pour les 1% de privilégiés, mais pour les 99% qui vivent de différentes manières, sympathisent avec différents partis politiques et vivent au jour le jour » tout en n’oubliant pas d’évoquer sarcastiquement le Premier ministre, en expliquant « ne pas être revenu dans mon village pour y construire un stade de foot ».
Candidat d’une petite alliance entre son parti Dialogue et le parti Socialiste (MSzP) aux élections législatives de 2018, il n’était arrivé qu’en troisième position, obtenant 12 % des votes, loin derrière Viktor Orbán (49%) et Gábor Vona du Jobbik (19%).
Cette fois, six partis vont opposer un candidat unique contre le Fidesz dans chaque circonscription et organiser une primaire cet été pour désigner celui qui devra affronter Viktor Orbán.
Les candidats peuvent s’enregistrer jusqu’à la fin du mois de juillet. Il faut recueillir vingt mille signatures pour concourir au poste de Premier ministre et 400 pour concourir dans une circonscription. Le premier tour de l’élection primaire se déroulera du 18 au 26 septembre et le second tour du 4 au 10 octobre.
Klára Dobrev de la Coalition démocratique (DK), Péter Jakab (Jobbik), András Fekete-Győr (Momentum) et Péter Márki-Zay (indépendant) ont déjà déposé leur candidature au poste de Premier ministre.
De récents sondages indiquent que l’élection à venir pourrait être plus serrée que celles de 2014 et 2018. L’opposition rassemblée fait jeu égal avec le Fidesz dans les intentions de vote, selon plusieurs enquêtes d’opinion.
Interrogé peu après sa victoire à Budapest en octobre 2019 par Le Courrier d’Europe centrale sur son rôle à jouer pour 2022, Gergely Karácsony nous disait : « Je n’aime pas beaucoup cette idée qui consiste à limiter les enjeux de ce scrutin à un tour de chauffe de l’opposition avant 2022. Si l’opposition veut capitaliser sur ces résultats, il faut qu’elle démontre qu’elle fait mieux que le Fidesz à la tête de ces collectivités et surtout qu’elle retrouve la confiance qu’elle a perdu auprès de ses électeurs, dont certains ont encore une mauvaise mémoire de l’expérience de la gauche au pouvoir avant 2010″.