La loi sur les médias a été votée. Le parlement hongrois a adopté cette nuit, à 256 voix contre 87, le dernier volet d’une vaste réforme du secteur médiatique destinée à placer la liberté de parole des médias sous le contrôle de l’Etat.
248 députés de la majorité Fidesz-Kdnp ont voté en faveur du texte. L’opposition (MSZP, Jobbik et LMP) a très majoritairement voté contre et 16 députés socialistes se sont abstenus.
La liberté de la presse, 1990 – 2011
Deux députés du LMP, Gabor Schering et Rébecca Szabó, ont brandi une bannière dans le parlement au moment du vote sur laquelle on pouvait lire : « A magyar sajtószabadság élt 21 évet » (La liberté de la presse a vécu 21 ans en Hongrie).
Cette loi extrêmement critiquée, en Hongrie et à l’étranger, entrera en application dès le 1er janvier 2011. Au centre des controverses, la possibilité de condamner les médias à de lourdes amendes pour tout contenu jugé « déséquilibrée » ou « portant atteinte à la dignité humaine », et l’obligation pour les journalistes travaillant sur des sujets sensibles de révéler leurs sources.
« Trois pékins » qui militent pour la liberté des médias
A titre parfaitement anecdotique, quelques centaines de personnes se sont réunies lundi soir face sur les lieux historiques de la révolution de 56, face à Magyar TV à Szabadsag tér, pour dénoncer la « fin de la liberté de la presse en Hongrie ». Réunis pour la plupart via le réseau social Facebook, ces manifestants, souvent étudiants, se sont mutuellement bâillonnés devant les caméras pour symboliser l’atteinte portée par le gouvernement à la liberté de parole des journalistes. Leurs quelques pancartes griffonnées à la hâte et leurs sifflets n’ont vraisemblablement pas été suffisants pour déstabiliser les députés qui votaient à quelques centaines de mètres de là.
On était donc très loin de la révolution de 1848 durant laquelle la liberté de la presse avait été l’une des revendications principales du peuple hongrois. Ceux qui n’étaient pas présents sur la place de la liberté lundi soir pourront toujours prétexter la neige et le froid, pourtant moins intense que ces derniers jours, qui régnait sur la capitale hongroise en ce jour historique.
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