Les instances dirigeantes du football hongrois ont pris des mesures drastiques pour éloigner les Ultras des stades ces dernières années. Relégués à des matchs de 3e division depuis, ces derniers profitent de l’Euro 2016 en France pour prendre leur revanche et montrer leurs muscles.
Ils ne sont que quelques dizaines parmi les quelques dix mille vrais supporteurs qui ont fait le déplacement en France et qui ont assuré une atmosphère délirante dans les gradins à Bordeaux puis de Marseille. Un public «énormissime» qui a «fait résonner le Vélodrome comme rarement», écrit par exemple le site 20 minutes qui se demande même «mais qu’est ce que c’est que ces Hongrois géniaux ?».
Malgré tout, on ne peut pas ne pas voir les photos et les vidéos qui circulent sur internet depuis samedi soir, montrant des supporteurs hongrois aux prises avec les forces de l’ordre dans les gradins du Vélodrome, en marge du match Hongrie-Islande. La publication d’un cliché d’un szurkoló hongrois tout de noir vêtu, faisant le salut nazi, jette une sérieuse ombre sur la réputation du public magyar. La presse hongroise est tout aussi surprise que le reste des médias européens face à ces défilés de crânes rasés et de tatouages de croix gammées. Et pour cause, les Ultras sont personna non grata des stades du pays depuis 2014.
Dans un article publié ce lundi, nos confrères de 444.hu reviennent sur l’histoire indissociable du football hongrois et de ces hooligans, comme le rappelle l’existence des Fradi-Szív du Ferencváros TC dès 1899. Noyés dans les supporteurs d’un football magyar à son Zénith dans les années 1960, les ultras ont gagné en visibilité avec la désertion du public qui a accompagné le long déclin du ballon rond dans le pays. A tel point qu’il ne restait plus au début des années 2000 qu’un noyau dur de supporteurs, plus ou moins proches des milieux d’extrême-droite. Face à des débordements répétés mais aussi sans doute à la pression du Fidesz (le parti au pouvoir) de purger les milieux nationalistes, la Ligue hongroise de football (MLSz) décide en 2014 de conditionner l’octroi des licences aux seuls club capables de gérer leur public, ce qui aboutit à une mise à l’écart des éléments les plus radicaux. Non sans résistance de ces derniers, comme l’illustre la vidéo ci-dessous.
Exclus des stades, réduits à ne pouvoir assister qu’aux matchs de troisième division, beaucoup de ces ultras se détournent même du football. Après plus de 40 ans d’absence du championnat européen, le retour de la Hongrie dans une compétition internationale en cet Euro 2016 est alors l’occasion rêvée pour nombre d’entre eux de réapparaître sur le devant de la scène. Galvanisés par la couverture médiatique de ces matchs de poule et surtout très vexés de ne plus pouvoir se montrer à domicile, nombre d’entre eux ont décidé de faire le voyage jusqu’en France…
Crédit photo : Népszava.hu