Le Droit et Justice au pouvoir compte avant tout sur des grands noms et sur la jeunesse aux élections municipales qui auront lieu cet automne, probablement au mois d’octobre. Le défi est grand pour le PiS, un an avant les élections législatives de 2019 : conquérir les grandes villes, fiefs des partis libéraux de l’opposition.
Le procureur de Varsovie
Lorsque le 26 avril, le chef du PiS, Jarosław Kaczyński, a présenté les candidats de la Droite Unie pour les fauteuils des maires des plus grandes villes de Pologne, il est apparu que les élections régionales à venir seraient placées sous le signe de la jeunesse. Selon le projet de Kaczyński, la capitale polonaise tomberait aux mains de Patryk Jaki, actuel vice-ministre de la Justice et plus proche collaborateur du ministre et procureur général Zbigniew Ziobro dans sa campagne contre l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Ses adversaires, d’ailleurs tout aussi jeunes que lui, Rafał Trzaskowski de la Plate-forme civique (PO) et Paweł Rabiej de Nowoczesna (Moderne), lui reproche de « ne pas connaître la ville ». Il est vrai que la vidéo de campagne du candidat du PiS ne joue pas pour lui : on y voit des images de la capitale tchèque Prague, probablement confondues avec le quartier varsovien de Praga… Ce qui a immédiatement fait Patryk Jaki la risée de la toile.
Les enfants de Smoleńsk
Il est intéressant de noter l’attrait du Droit et Justice pour des investitures d’enfants des hommes politiques qui ont trouvé la mort dans la catastrophe de l’avion présidentiel, à Smoleńsk en 2010. Kaczyński parie ainsi à Cracovie sur Małgorzata Wassermann, fille de Zbigniew Wassermann, décédé dans le crash. La candidate est déjà bien connue dans les milieux du PiS et on la voit souvent tenter de mettre au jour des affaires de corruption touchant la Plate-forme civique dans des Commissions d’investigation parlementaires.
Il en va de même dans la ville portuaire de Gdańsk où le patron de la droite mise sur Kacper Płażyński, fils de Maciej Płażyński, président de la Diète jusqu’à sa mort dans l’accident à Smoleńsk. Son actuel maire (PO), Paweł Adamowicz, estime que le nom de son père est le seul atout de son rival. On ne connaîtra le nom du candidat de la Plate-forme civique que dans quelques jours, a fait savoir son chef de groupe parlementaire Sławomir Neumann.
L’ancienne-garde et les aventuriers politiques
Une opposition curieuse se dessine entre les candidats de la Droite unie emmenée par le PiS pour conquérir les mairies de Poznań et Białystok. A Poznań, c’est Tadeusz Zysk qui est en course, un entrepreneur et éditeur de renom, connu tant pour ses publications que pour son engagement dans le mouvement conservateur, mais aussi ami personnel et biographe de Jarosław Kaczyński. Son rival, soutenu par la Plate-forme et Nowoczesna, Jacek Jaśkowiak, reste très populaire dans la ville qui s’est développée sous son premier mandat.
Quant à la ville de Białystok, dans l’est de la Pologne, le candidat du PiS laisse perplexe : Jacek Żalek, plus conséquent dans ses opinions que dans son appartenance politique. Ce conservateur fervent est en effet passé de l’ultraconservatrice Ligue des Familles Polonaises au Droit et Justice après un détour par la case Plate-forme civique. Sous ces étiquettes, il a déjà échoué deux fois contre le maire au pouvoir Tadeusz Truskolaski, lié à la Plate-forme.
Il paraît évident que le Droit et Justice mise dans les élections à venir sur des noms (Jaki, Wassermann, Płażyński, Zysk…) et des visages pour attirer les jeunes : souvent plus attrayants et plus « cool » qu’expérimentés. Une telle campagne permettra-t-elle au Droit et Justice d’étendre son hégémonie aux grandes villes de Pologne ? Ce n’est pas exclu, car de récents sondages indiquent une croissance de la côte de popularité du parti au pouvoir, après la dégringolade des mois de mars et d’avril. L’opposition, elle, mise avant tout sur ses fonctionnaires en place, bien ancrés, connus, et souvent populaires.