La France au Festival de Printemps de Budapest (4) : la chanteuse Patricia Petibon

Patricia Petibon, crédit : Müpa

La soprano française mondialement connue chantera Britten et Purcell ce soir au Műpa. Pour faire sa connaissance, nous vous proposons un florilège de ses déclarations en interviews, publiées dans différents journaux tels que Le Monde, Le Figaro, Libération ou encore aufeminin.com

Patricia Petibon à propos de son enfance„Le contraire d’une petite fille à problèmes. J’ai demandé à faire du piano à 4 ans. Je n’étais pas bonne en solfège. La théorie me barbait mais chercher le pourquoi du comment était déjà une obsession. Alors je bossais. Mes parents m’avaient emmenée voir l’Auberge du Cheval blanc. Ils travaillaient tous deux à l’Education nationale, mais du côté de ma mère, il y avait eu beaucoup d’artistes.”

Les liens entre sa vie personnelle et ses interprétations : „Tout dépend du personnage. On se nourrit toujours de ce que l’on est, car c’est un acquis. Personnellement je travaille beaucoup l’émotion, car c’est très intéressant d’un point du vue musical. On va chercher l’émotion profonde pour qu’elle devienne instantanée. Encore une fois, cela ressemble beaucoup à ce que font les acteurs. Mais en chant on a un élément supplémentaire : la musique, et on doit composer avec. Il faut également observer ce qu’il se passe quand on ne chante pas. On va jouer avec la musique et le corps, l’interprétation va se nourrir des émotions du corps. Cela vient d’un sentiment, d’une émotion pure, car on cherche la pureté. Ce n’est pas forcément évident, ça se travaille et cela crée une spontanéité du moment. On redécouvre des émotions, nos émotions vraies.

Son évolution vocale :„J’utilise parfois ma voix de façon non académique, mais dans ce métier, l’individualité est primordiale. Je l’ai compris dès le Conservatoire de Paris, où j’étudiais dans la classe de Rachel Yakar, vraie école de liberté. Je me disais, c’est bien d’écouter son professeur, mais moi, où suis-je?  J’ai pris conscience que la voix touche parfois les gens sans qu’on sache jusqu’où. Le chanteur peut provoquer la haine, la jalousie, la passion. L’important est de suivre son chemin. Cela aussi, Nikolaus Harnoncourt me l’a inculqué. J’ai toujours obéi à ma voix et à mon instinct, préparant mon « mental » de chanteuse. C’est lui qui vous fait trouver l’équilibre. Le chant est une discipline si complexe. C’est pourquoi j’ai agi par étapes, de façon méthodique et homéopathique. Il fallait compartimenter les efforts. La curiosité et l’envie de sortir des sentiers battus m’ont d’abord fait commencer dans le répertoire baroque, chez William Christie, qui est comme mon père adoptif. Puis j’ai choisi mes rôles, un à un, refusant certain (comme Despina ou Suzanne), car j’en avais une idée très précise et attendais d’être plus mûre. Disons que pour construire mon puzzle vocal, je me suis développée de façon douce, lente, comme un escargot.

Son travail sur scène : « C’est très violent la scène. Vous êtes dans les coulisses avec la sensation d’un vide. Vous vous posez des questions : Qu’est-ce que la voix ? Comment fait-on un son ? Et puis vous entrez sur le plateau et là, le plein vous submerge. Je ne suis pas à la recherche des canons esthétiques. A l’époque du Botox et du physique parfait, c’est beaucoup plus intéressant de montrer les rides. Y compris celles de la voix. Je suis interprète donc il est vrai que je ne compose pas, cela n’est pas mon rôle. Cependant, il est très intéressant dans mon travail d’avoir un imaginaire particulièrement actif autour de l’interprétation. Il ne s’agit pas de jouer au perroquet. Je fais un vrai travail d’interprétation, il faut donc creuser dans l’interprétation et dans la créativité.”

Son personnage : „Mieux vaut laisser l’ego de côté. C’est un travail d’équipe qu’il faut vivre au présent, avec le public et le chef, qui doit nous conduire tout en étant en symbiose avec nous, car tout est mouvement dans la musique, on ne peut se reposer sur des acquis, il faut pouvoir entrer dans des dimensions inconnues, en se laissant guider par des doutes bien plus que des certitudes De la même façon qu’un metteur en scène vous aide à découvrir de nouvelles choses sur votre rôle, tout en respectant votre personnalité ».

Morceaux choisis par Mihály Rózsa

Patricia Petibon au Művészetek Palotája lundi 1er avril à 19.30, accompagnée du Münchener Kammerorchester

Au programme : Œuvres de Mendelssohn, Britten, Verdi et Purcell

1 Comment
  1. Décidément, ils ne lésinent a Paris pas pour nous envoyer ce qu’ils ont de mieux!
    Une chanteuse tout aussi remarquable vocalement que par sa présence sur scene. Cf. sa vivante, insolente et spirituelle Blondine de l’Enlevement au Sérail (mais aussi toute en finesse).
    Et en plus, cerise sur le gateau, une qui ne se prend pas au sérieux !
    Je suis curieux de savoir l’accueil qui lui aura été réservé.

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