Ice Mother, du réalisateur tchèque Bohdan Sláma est sorti mercredi dernier en France. Entretien avec Pascal Caucheteux et Nadège Le Breton, directeur et responsable de la distribution chez Why not productions.
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Ice Mother, du réalisateur tchèque Bohdan Sláma est sorti mercredi dernier en France. Le réalisateur signe ici un sixième film réussi qui vient confirmer ses précédents succès. Something like Happiness sorti en 2007 avait été primé entre autre aux festivals de San Sebastian, Angers, Athènes et Montréal. Ce nouveau film, coproduit avec la France a été primé au festival de Tribeca dans la catégorie du meilleur scénario, et récemment a été décoré de la mention au festival Etoiles et Toiles du Cinéma européen de Strasbourg. Bohdan Sláma n’est pas inconnu du public français qui a déjà pu voir trois de ses films (Les Abeilles Sauvages, Something like Happiness et Country Teatcher) et sa dernière réalisation pourrait l’amener encore plus loin. Pourtant habituellement critiques des films est-européens, les médias ont été largement séduit: « beau film sensible sur la difficulté de (dé)nouer les liens du cœur et les liens du sang, (qui) surprend jusqu’au bout » pour Télérama, ou encore « un film intergénérationnel porté par des acteurs aussi formidables qu’attachants » chez Ouest France. Fière de ce succès, il représentera la République Tchèque lors de la prochaine compétition des Oscars.
Ice Mother est coproduit par la société française Why Not productions, créée en 1990 par Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat. Why Not soutient également des réalisateurs tels que Mathieu Amalric, Jacques Audiard, Christophe Honoré, Ken Loach, Pablo Larrain, Cristian Mungiu et bien d’autres. A l’occasion de la sortie d’Ice Mother nous avons posé quelques questions à son directeur Pascal Caucheteux et Nadège Le Breton, responsable de la distribution.
Pourquoi avez-vous choisi de distribuer ce film ? Qu’est-ce qui vous a décidé à le faire ?
Why Not a coproduit Ice Mother, de Bohdan Sláma. Quand s’est posée la question de la distribution en France, nous avons choisi de nous en charger nous-mêmes, plutôt que de le vendre à un distributeur. L’activité principale de Why Not est la production de films, mais nous avons une petite activité de distribution . Le film nous plaisait beaucoup, il est touchant, drôle, il aborde toute une variété de sujets : la relation mère-fils, le rapport grands-parents/petits-enfants, les bouleversements que peut provoquer une simple rencontre, les choix d’éducation…
Vous coproduisez Bohdan Sláma depuis son film Country Teacher (Venkovský ucitel, 2008). Qu’est-ce qui vous y motive ?
Nous avons découvert le travail de Bohdan avec son film précédent : Something Like Happiness (Štěstí, 2005), qui nous a vraiment touché. Le film était déjà terminé et nous avons assuré sa distribution en France. Par la suite, nous nous sommes engagés auprès de Negativ, la société tchèque qui produit les films de Bohdan, pour coproduire Country Teacher puis Ice Mother. En production, nous sommes plutôt fidèles aux réalisateurs avec qui nous travaillons (Arnaud Desplechin et Bruno Podalydès depuis leurs débuts, Jacques Audiard depuis De battre mon cœur s’est arrêté (2005), Xavier Beauvois le temps de plusieurs films, etc.)
Avez-vous distribué d’autres films hongrois, polonais, tchèque ou slovaque ? Comment cela s’est-il passé ?
Non, à part Something Like Happiness, nous n’avons pas eu l’occasion de distribuer d’autres films des pays que vous citez… Pour autant, les films de notre catalogue proviennent de nombreux pays ! Australie (Samson & Delilah), Thaïlande (Blissfully Yours), Allemagne (Everyone Else), Grande-Bretagne (L’Esprit de 45), États-Unis (Somebody Up There Likes Me, The Look of Silence et Into the Abyss), France (Of Men and War) etc.
Quelle perspective, selon vous, pour les films originaires de ces pays ou des pays de l’Europe de l’Est plus largement, pour être distribués et surtout vus par les spectateurs français ? Avez-vous prévu des stratégies de promotion particulières pour toucher un public plus large avec ce film ?
Ce n’est pas facile de sortir des « petits » films comme Ice Mother, qui ont leurs qualités mais dont le réalisateur, les acteurs sont inconnus du public français. Nous n’avons pas voulu pour autant axer notre stratégie de distribution sur le pays d’origine du film, mais plutôt sur les thématiques universelles qui le traversent (la famille, l’amour passé un certain âge, …). La quantité de films qui sort chaque semaine est phénoménale, sans compter les classiques qui ressortent en version restaurée, les séances d’opéra au cinéma, etc ! Dans ce contexte, difficile de se faire entendre auprès des salles pour les convaincre de programmer nos films, et difficile également de toucher le public quand le budget est restreint et ne permet pas l’achat d’espaces publicitaires… Mais nous comptons sur le bouche-à-oreille et les critiques de la presse, qui sont très bienveillantes envers Ice Mother !
https://courrierdeuropecentrale.fr/evenement/sortie-francaise-de-ice-mother-de-bohdan-slama/