Présider le Conseil de l’Union européenne peut parfois être inconfortable, voire dangereux.
Ainsi, lorsque la semaine dernière, l’ambassadeur de Hongrie à Tripoli, Béla Marton, à été convoqué par le Raïs, je me demande bien quels furent ses sentiments ? Bien sûr il ne fut pas le seul à être tancé par Kadhafi qui espère toujours que son action anti-immigration le protégera des velléités démocratiques des pays de l’Union. Mais pour combien de temps encore ? On l’a vu, au sein de l’Union, les politiques étrangères des uns et des autres se croisent mais ne se rencontrent guère. Ainsi, rappelons le voyage de Viktor Orbán en Egypte, quelques jours seulement avant la fuite du président Moubarak. Pas plus inspiré que ces collègues français, le Premier ministre hongrois se fait prendre la main dans le sac à essayer de vendre le savoir-faire de son pays et à glorifier leurs excllentes relations mutuelles en pleine révolution sociale et politique. On savait déjà que le chef du gouvernement hongrois n’était pas bien conseillé mais alors là, chapeau ! Quand la Hongrie pourra-t-elle enfin se vanter d’une vraie diplomatie ?
Serons-nous les témoins d’autant d’incapacité en ce qui concerne la politique européenne de Défense? C’est ce que nous saurons en fin de semaine puisque les ministres de la Défense des différents Etats membres se retrouveront en Hongrie pour traiter du sujet. A la lecture du programme, la question sur les événements du Maghreb et du Mashrek sera soigneusement évitée. Cela ne veut pas pour autant dire que l’Afrique soit ignorée. Non, la Corne d’Afrique, et plus particulièrement la question de la piraterie au large des côtes somaliennes est prévue à l’ordre du jour avec en exergue le traitement judiciaire des pirates et la formation des forces de sécurité locales – en espérant que celles-ci ne soient pas plus tard utilisées contre des manifestants politiques et pacifiques -. La sécurité au Sahel sera aussi traitée, encore et toujours sous les feux de l’actualité suite à l’enlèvement récent d’une Italienne.
Mais là aussi, ne nous y trompons pas, les limites de la politique européenne en matière de sécurité seront vite atteintes. Faute, sinon de volonté, de moyens. Il n’y a que la Hongrie pour avoir osé augmenter son budget militaire de 9% en ces temps de récession économique. Les déficits budgétaires ont imposé des restrictions qui ont évidemment atteint la Défense et qui va obliger les Etats de l’Union, soit à travailler ensemble, soit à accepter que là aussi, Bruxelles perde du terrain sur la scène internationale. Le cas bosniaque et la mission Althea menée par différents corps d’armée européens illustre parfaitement la situation et sera d’ailleurs sujet de discussion en cette fin de semaine pour les ministres lors du Conseil informel à Gödöllő.
Le maître mot devra donc être collaboration. Collaboration non seulement entre pays membres mais aussi avec l’Otan et l’Onu ou pour utiliser une expression anglo-saxonne : pooling and sharing. Pour autant, il faudra tout d’abord que tous se mettent d’accord dans le nouveau contexte institutionnel mis en place dans le cadre du traité de Lisbonne. Une partie des conférences de cette fin de semaine sera placée sous l’autorité de la Haute représentante de l’Union. Cathy Ashton ne nous a pas pour l’heure impressionné, dans le cadre de ses fonctions pour les Affaires étrangères, s’en sortira-t-elle mieux avec la politique de sécurité ? Rien n’est moins sur. Ainsi, face à la crise libyenne nombre de pays européens et autres, mais tous membres de l’Otan ont envoyé des navires de guerre pour soit rapatrier leurs ressortissants, soit empêcher un afflux d’émigrants, mais sous l’autorité d’aucune décision européenne commune. C’est ainsi que plus d’une dizaine de frégates, de destroyers, de navire d’écoute et de soutien nationaux naviguent en Méditerrannée aux limites des eaux territoriales libyennes. Le pooling and sharing n’est manifestement pas pour demain.
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