La semaine dernière, la police tchèque a arrêté un retraité de 70 ans accusé d’avoir causé deux accidents de trains l’été dernier afin de faire croire en des attaques islamistes. Même s’il n’y a pas eu – comme on dit – mort d’homme, le cas est révélateur des proportions que peut prendre l’hystérie contre l’Islam dans la région.
Le 1er juin, un train heurtait un arbre gisant sur la voie dans la région de Mladá Boleslav (à 60 km au nord-est de Prague). Les policiers constatent alors que l’arbre a été scié et trouvent sur place une note proclamant « qu’Allah est grand », écrite en arabe avec l’alphabet latin. Pour les militants anti-Islam – à l’instar du plus connu d’entre eux Martin Konvička -, l’authenticité du document n’est pas à démontrer, la mince preuve étant la proximité de l’attentat avec un centre de détention pour immigrants illégaux.
Le ministre de l’Intérieur de l’époque Milan Chovanec, pourtant peu connu pour ses positions modérées sur tout ce qui touche aux réfugiés et au terrorisme, avait alors appelé les médias et le public à la retenue. Trop peu trop tard, vu que la machine des réseaux sociaux et des sites conspirationnistes était déjà lancée. Le 28 juillet, un nouvel incident a eu lieu dans la même région, selon le même schéma. À nouveau c’est l’emballement islamophobe qui a pris le pas sur le manque de preuve tangibles. En décembre dernier, les autorités se décident à qualifier ces faits en actes terroristes après de longs mois de piétinement de l’enquête.
L’arrestation d’un homme de 70 ans la semaine dernière semble être la conclusion tragi-comique de toute cette histoire. Il y a peu de détails pour le moment, mais les autorités soulignent qu’il est tchèque et qu’il a commis ces actes afin d’attiser la haine envers l’Islam dans le pays. Il aurait aussi diffusé des faux pamphlets islamistes menaçant la Tchéquie d’attentats terroristes.
Vers la prison à perpétuité ?
Ce vieil homme risque en tout cas la prison à perpétuité. Certes l’histoire peut prêter à sourire, ce que l’on ne manque pas d’ailleurs de faire sur les réseaux sociaux tchèques. Ce qui pourrait passer pour une anecdote est quoi qu’il en soit une preuve de plus que la Tchéquie et ses voisins, sont victimes d’une sérieuse hystérie collective. Les sites conspirationnistes et les médias sociaux s’appuient désormais sur le moindre événement pour alimenter les fantasmes contre l’Islam. La dernière élection présidentielle en janvier a bien montré combien la question des réfugiés – pourtant un non-sujet en Tchéquie – avait considérablement travaillé l’opinion publique.
Il ne s’agit que de la seconde fois qu’un individu est accusé de terrorisme en Tchéquie, après l’énorme fiasco judiciaire qui avait entouré l’arrestation de six anarchistes en avril 2015. Accusés de préparer un attentat sur un train, l’enquête s’est écroulée après la révélation selon laquelle c’était des policiers infiltrés qui avaient tout orchestré. Après une longue période de détention, ils furent néanmoins tous innocentés en septembre dernier.
« L’affaire Őcsény » démontre l’hystérie autour de l’accueil des réfugiés en Hongrie