Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki se rend aujourd’hui à Berlin pour réchauffer les relations entre l’Allemagne et la Pologne, au plus bas depuis la victoire du PiS en 2015.
Mateusz Morawiecki est aujourd’hui en déplacement à Berlin pour rencontrer son homologue, la chancelière allemande Angela Merkel. Selon elle, la Pologne et l’Allemagne partagent la même volonté de coopérer, « bien qu’il existe des différences de vues sur certaines questions ». Comme le rappelle le Premier ministre polonais, « la coopération économique est florissante, la Pologne est l’un des partenaires les plus importants pour l’Allemagne. L’Allemagne est également notre principal partenaire commercial « . Dans un entretien accordé hier au quotidien Dziennik Gazeta Prawna, le vice-ministre polonais aux Affaires étrangères Konrad Szymański, a déclaré que les relations entre les deux pays étaient si bonnes « qu’il n’y avait pas besoin de tournants majeurs ou de perspectives vraiment nouvelles ». Ajoutant : « nos excellentes relations économiques sont construites sur des bases solides, ce qui stabilise nos relations politiques même lorsqu’il y a des différences d’opinion ça et là ».
Autre signe d’apaisement : un message vidéo diffusé par la chancellerie allemande le 10 février dernier, dans lequel Angela Merkel est venue soulager Varsovie de la polémique mémorielle au sujet de la participation de la « nation polonaise » au génocide juif. « Sans intervenir directement dans la législation polonaise, je voudrais dire ce qui suit en tant que chancelière allemande : nous, en tant qu’Allemands, sommes responsables des événements qui ont eu lieu pendant l’Holocauste, la Shoah, sous le national-socialisme », a-t-elle ainsi déclaré.
De nombreux sujets de désaccord
Ces déclarations conciliantes de part et d’autre ne doivent pourtant pas faire oublier les nombreux (et réels) contentieux qui existent entre Berlin et Varsovie. L’Allemagne exige par exemple que la Pologne soit solidaire au sujet de l’admission des réfugiés, à laquelle le gouvernement polonais est farouchement opposé. Les autorités allemandes -comme la plupart des pays de l’Union européenne – sont également préoccupées par des réformes qui fragiliseraient l’indépendance de la justice en Pologne. Un non-sujet pour Varsovie, qui estime que l’équilibre des pouvoirs n’est pas menacé.
Le projet de gazoduc Nordstream 2 constitue une autre pomme de discorde entre les deux capitales. Alors que Berlin et Moscou souhaitent procéder à l’approvisionnement de gaz russe via une conduite sous-marine en mer Baltique, Varsovie considère qu’un tel chantier « renforcerait davantage la position de négociation de Gazprom, qui jouit déjà d’un position dominante en ce qui concerne la transmission de gaz à la Pologne ».
Dernier litige entre les deux pays : la question des réparations économiques liées à la Seconde guerre mondiale. Le gouvernement polonais estime que les victimes de l’occupation allemande n’ont pas été dûment indemnisées. Dans un récent entretien, Mateusz Morawiecki s’est emporté face au journaliste de Die Welt qui l’interrogeait : « Savez-vous quelle part d’indemnisation les citoyens polonais ont-ils reçu pour le travail forcé et les expérimentations médicales ? Un pour cent ! Alors que le pays a souffert plus que la France par exemple, qui a collaboré avec le Troisième Reich sous le régime de Vichy. »