En Hongrie, la gauche prise au piège de l’alliance avec le Jobbik

Mardi dernier dans une entrevue télévisée sur la chaîne Hír TV, le chef de file de la gauche hongroise Gergely Karácsony a maladroitement justifié le rapprochement en cours entre l'opposition démocratique et l'ancien parti d'extrême-droite Jobbik, allant jusqu'à minimiser son passif antisémite. Au-delà de l'impréparation manifeste du dirigeant écologiste, l'épisode montre surtout à quel point l'alliance "tous contre Viktor Orbán" reste un attelage fragile et mal pensé.
Il s'agit d'un dérapage dont Gergely Karácsony se serait sans doute bien passé. Face à une journaliste zélée lui demandant si "lister des Juifs c'est nazi", l'ancien chef de file de la gauche aux élections législatives de 2018 a benoîtement répondu "non". Quelques minutes avant, le dirigeant écologiste se débattait encore quant à savoir si le Jobbik était nazi dans son ensemble, ou si "seulement quelques dirigeants qui ont quitté le parti depuis" sont nazis. Problème : Márton Gyöngyösi, celui qui appelait encore en novembre 2012 à "faire la liste des députés d'origine juive", est non seulement encore au Jobbik . . .

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Ludovic Lepeltier-Kutasi

Journaliste, correspondant à Budapest. Ancien directeur de publication et membre de la rédaction du Courrier d'Europe centrale (2016-2020) et ancien directeur de la collection "L'Europe excentrée" (2018-2020).