Culture : Un week-end de musique classique à l’Institut Culturel Italien de Budapest

Gábor Takács-Nagy, qui dirige le Budapest Festival Orchestra (BFZ) a choisi de rendre hommage à deux „vieux” et deux „jeunes” compositeurs ce week-end (le 31 janvier, le 1er et le 2 février à 19h45) à l’Institut Culturel Italien de Budapest (Budapest, VIII. Bródy Sándor u. 8.). Les solistes seront Dávid Báll, Ákos Ács et Ákos Pápai. Au programme : Joseph Haydn (Symphonie nº 94 en sol majeur), César Franck (Variations symphoniques), Félix Mendelssohn-Bartholdy (Pièce de Concert no. 1 pour clarinette, cor de basset et orchestre en fa mineur) et Robert Schumann (Symphonie no 1 en si bémol majeur).

La Symphonie nº 94 en sol majeur, « La Surprise » de Joseph Haydn (mort à 77 ans) a été composée en mars 1792. Elle est la deuxième des douze symphonies dites « londoniennes ». L’auditoire avait été particulièrement frappé par un soudain coup de timbale, dans le deuxième mouvement. C’est de là que lui vient son surnom. Au lendemain de la création, un critique a dit : «  La surprise qu’il contient peut être comparée à celle ressentie par une belle bergère que le murmure éloigné d’une cascade aurait endormie et qu’un coup de fusil tiré par un chasseur réveille en sursaut ». Lors de la création, Joseph Haydn dirige l’orchestre au pianoforte.

Haydn, un ringard ? Au contraire ! L’auditeur novice en musique classique risque de se faire une fausse image des œuvres de Joseph Haydn, compositeur novateur et facétieux en réalité. L’illustration très connue de ce compositeur, portant une perruque à boucles, donne l’image d’un intellectuel très sage. Cette réputation provient également du fait qu’il ait inventé les règles de composition de la symphonie (il en a écrit 108, bien sûr plus courtes que celles de Mozart ou que celles de Beethoven) et du quatuor (il en a écrit 83), règles encore en vigueur longtemps après lui. Il a reçu d’ailleurs le surnom de père de la symphonie et du quatuor à cordes. Et pour le situer parmi d’autres musiciens, il est né en 1732, 24 ans avant Mozart, et mort en 1809, soit 18 ans après lui.

Le compositeur francais d’origine belge César Franck (mort à 68 ans) a écrit les Variations symphoniques pour piano et orchestre en 1886.
Robert Schumann (mort à 46 ans) a composé la Symphonie n° 1 en si bémol majeur op. 38 (surnommée « Le Printemps ») en 1841, un an après son mariage avec Clara Wieck et la naissance de sa première fille. Elle est contemporaine de son concerto pour piano en la mineur. Il n’avait jusque là écrit des œuvres que pour le piano (23 premiers numéros d’opus) et pour voix. Elle a été composée en moins de trois semaines, fin janvier 1841. C’est le témoin d’un certain degré d’euphorie, sous la pression de sa femme qui le souhaitait voir aborder le genre symphonique. Le titre aurait été inspiré par un poème de Boettger. La partition initiale comprenait des sous titres pour chaque mouvement (respectivement « éveil du printemps », « soir », « joyeux compagnons » et « adieux au printemps ») mais qui ont été retirés par le compositeur dans l’édition finale, probablement pour ne pas trop influencer l’auditeur. La création a été faite sous la direction de Felix Mendelssohn Bartholdy à Leipzig le 31 mars 1841. Cette œuvre a inspiré la naissance du film „La Symphonie du Printemps” de Peter Schamoni avec Nastassja Kinski en 1982.

Félix Mendelssohn-Bartholdy (mort à 38 ans) crée la Pièce de Concert no. 1 pour clarinette, cor de basset et orchestre en fa mineur en 1833. Cette année il n’obtient pas la direction de la Singakademie de Berlin et refuse le poste d’assistant. Il est engagé comme directeur de la musique à Düsseldorf. Il fait encore un voyage à Londres en compagnie de son père, avant de prendre son poste le 1er octobre 1833. Insatisfait, on lui offre la possibilité de prendre la direction de l’Opéra de Munich ou à Leipzig, celles de la Gewandhaus et de la Thomasschule. Il saisit l’opportunité à Leipzig. Il organise chaque année 20 concerts, dans lesquels il programme ses propres oeuvres, celles des contemporains et des classiques viennois.

Repères sur le Chef d’Orchestre Gábor Takács-Nagy

Gábor Takács-Nagy est quant à lui né à Budapest, où il commence à jouer du violon dès l’âge de huit ans. Encore étudiant à l’Académie Franz Liszt, il gagne en 1979 le premier prix du Concours de violon Jeno Hubay. Par la suite, il suit des cours de violon avec Nathan Milstein.  De 1975 à 1992, il est membre fondateur et premier violon du célèbre Quatuor Takács, lequel remporte très rapidement les premiers prix des concours principaux de quatuor-à-cordes : Evian en 1977 et Portsmouth en 1979. Au sein du Quatuor Takács, il collabore avec Sir Georg Solti, Lord Menuhin, Isaac Stern, Mstislav Rostropovitch, András Schiff, James Galway, Paul Tortelier, Mikhail Pletnev, Joshua Bell, Gidon Kremer et Miklós Perényi. Le Quatuor Takács a réalisé de très nombreux enregistrements pour Decca et Hungaroton. Depuis 1997, Gábor Takács-Nagy est professeur de quatuor-à-cordes à la Haute Ecole de Musique de Genève. Il donne aussi des “master classes” dans de nombreuses académies internationales. En août 2007, il est nommé Directeur Musical du Verbier Festival Chamber Orchestra et collabore avec Martha Argerich, Joshua Bell, Jean-Yves Thibaudet, Emmanuel Ax, Frederica von Stade, et Angelika Kirschschlager pour ne citer qu’eux. A partir de septembre 2010 il prend le poste de Directeur Artistique de l’Orchestre Symphonique MAV Budapest, dès septembre 2011 il est également Directeur Artistique de la Manchester Camerata. Gábor Takács-Nagy est nommé en 2012 Chef d’Orchestre Invité Permanent de Budapest Festival Orchestra.

Rózsa Mihály