Comment survivre à la maladie du chef d’orchestre ?

Il y a quelques semaines, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe : le chef de l’Orchestre de la Philharmonie Nationale de Hongrie et pianiste de réputation internationale, Zoltán Kocsis, devait subir une intervention chirurgicale très grave et rester indisponible pour une longue période. Comment s’organiser pendant ce temps ? Comment le remplacer quand on ne dispose que de quelques jours avant un concert prévu de longue date ? Hu-lala a posé ces questions au directeur général de l’orchestre, Géza Kovács, en charge du management de cette institution nationale depuis 15 ans.

Tout d’abord, comment va le Maestro ?

Il est en convalescence, il va relativement bien en préparant ses concerts à venir, notamment la série du spectacle « Casse-noisette » de Tchaikovsky qui aura lieu au Müpa (Palais des Arts) de Budapest en décembre. Cela ne veut pas dire que M. Kocsis dirigera tous ses concerts prévus avec l’orchestre.

Comment vous avez réussi à lui trouver des remplaçants ?

Notre longue expérience professionnelle nous aide énormément dans ce travail. Nous avons beaucoup d’amis qui étaient prêts à nous aider. On a essayé de les sélectionner en fonction du caractère spécial des œuvres à présenter. Par exemple, le grand chef allemand Thomas Sanderling – né en Union Soviétique et qui connaît parfaitement les compositeurs russes – avait accepté de diriger notre soirée russe le 29 novembre. Pour le concert de László Lajtha, nous avons demandé au chef d’orchestre hongrois István Dénes de remplacer Zoltán Kocsis. De toute façon, l’orchestre fera tout son possible pour offrir à notre fidèle public la meilleure qualité possible, même dans ces circonstances difficiles.

Hormis ces problèmes artistiques, avez-vous des problèmes de financement ?

Heureusement, nous sommes une des institutions nationales culturelles qui ne sont pas touchées par les restrictions budgétaires. Nous avons même la chance de toucher une petite rallonge financière que nous utilisons pour organiser des tournées dans des pays voisins, y compris la Roumanie et la Slovaquie. Nous considérons que cette mission est très importante dans la vie de l’orchestre qui joue toujours une pièce d’un compositeur local ainsi que des œuvres de Bartók et de Kodály. Lors de ces visites, nous constatons toujours avec plaisir que le fossé est immense entre les politiciens et la population locale qui se comporte très amicalement avec nos musiciens. L’art – et surtout la musique – est capable de dépasser les clivages politiques.

Quels sont vos projets pour l’année prochaine ?

A part nos concerts en Hongrie, nous préparons des tournées en Amérique latine ainsi qu’en Allemagne.

En tant que Président de l’Association des Orchestres Hongrois, comment voyez-vous la situation des membres de votre organisation ? Est-ce qu’il y a trop d’orchestres professionnels à Budapest ?

Les orchestres des grandes villes ont une mission importante, j’espère que leur financement ne leur posera de problèmes insolubles. En ce qui concerne la capitale, elle peut être fière de compter huit orchestres professionnels. Le financement de certains d’entre eux n’est pas toujours brillant mais, finalement, le jugement appartient au public. Tant que le public remplit les salles, l’existence de tous les orchestres nous paraît légitime.

Propos recueillis par Mihály Rózsa