Müpa : un concert ce soir autour de Alma Mahler Gropius Werfel

Par Rózsa Mihály

Gustav Klimt, Gustav Mahler, Walter Gropius, Frannz Werfel, Alexander von Zemlinsky, Oskar Kokoschka – voilà la liste non exhaustive de la liste des amants, amis, maris d’une des femmes les plus exceptionnelles du XXe siècle. Peintre, musicienne, actrice et surtout séductrice, Alma Maria Mahler (née Schindler, née à Vienne en 1879, morte à New York en1964), fut successivement l’épouse du compositeur Gustav Mahler, de l’architecte Walter Gropius et du romancier Franz Werfel. Elle connaissait aussi Stravinsky – donc les compositeurs de ce concert sont virtuellement réunis autour de leur muse.

  • Concert de l’Orchestre National Philharmonique de Hongrie
  • Muvészetek Palotája
  • Ce mardi 8 janvier à 19h30

Alexandre von Zemlinsky

Peu connu du grand public vient d’une famille multiculturelle typique de la Mitteleuropa de l’époque, formé en piano, contrepoint et composition dans sa ville natale, dès 1893, il rencontre Brahms, qui l’aide à publier ses premières œuvres, puis, en 1885, un employé de banque, également chef de chœur, dénommé Arnold Schönberg, dont il sera l’unique professeur. Ce dernier épousera en 1901 sa sœur Mathilde. Zemlinsky, pédagogue recherché, comptera également parmi ses élèves Erich Korngold et une certaine Alma Schindler, un moment son amante mais qui deviendra plus tard Madame Mahler. Dans un premier temps, il dirige des opérettes viennoises, un répertoire qu’il n’apprécie guère.

En 1904, il devient un des chefs réguliers du Volksoper de Vienne puis fonde en 1910 avec Schönberg une société de musique contemporaine. De 1911 à 1927, il dirige le théâtre allemand de Prague et la création de sa « Symphonie lyrique » (1924) encore dans la lignée du « Chant de la Terre » de Mahler. Il y dirige aussi les œuvres de Stravinsky, Schœnberg (« Erwartung »), Webern et la première dans cette ville, de la huitième symphonie de Mahler. Ses assistants s’appellent alors Webern, Erich Kleiber ou Georges Szell. Il contribue à forger la tradition mahlérienne de la jeune philharmonie tchèque qu’il dirige régulièrement.

Quand les nazis prennent le pouvoir en 1933, il rejoint Vienne qu’il quittera en 1938 après l’Anschluss pour émigrer aux Etats-Unis dans l’Etat de New York. Zemlinsky mourra dans la misère à Larchmont dans l’état de New York en 1942. Zemlinsky a composé trois?psaumes, le Psaume 83 (1900) qui ne fût créé qu’en 1987, le Psaume 23 op.14 écrit et créé en 1910 et le Psaume 13 op.24 (1935) créé en 1971. Le Psaume 83, écrit à la mort de son père, est une touchante musique possédant un vrai climat même si elle évoque, par moments, Brahms ou Wagner. La partie chorale dominée par les voix d’hommes est d’une écriture encore assez classique.

Direction : Zsolt Hamar

Au programme :

  • Zemlinsky : Psaume 83
  • Mahler : Adiagietto
  • Webern : Concerto pour violon
  • Stravinsky : Le Sacre du Printemps

Gustav Mahler

La Symphonie nº 5 en do dièse mineur de Gustav Mahler a été composée entre 1901 et 1903. La symphonie nº 5 a été créée à Cologne sous la direction du compositeur le 18 octobre 1904. Une hémorragie intestinale presque fatale en février 1901 le confronte à sa propre mort. Plus rien n’est comme avant, un changement radical dans son style, dans sa narration musicale s’impose, mettant fin à sa période « Wunderhorn » et débutant sa période « Rückert » (du nom du cycle de lieder qu’il met en musique cette même année). La marche funèbre (« Trauermarsch ») qui ouvre l’œuvre est donc sa propre marche, résignée, vers la mort. Toutefois, la structure générale de la symphonie, du sombre rythme de marche jusqu’au climax victorieux du choral dans le Rondo-Finale, montre une victoire face à la mort, un renouveau face à la fatalité.

La rencontre puis le mariage avec Alma Schindler pendant la composition de la Symphonie n’y est peut-être pas étrangère : l’Adagietto serait en effet, selon une source de l’entourage du compositeur, une lettre d’amour en musique destinée à Alma (le compositeur n’a cependant laissé aucune note ou lettre permettant de valider cette hypothèse). Mahler nous propose ici une musique tour à tour extatique et exubérante, mais, parfois aussi, calme et apaisante. La Cinquième Symphonie évoque à la fois des mondes romantiques imaginaires et des éruptions cataclysmiques. Par ailleurs, elle contient le mouvement le plus célèbre de toute la musique de Mahler, l’Adagietto rendu populaire par un film (Mort à Venise).

Anton Webern

Il fut aussi l’élève d’Arnold Schönberg. Sous l’influence de ce dernier, il abandonne les fonctions tonales classiques en 1909 et adopte la technique des douze sons (dodécaphonisme) en 1926. Berg a vécu l’essentiel de sa vie à Vienne où, grâce à son indépendance financière, il a consacré sa vie à la musique. Le Concerto à la mémoire d’un ange est un concerto pour violon composé par Alban Berg en 1935. Il est créé à Barcelone de façon posthume le 19 avril  1936, avec Louis Krasner en soliste et Hermann Scherchen à la direction d’orchestre. La mort soudaine le 22 avril 1935 de Manon Gropius, fille d’Alma Mahler et du grand architecte Walter Gropius des suites d’une poliomyélite affecte profondément Alban et Hélène Berg, amis proches d’Alma Mahler et de sa famille. Bouleversé par le décès de « Mutzi », cette jeune fille de 18 ans à peine, Alban Berg envisage de donner à son concerto le caractère d’un requiem à sa mémoire, « à la mémoire d’un ange », et le conduit à composer une œuvre sensible et émouvante. La création de l’œuvre, dédiée à Louis Krasner, eut lieu au festival de la Société internationale pour la musique contemporaine (SIMC), à Barcelone le 9 mars 1936. Webern devait la diriger mais y renonça encore choqué par la mort d’Alban Berg trois mois plus tôt.

Isabelle Faust (née en 1972 à Stuttgart) est une violoniste allemande. Elle reçoit en 1987 un prix au Concours Leopold Mozart à Augsbourg, et remporte le concours Paganini à Gênes en 1993. Elle joue souvent de la musique de chambre avec les pianistes Alexander Melnikov et Ewa Kupiec, avec le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, ou encore la clarinettiste Sharon Kam. Elle joue sur un Stradivarius de 1704 surnommé « La Belle au Bois dormant » mis à sa disposition par la L-Bank Baden-Württemberg. Les compositeurs Thomas Larcher et Michael Jarrell lui ont dédié des œuvres.

Stravinsky

Igor Fiodorovitch Stravinsky (1882 – 1971) est considéré comme l’un des compositeurs les plus influents du XXe siècle. L’œuvre de Stravinsky, qui s’étend sur près de soixante-dix années, se caractérise par sa grande diversité de styles. Le compositeur accéda à la célébrité par la création de trois ballets dont il composa la musique pour les Ballets russes de Diaghilev : L’Oiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et son œuvre maîtresse Le Sacre du printemps (1913) qui eurent un impact considérable sur la façon d’aborder le rythme en musique classique. Dans les années 1920, sa production musicale prit un virage néoclassique et renoua avec des formes traditionnelles (concerto grosso, fugue et symphonie). Dans les années 1950, enfin, Stravinsky explora les possibilités de la musique sérielle. Le Sacre du printemps), sous-titré Tableaux de la Russie païenne en deux parties, est un ballet composé par Igor Stravinsky et chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Sa création au théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913 a provoqué un scandale.

Dans le Sacre, Stravinsky approfondit les éléments déjà expérimentés avec ses deux premiers ballets, L’Oiseau de feu et Petrouchka, soit le rythme et l’harmonie. L’un est constitué d’un dynamisme sans précédent, alors que l’autre repose en partie sur l’utilisation d’agrégats sonores. On considère aujourd’hui la partition de Stravinsky comme une des œuvres les plus importantes du XXe siècle qui a inspiré de nombreux chorégraphes tels que Maurice Béjart, Pina Bausch, Angelin Preljocaj, Martha Graham, Uwe Scholz ou Emanuel Gat, qui en donneront leurs propres versions. Les deux années suivantes, Stravinsky compose très peu de pièces : deux cycles de chants et une brève cantate mystique, Le Roi des étoiles. Cependant, il compose ce qui va devenir probablement son œuvre la plus célèbre et qui lui assurera définitivement une place parmi les compositeurs les plus marquants du XXe siècle. Il s’agit du Sacre du printemps. Sa création, une des plus scandaleuses de l’histoire de la musique, eut lieu le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, sur une chorégraphie de Vaslav Nijinski.

Le compositeur décrit ainsi la représentation dans ses Chroniques de ma vie : « [J’ai] quitté la salle dès les premières mesures du prélude, qui tout de suite soulevèrent des rires et des moqueries. J’en fus révolté. Ces manifestations, d’abord isolées, devinrent bientôt générales et, provoquant d’autre part des contre-manifestations, se transformèrent très vite en un vacarme épouvantable. » Dans le Sacre, Stravinsky approfondit les éléments déjà expérimentés avec ses deux premiers ballets, soit le rythme et l’harmonie. L’un est constitué d’un dynamisme sans précédent, alors que l’autre repose en partie sur l’utilisation d’agrégats sonores Le Sacre du printemps ne comprend pas d’intrigue. « C’est une série de cérémonies de l’ancienne Russie », précise le compositeur dans une interview en 1913.