Présidence de l’UE : bientôt le tour de la Pologne

Dans un mois et demi, la présidence hongroise du Conseil de l’Union Européenne se clôturera. S’il n’est pas encore temps de faire des bilans du travail effectué durant cette présidence, l’on commence toutefois à entendre la Pologne piaffer à la porte. La Pologne – plus grand pays d’Europe centrale – sera le quatrième de ces Etats à prendre la tête de cette présidence qui a perdu toutefois un peu de sa superbe depuis le traité de Lisbonne et l’apparition du président Von Rompuy.

Source : www.prezydencjaue.gov.pl

Pourtant en mars, il y a moins de deux mois, la presse polonaise dénonçait un certain retard dans l’organisation de la mise en place de la présidence. On nous rappelait que le ministère des Affaires étrangères avait changé l’année dernière près de 30% de ses fonctionnaires qui avaient en charge la préparation de l’événement. Evidemment, ce n’était peut-être pas le bon moment. Mais rappelons que l’année 2010 fut pour la Pologne, une époque de changements imposés, avec la disparition lors du crash de l’avion présidentiel polonais non seulement du président Lech Kaczynski lui-même mais aussi de nombreux hauts responsables politiques, administratifs, religieux, etc… De même et à la suite, des élections avaient eu lieu, permettant au centre-droit polonais de se hisser à la tête de l’Etat. Le ministre des Affaires étrangères Radosław Sikorski a certainement voulu comme c’est souvent le cas, imposer sa marque et renouveler les cadres.

Mais cette semaine ce qui fait l’actualité européenne en Pologne, c’est surtout le logo choisi pour la présidence. Celui-ci a été conçu par le graphiste Jerzy Janiszewski, déjà en son temps auteur du logo du syndicat Solidarność, ce qui entre nous, n’est pas d’hier puisque c’était en 1980. Son leader de l’époque, Lech Wałęsa, lui-même ancien président de la république au début des années 90 est aujourd’hui un des plus fermes soutiens du chef de l’Etat actuel. Et évidemment le logo ne fait pas l’unanimité. Alors que le Premier ministre Donald Tusk y voit «la marche polonaise vers le succès» – on entendrait bientôt les accents de la marche de Radetzky – d’autres au contraire, trouvent que le dessin symbolise «ldes hommes infantilisés et insouciants marchant sous une bannière sentimentale … le style pourrait symboliser le génie polonais pour l’improvisation, tandis que les différentes tailles et couleurs des flèches semblent pour leur part évoquer l’insubordination et la propension à l’anarchie, ainsi que l’embonpoint et la naïveté infantile des Polonais. Le drapeau, qui se réfère au logo de Solidarność, ravive quant à lui les souvenirs larmoyants du temps irrévocablement perdu d’une unité d’idées et d’attitudes».

Le tableau est dur et n’est pas de moi mais de l’éditorialiste de Reczpospolita. Il est évident qu’il y a derrière ce choix toute une symbolique, dont on se demande seulement si les éléments constitutifs de celle-ci concernent la politique européenne que doit mettre en place les Polonais. Il s’agirait de ne pas se tromper de combat et de ne pas non plus tomber dans une attitude passéiste comme on l’a vu dans le cas hongrois. Comme quoi, la présidence de l’Union reste un prétexte pour les Etats-nations qui y voient trop souvent l’occasion de se mettre en avant en négligeant les intérêts européens.

Le 31 mai, le programme officiel de la présidence polonaise de l’Union européenne sera adopté par le gouvernement alors que tout doucement on commence à connaître le calendrier des grands rendez-vous européens. Varsovie a d’ores et déjà annoncé qu’elle mettrait l’accent sur les négociations concernant le prochain budget de l’Union européenne qui courra de 2014 à 2020. L’autre sujet est LE sujet qui permettra à la Pologne de renforcer sa position de grand Etat dans la région en repoussant les velléités ambitieuses de la Hongrie dans ses retranchements. N’oublions pas que Budapest s’est fait voler l’organisation de la conférence sur le « Partnership oriental » par la Pologne et que celle-ci aurait tort de ne pas en profiter. Toutefois, l’une et l’autre ne jouent pas sur le même terrain, alors que la Hongrie espère encore un miracle pour la Croatie, la Pologne espère en faire un avec l’Ukraine.

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Cécile Vrain

Journaliste et docteur en Histoire des Relations Internationales de l'Université de Paris 1, spécialiste de la Hongrie.

4 Comments
  1. La Pologne, ils feraient mieux de s’occuper a faire des Autoroutes ou des lignes de trains.
    Quand on sait que sous le 3 eme reich il y avait plus d’autoroutes sur le territoire polonais actuel que maintenant…
    a moins que ce ne soit la raison pour faire entrer l’ukraine en EU pour ne plus être le pays avec les routes les plus pourries…
    En Ukraine ils ne sont pas pret a entrer, mais ca serait le seul moyen de payer le nouveau sarcophage necessaire sur tchernobyl.
    Pour la Croatie, c’est vraiment de la mauvaise volonté, en plus ca serai un pays qui supporterais tres bien l’euro.

  2. Importe peu la bannière pourvu que soit la manière!
    Tous ces pays limitrophes de UE ont intérêt à n’être justement plus limitrophes et l’union « risque » encore de grandir puisque la Roumanie par exemple milite pour l’adhésion de la Moldavie.
    Hier à l’eurovision de la chanson se sont les azerbaïdjanais qui ont remporté le trophée.
    Ceci ne veut pas dire grand chose me direz-vous. Il faut savoir quand même que ce sont les pays d’Europe centrale qui sont les plus assidus de l’évènement.
    Zs.

  3. Sinon, si la Turquie (candidature parfois relativement prise au sérieux) entre dans l’Union européenne cette dernière aura une frontière avec l’Irak…
    Je ne m’épancherai pas plus sur la question de l’élargissement, cela le montre assez bien.

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