Le Budapest Festival Orchestra joue ce soir et demain soir Le merveilleux mandarin et le Château de Barbe-Bleue, de Béla Bartók, au Müpa.
Deux histoires sur le désir, la séduction et la mort, sous la direction d’Iván Fischer, avec Andrea Szántó (mezzosoprano) et Béla Perencz (baryton).
Si vous voulez vraiment connaître les chefs-d’œuvre de la culture hongroise, n’hésitez pas à essayer de trouver des billets pour le spectacle exceptionnel du Budapest Festival Orchestra. Les musiciens ainsi que des chanteurs présentent deux pièces du plus grand compositeur hongrois, Béla Bartók.
La première, Le merveilleux mandarin – une pantomime, en fait un ballet – raconte une histoire de fille perdue, que trois petits malfrats poussent à séduire le chaland pour mieux le dépouiller, et dont l’une des victimes, le fameux Mandarin, s’amourachera jusqu’à s’y perdre corps et âme. Créé entre 1918-1924, montée à Cologne en 1926, l’œuvre a créé l’un des plus grands scandales culturels européens.
Composée en 1911, l’unique opéra de Bartók, Le Château de Barbe-Bleue avait été présenté à l’Opéra de Budapest en 1918.
Ayant délaissé son fiancé et quitté ses parents, Judith arrive dans la demeure de son nouveau mari, le duc Barbe-Bleue, dont elle est la quatrième épouse. Elle lui demande l’accès à toutes les portes du château, pour, dit-elle, y faire entrer la lumière.
Barbe-Bleue, d’abord réticent, cède au nom de l’amour, mais la septième porte fait l’objet d’un interdit particulier que Judith va transgresser au prix de sa déchéance, elle trouvera derrière celle-ci les femmes disparues de Barbe-Bleue encore en vie. Les portes que Judith veut absolument voir ouvertes sont celles de la psyché de son mari fraîchement épousé, celles de son jardin secret et de son placard (où moisissent non pas un, mais trois cadavres : ceux de ses mariages précédents), et leur ouverture ne peut mener qu’à la mort du couple.
Les deux ouvrages dialoguent et se répondent comme les deux faces d’une même médaille, avec pour thème central, la séduction, l’appétit insatiable (qu’il soit désir charnel ou curiosité) et sa satisfaction nécessairement fatale.
Par Rózsa Mihály