L’extrême-droite polonaise a réussi à faire main-basse sur la fête de l’Indépendance de la Pologne qui a été célébrée samedi 11 novembre à Varsovie. Face au tollé dans les médias étrangers, le président polonais a rompu son silence assourdissant lundi.
Il a fallu attendre deux jours pour que les slogans racistes, xénophobes et islamophobes («Pologne pure, Pologne blanche») qui ont retenti samedi après-midi dans les rues de la capitale polonaise dans le cadre de la fête de l’Indépendance de la Pologne soient dénoncés par les autorités polonaises. Le ministre de l’Intérieur, Mariusz Błaszczak s’était même réjoui de la bonne ambiance qui avait, selon lui, animé le défilé.
« Dans notre pays, il n’y a ni place ni accord pour la xénophobie, pour un nationalisme maladif, pour l’antisémitisme. »
Lundi, le président de la République, Andrzej Duda, a finalement réagi et critiqué les «bannières apportées par des personnes irresponsables, dont le message est inacceptable pour toute personne honnête en Pologne, parce qu’on ne peut pas mettre un signe d’égalité entre le patriotisme et le nationalisme. […] Dans notre pays, il n’y a ni place ni accord pour la xénophobie, pour un nationalisme maladif, pour l’antisémitisme. »
Un peu plus tôt, M. Duda n’avait pas jugé utile de condamner la marche extrémiste, estimant que « le plus important est l’attachement à notre patrie, à notre peuple. Cela devrait se placer au-dessus de tout : de nos divisions idéologiques, de nos différentes opinions politiques ».
Le parti au pouvoir, Droit et justice (PiS) a finalement également concédé une critique. Du bout des lèvres, sa porte-parole Beata Mazurek a estimé qu’une telle situation « n’aurait pas dû avoir lieu », rappelant que son parti n’a pas pris part au défilé.
Manifestation monstre de l’extrême-droite polonaise et européenne à Varsovie
Eurotopics cite le vice-rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza, Jarosław Kurski, qui dénonce la « majorité indifférente » qui fait le jeu de ceux qui « approuvent fascisation de la vie publique en Pologne ».
Adam Stankiewicz, journaliste à wpolityce, se félicite au contraire d’avoir participé à « une marche pour l’indépendance [qui] a véhiculé un message positif » . «Quand on tient absolument à présenter la Fête de l’indépendance comme un rassemblement fasciste – écrit-il – on trouve toujours des moyens de le faire. Des foules qui scandent des slogans patriotiques, des drapeaux polonais, de temps à autre un tir de feu d’artifice, cela suffit pour transir de peur le centre-gauche ‘multiculti’. »
Photo d’illustration prise par Wiktor Baron le 11 novembre 2013 (Wiki Commons).