Hommage au poète Attila József

Voici 107 ans, le 11 avril 1905, naissait l’un des plus grands poètes de Hongrie : Attila József.  Non seulement une immense figure de la poésie hongroise, mais aussi de la poésie européenne tout entière. Paris, où il fréquenta la Sorbonne en 1926, conserve des traces de son passage, telle cette plaque sur un hôtel de la rue du Vieux Colombier.

Un homme dont la vie fut particulièrement difficile, devant assumer dans sa jeunesse de nombreux emplois pour survivre (son père avait abandonné le foyer alors que le jeune Attila avait 3 ans et nous le trouverons mousse sur un bateau alors qu’il avait à peine 15 ans; il perdit sa mère à 19 ans). Bref, une vie difficile, de plus entachée de déceptions amoureuses, qui se termina tragiquement sous un train en décembre 1937 (suicide ou accident? Nous ne le saurons jamais).

Pas surprenant donc, qu’en ces années particulièrement dures (déprime post-Trianon, arrivée de la crise puis montée du fascisme), notre Attila adhéra aux  idéaux du communisme. Non, pas un sectaire ; il faut plutôt retenir sa définition de „poète prolétaire”.

Il n’en faut pas plus aux gouvernants actuels du pays pour le vouer aux gémonies. Son crime? Avoir adhéré au parti communiste, dont il fut d’ailleurs exclu. Au point que, après avoir déboulonné en douce la statue du comte Károlyi (*), voilà que l’on parle d’exiler à son tour la statue du poète jugé indigne de figurer à proximité du Parlement (photo). Si tel est le cas, on jugera plutôt le Parlement (du moins sa majorité outrancièrement arrogante) indigne de siéger à sa proximité.

Outre les poèmes où il exprime sa révolte, Attila József su aussi faire preuve d’une immense tendresse, toujours exprimée avec la plus grande simplicité. En témoigne par exemple sa si belle „Berceuse” („Altató”), touchante de simplicité, toute en douceur et sourire. Après lui avoir rendu hommage sur les antennes (Tilos rádió du 11 avril, 13-14h), ses amis se retrouveront place Kossuth, où se tiendra vendredi après-midi (13 avril) un marathon lors duquel seront lus ses poèmes, et ce non-stop jusqu’à samedi matin !

Et pendant ce temps…. une place Louis Aragon était inaugurée à Paris.

Pierre Walline

(*): accusé d’avoir flirté de très près avec les communistes (d’avant le régime Rákosi), le comte Mihály Károlyi, ancien président de la République, figure sur la liste noire officielle des traitres et démons les plus vils, accusé de tous les maux du pays. On oublie juste qu’il a pris la défense des Juifs persécutés, mais dans l’ordre des valeurs du régime officiel, cela semblerait secondaire. Sa statue, qui se trouvait à proximité du Parlement, a été enlevée en catimini, par une belle nuit de mars…

20 Comments
  1. Et bien cher Pierre, vous apprendrez que pour être lu, mieux vaut parler de carambar que d’un poète de génie qui rongé par la vie et par le regard des autres nous a quitter, la trentaine à peine affirmée.
    Pourquoi vont-il tué József une seconde fois.
    Zs.

  2. Au temps pour moi sans les nombreuses fautes d’orthographe:
    Et bien cher Pierre, vous apprendrez que pour être lu, mieux vaut parler de carambar que d’un poète de génie qui rongé par la vie et par le regard des autres nous a quitté, la trentaine à peine affirmée.
    Pourquoi vont-il tuer József une seconde fois.
    Zs.

  3. @zsak
    « Au temps pour moi », ou « autant pour moi »?
    Voilà un bon sujet de discussion 😉

  4. @Irgum.Burgum

    « Au temps pour moi » est une locution exprimant la reconnaissance d’une erreur de la part du locuteur. On rencontre couramment la graphie « Autant pour moi », que, selon l’Académie française, « rien ne justifie », mais qui est défendue par certains hommes de lettres et certains grammairiens.

    N’étant, hélas, ni homme de lettres ni grammairien je contenterai de suivre l’avis des immortels.

  5. Avec ces variations sur le temps, j’en ai mon envol suspendu (bof… non, pas terrible, ma trouvaille…)
    En tous les cas, je suis baba de votre savoir a tous deux (sérieusement).
    Effectivement, j’en avais entendu parlé, mais n’en étais pas sur (écrivant comme Irgum). Mais je suis convaincu (en un seul mot, s’il vous plait !)
    Tout cela grace a notre cher Attila Jozsef (que nous avons encore fété hier en déclamant des poemes devant sa statue, place Kossuth).
    « Ni homme de lettre, ni grammairien », mais poete vous etes, cher Zsak, ce qui vaut cent mille fois mieux.
    Et merci pour votre soutien que j’apprécie toujours.
    Connaisez-vous ce « Altato » ? Simple, mais touchant.
    Et, puisque de poésie nous parlons: la merveilleuse vesrion hongroise de la Chanson d’automne? Ce sont ces deux-la que j’ai choisi de lire. (Et aussi un peu de Pérvert en hongrois)

  6. @zsak
    Moi aussi, je sais faire du copier coller de Wikipedia.
    Cependant vous avez simplement zappé la suite. Ce que je trouve bien, c’est la diversité des idées, et la véritable compréhension de l’étymologie. Et sur ce point, pour l’instant, je reste sceptique. Malgré l’Académie Française, si vous permettez.
    A propos, qui saurait traduire cette expression subtile en hongrois?
    Voici donc la suite de l’argumentation dans Wikipedia que vous avez omis de citer:
    « La thèse de Claude Duneton
    À la suite de l’article de Claude Duneton dans Le Figaro littéraire, des internautes défendent la graphie « autant pour moi » en remettant en cause l’étymologie invoquée par les ouvrages comme Le Petit Robert, Le Français correct de Maurice Grevisse ou l’Académie française.
    Claude Duneton expose dans cet article plusieurs théories en parallèle. Il commence par affirmer que l’expression « au temps » dans son sens propre n’est pas utilisée par les militaires.
    Selon lui, l’expression doit se comprendre comme « Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. »
    Claude Duneton croit trouver un argument en faveur de « Autant pour moi » dans l’expression idiomatique anglaise so much for me.
    Ce qu’il considère comme son argument ultime est la présence dans le dictionnaire des Curiositez françoises16 de 1640 de l’expression « autant pour le brodeur » décrite comme « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit. ». »

  7. @Irgum
    « Autant/ Au temps pour moi » ne se dit pas en hongrois,… pour la bonne raison que les Hongrois ne se trompent jamais…..
    Gonosz Pierre

  8. @Pierre Walline
    Faites donc un petit effort Pierre.
    On dit bien « Impossible n’est pas français »
    N’est-ce pas? 😉
    Sinon, temps pis !

  9. Keves Ergum,
    Autant l’au temps vous tend,
    Autant l’autant ne me tente pas,
    Mais respectons donc autant la mesure que le temps !
    Bonne nuit à tous.

  10. Oh la la !!!! Et l’Otan dans tout cela? Lui, pour le coup, ne tente vraiment pas.
    Enfin merci a Attila Jozsef de nous avoir permis d’assister a un échange si fructueux.
    Gute Nacht!

  11. Vous essayez d’apporter un style enlevé à un contenu qui me semble bien raccourci pour un hommage.
    Résumer les éléments dramatiques de la vie de votre sujet principal en une parenthèse et un « bref », cela me parait un peu présomptueux.
    Ensuite traiter la majorité gouvernante du pays hôte où vous vivez (je suppose) de « outrancièrement arrogante », quand bien même vous ne la soutenez pas, et je ne suis pas là pour la défendre non plus, une réserve protocolaire me semble appropriée lorsqu’on juge un gouvernement étranger. Même quand on est français et héritier (bien involontaire) de histoire collective d’une nation qui a colonisé des peuples « pour leur bien« .
    Votre texte manque d’objectivité, de recul, et de substance. Il ressemble plus à un post de blog, c’est inhabituel pour ce site.
    Décevant pour quelqu’un qui s’intéresse un tant soit peu à la Hongrie et sa culture littéraire qui va bien au-delà de quelques francophones.

  12. Ni présomptueux, ni enlevé de style.
    Bien sûr la vie et la mort du poète mérite plus d’un article.
    Entre un poète que l’on déboulonne et un système que l’on bétonne, il y a de quoi converser !
    Critiquer est le propre de l’homme, soit-il français en exil dans le pays de son cœur.
    Au diable le protocole, le poète est l’homme qui écrit se qu’il ressent.
    L’objectif reste d’informer au travers le temps et si l’information dérange, nul n’est besoin à demi-mot de le menacer. Sauf si peut-être ceci doit servir une propagande d’état ?
    Zs.

  13. Aucune propagande d’état, ni intérêt quel qu’il soit.
    Seulement l’agacement de lire des articles où l’on traite les sujets de fond avec des « bref », qui entraînent des raccourcis et des stéréotypes dont l’individu lambda que je suis, curieux et plein d’appétit lorsque je m’adresse à des inconnus, doit se désassortir.
    On critique souvent les français pour leur arrogance à l’égard des autres cultures (ce qui n’est pas tout à fait faux de mon point de vue). J’ai tendance à considérer que traiter du sujet d’autrui nécessite une mesure et une justesse de ton que je regrette un peu dans cet article dont la lecture me laisse perplexe.
    Il y a certainement une vraie passion dans ce texte, dont la rédaction est peut-être également rythmée par une actualité qui n’attends pas forcément le jour d’après, et qui titille lyriquement l’émotion au point de ne pas suivre « le protocole ».
    Malgré tout j’ai tendance à penser qu’il est judicieux de faire preuve de modération sur les sujets nationaux hongrois mêlant le politique et la culture, et ne pas traiter l’argumentation comme secondaire, même si celle-ci apparaît évidente à l’esprit de celui qui écrit. Un peu comme une marque de respect pour augurer d’échanges qui durent, sans risquer de recevoir le reproche d’une forme de bouffonnerie, comme j’ai pu le constater par ailleurs, étouffant ainsi les bonnes intentions de départ un peu trop facilement.

  14. @Eric
    Si je vous comprends, cher Eric, le fait que je réside dans ce pays (que je pratique depuis… 1966) m’interdit de prendre position. Bref,„pofa be, szegény Pierrekém!”, „ferme ton bec, mon pauvre petit Pierre!”
    Une remarque: contrairement a la demande de mes nombreux amis hongrois, je n’interviens jamais dans la presse hongroise (on me l’a proposé), estimant qu’un étranger n’a effectivement pas a se méler directement de leur affaires intérieures. Mais.. dans la presse francophone destinée a mes compatriotes, pourquoi donc m’auto-censurer ?
    De plus, dans ce papier truffé de stéréotypes vulgaires, au style grossierement ampoulé, bouffon et prétentieux , j’aimerais savoir ou vous me trouvez excessif.
    Quant a avoir eu la vaine prétention de résumer József Attila en quelques lignes. Non, je ne prétendais pas le „résumer” mais simplement évoquer sa mémoire, en faisant ressortir, au-dela du révolutionanire, toute l’affection qui émane de ses poèmes et de sa personne. Il ne s’agit pas, dans les colonnes de Hulala, de balancer une these de 220 pages, l’instar de notre cher Pal Schmitt.
    Quant au style, permettez-moi de vous dire que j’ai eu un peu de mal a vous suivre dans les longues remarques que vous me faites et les bonnes lecons que vous me donnez……
    Sur ce, bonne journée et .. sans rancune ?!

  15. Rancune? A quoi bon. Vous m’éclairez sur le sens de votre texte et je vous en remercie. N’ayant pas une aussi longue pratique du pays, je dois être probablement un tantinet trop sensible sur les points de concordance et de divergence de nos deux cultures, ne sachant pas trop, par inexpérience, comment interpréter certaines réactions récentes que j’ai pu constater de la part des hongrois à notre endroit, au cours de rencontres diverses et variées.
    Comprenez que je respecte votre connaissance du sujet, qui doit sans aucun doute dépassée la mienne au vu de ce que vous exposez.
    J’ai fait mes premières armes en tant que journaliste et ne peut m’empêcher de réagir, peu ou prou selon le cas, gauchement je le conçois, lorsqu’il s’agit de texte rédigé et ouvert à tout public. En particulier sur les sujets touchant à la culture d’autrui, bien trop souvent bafouée par plus arrogante qu’elle, et le jugement porté sur les décisions politiques d’un état, la contextualisation du sujet traité étant à la fois complexe et déterminante.
    Sur ce, pardonnez mon impertinence, je vous souhaite une bonne continuation.
    Cordialement

  16. @ Éric et à Pierre
    Les mises au point sont souvent profitables et rien ne vaut un dialogue qui se veut constructif.
    Bravo Messieurs!

    Sans rancune, a écrit Éric, à la bonne heur ( @ IrgumBurgum, je n’ai pas écris « à la bonne heure », je n’ai aucun train à prendre).

  17. Donc, pas de duel.
    En tous les cas, merci de ces réactions et bonne soirée a vous tous.
    Un point nous rapproche: « autant » (pour le coup, ..oui!) que nous sommes, la Hongrie nous intéresse, pour me pas dire qu’elle nous fascine (a l’instar de ses belles citoyennes)
    Encore un fois,. bonne nuit, jó éjt mindenkinek ! (..tiens, relisons la belle berceuse de Jozsef Attila!)

  18. @zsak
    OK OK, j’ai eu l’heur de comprendre vos explications. Mais dans la même phrase vous avez eu le malheur d’écrire « Je n’ai pas écris » qui s’écrit normalement « Je n’ai pas écrit ».
    A moins que les immortels aient changé les règles de grammaire.
    Donc « IrgumBurgum » quand même

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