Après de Gaulle, Churchill ou bien l’ex-président tchèque Václav Klaus, Mirek Topolánek rejoint lui aussi les rangs des hommes d’État ayant lancé leur propre carrière littéraire.
Ceux qui connaissent l’âme frêle de l’ex-premier ministre tchèque – le seul qui a été destitué au parlement, en 2009 – ne s’étonneront guère du titre poétique qu’il avait choisi pour son premier livre : Il ne faut pas chier dans sa culotte (Hlavně se neposrat, Euromedia 2016).
Topolánek fut censé s’inspirer d’une citation que les Tchèques prêtent à Charles Bukowski : Le monde appartient à ceux qui ne chient pas dans leur culotte. Pour être objectifs, nous devons admettre que l’auteur du Journal d’un vieux dégueulasse ne fait point l’ombre à l’ex-premier ministre tchèque. Qui a été pris en photo sur la terrasse d’une résidence du chef du gouvernement italien en exercice (Berlusconi), exposant son « engin viril » en compagnie de jeunes filles dénudées ? Non, ce n’était pas Bukowski !
Par ailleurs, il n’est pas exagéré de dire que tout le monde s’intéresse au premier livre de Topolánek. Il n’y a pas que les critiques littéraires de renom qui l’analysent, mot par mot, mais aussi la Police tchèque. C’est son passage sur l’élection présidentielle de 2008, remportée au troisième tour d’une seule voix par Václav Klaus (et suite à laquelle les parlementaires avaient préféré changer le mode de scrutin en direct), qui séduit le plus les enquêteurs. Dans son style inimitable, notre auteur écrit : « Le but a été atteint. Je ne me sentais pas hyper bien… Pour conclure, je ne peux pas m’abstenir d’une petite phrase assassine : Milan, est-ce que tu vas rendre tout cet argent ? »
Les investigateurs tchèques voudraient dénicher qui est ce Milan. Ils parlent de la corruption… Permettez-moi de rire ! Ces flics ont-ils jamais entendu parler d’une métaphore ? Celui qui a un rien de sensibilité littéraire doit comprendre que cette phrase n’est qu’une allusion subtile à la gloire imméritée de Milan Kundera.
En quoi consiste la particularité du style de Mirek Topolánek ? Dans sa fibre poétique… en fait, les écrivains tchèques ne possèdent pas de fibre, mais bel et bien un « intestin poétique ». C’est à cause de son intestin (trop) poétique que l’auteur en question a fini par faire caca dans sa culotte… À la différence de Charles Bukowski ou de son héritier Topolánek, je n’ai pas le droit de sortir ce mot commençant par un « c » et qui n’est réservé qu’aux grands.