Il aura fallu attendre 30 ans pour voir l’équipe nationale hongroise se qualifier pour une compétition internationale de football. Dimanche soir, les Magyars ont vaincu le signe indien. Ils ont validé leur ticket pour l’Euro 2016 en sortant à deux reprises vainqueurs (1-0 à Oslo, 2-1 à Budapest) des matchs de barrage qui les opposaient à la Norvège. Une qualification pour le moins inattendue qui s’apparente presque à un miracle pour la plupart des supporteurs de la Hongrie.
A première vue, les débats entre la Hongrie et la Norvège s’annonçaient assez équilibrés. La mission administrée aux Hongrois de vaincre les Nordiques, poussifs durant les matchs de qualifications, ne ressemblait pas à quelque chose de fondamentalement impossible. Pourtant, ils étaient peu nombreux avant le match aller, jeudi dernier, à Oslo, à croire en la qualification de leur équipe favorite. Malgré la victoire hongroise 1 à 0, ils n’avaient toujours pas l’air très rassurés, dimanche soir, à 20h45, à l’heure à laquelle la Hongrie a débuté son match retour à la Groupama Arena de Budapest. « IIs », ce sont les supporteurs magyars, qui, d’année en année et au fil des désillusions, avaient totalement perdu l’espérance de voir leur équipe nationale se qualifier pour une grande compétition de football.
L’une de leurs plus grandes déceptions a eu lieu contre la Yougoslavie en 1997 dans un match directement qualificatif pour la phase finale de la coupe du monde 1998. Encaisser 7 buts dans un match tant attendu par toute un peuple n’est pas une juste une spécificité brésilienne. Les Hongrois en savent quelque chose. Comme le Brésil contre l’Allemagne, la Hongrie avait subi un 7 à 1 pour le moins humiliant. Le genre de fessée qui laisse des traces.
Des lendemains de victoires, les supporteurs magyars en ont déjà vécus quelques-uns ces dernières années. Mais toujours pour du beurre. Des lendemains de qualification pendant lesquels le réveil est à la fois douloureux et euphoriques, ils ne sont plus très nombreux à en avoir connus dans les « kocsmák » du pays. Imaginez un peu! La dernière participation de la Hongrie à une Coupe du Monde remonte à 1986. L’ultime trace laissée par une équipe magyare lors d’un Euro date de… 1972! Une éternité. Le pessimisme ambiant des hongrois ne vient certainement pas de nul part.
Des valeurs de solidarité, une part de chance…
Lors de cette double confrontation entre la Hongrie et la Norvège, le match aller a sensiblement ressemblé au retour. Une équipe qui attaque très maladroitement : la Norvège et une autre qui défend plutôt bien et place quelques contres : la Hongrie. A ce petit jeu, ce sont les Magyars qui ont remporté la mise, non pas en proposant un jeu flamboyant mais en montrant des valeurs qu’on ne leur reconnaissait guère ces dernières temps : de la solidarité, de la rigueur, du réalisme.
En plus, la Hongrie a bénéficié d’une part de chance pendant ces rencontres. Les joueurs norvégiens ont, en effet, touché à 2 reprises les montants du but d’un Gábor Király alors totalement battu. Si ces poteaux s’étaient transformés en buts, le vainqueur de cette double confrontation n’aurait peut-être pas été le même. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est bien connu, la chance en football est toujours présente chez les grandes équipes. La chance. Un mot qui avait sensiblement disparu du vocabulaire des nombreux fans magyars. Pendant toutes ces années de galère, ces derniers n’ont pourtant jamais cessé d’être derrière leur équipe nationale. Malgré les défaites et les désillusions. Et dimanche soir, la roue a enfin tourné.
… et du talent pour une qualification méritée !
Solidaires comme jamais – vraisemblablement marqués et révoltés par la mort de l’un de leurs anciens coéquipiers, le gardien de but Márton Fülöp, décédé des suites d’un cancer le jour de la première confrontation contre la Norvège – les joueurs hongrois n’ont pas juste gagné grâce à leur bonne organisation. Ils ont aussi fait preuve de talent. En témoigne, le but de Tamás Priskin qui, d’une magnifique frappe à la 14eme minute, a fait lever l’ensemble des supporteurs hongrois de la Groupama Arena. Le plus talentueux demeure sans doute, Balázs Dzsudzsák, la star de l’équipe qui aurait tellement mérité de marquer le but du 2-0 devant son public. Ce but de la délivrance est finalement arrivé à la 83ème minute du match. Il fut l’œuvre – tout un symbole de la poisse nordique – d’Henriksen… contre son propre camps! 4 minutes plus tard, le défenseur norvégien se rattrapait et marquait cette fois-ci dans les bonnes cages. Mais c’était trop tard pour transformer le dimanche le plus festif de l’année à Budapest en un « szomorú vasárnap ». L’équipe de Hongrie a enfin vaincu ses vieux démons. Ses supporteurs peuvent respirer. Les Hongrois seront bien présents à l’Euro en France, en juin prochain !
https://www.youtube.com/watch?v=589PM_yM9i4&feature=youtu.be&a