Triste record en Tchéquie, où plus de 25 000 personnes sont mortes du Covid-19. Les activistes de l’association Milion chvilek pro demokracii ont peint 25 000 croix sur le sol de la place de la Vieille Ville pour commémorer les victimes. Notre journaliste André Kapsas s’est rendu place, il nous livre ses impressions et son témoignage.
(Prague, correspondance) – Sur la place de la Vieille Ville de Prague, les petites croix dessinées au petit matin lundi par les activistes antigouvernementaux sont devenues des tombes, un mémorial pour pleurer ses morts. Les habitants viennent apposer à l’une de ces vingt-cinq mille croix le nom d’un parent proche tombé lors de l’épidémie, qui a ravagé la Tchéquie plus que tout autre pays du monde.
Une grand-mère invite ses petits-enfants à prier près de la Colonne de la Vierge au milieu de la place. Un vieil homme écrit à la craie le nom d’un parent et laisse des fleurs et une bougie sur les pavés. D’autres se recueillent au-dessus d’une autre de ces petites croix. Le sol est jonché de bougies et de fleurs. “Tante Marcela”, “Grand-mère 9.12.20”, “Mon frère Franta”, peut on lire sur les pavés ça et là. Plus loin, “Grand-mère” et “Papa” sont liés par deux flèches, marquant le double deuil d’une famille.
Sur cette place qui croule habituellement sous l’afflux de touristes, les chiffres de l’épidémie sont devenus des symboles, qui eux sont devenus des visages. L’émotion me prend à la gorge devant cette marée de petites croix, de bougies, de fleurs, de noms.