Bélarus : un journaliste arrêté après le détournement forcé d’un vol européen

Ce dimanche 23 mai, la chasse du Bélarus a intercepté un vol de la compagnie aérienne à bas coût Ryanair qui ralliait les villes d’Athènes à Vilnius. L’avion a été détourné vers l’aéroport de Minsk où l’opposant au régime d’Alexandre Loukachenko, fondateur de la chaîne Telegram « Nexta », Roman Protassevitch, qui se trouvait à bord, a été arrêté. Les réactions indignées se multiplient côté européen.

Mise à jour du 24 mai 2021 à 10h00 : Après plusieurs heures d’immobilisation sur le tarmac de l’aéroport de Minsk, le vol FR4978 a repris sa route vers Vilnius où il a atterri dimanche 23 mai dans la soirée. Sept passagers sont pour autant restés au Bélarus : le jeune opposant de 26 ans, sa compagne ainsi que quatre citoyens russes selon plusieurs sources.

C’est en raison d’une potentielle menace de sécurité à bord de l’appareil, que les autorité bélarusses ont justifié le déroutement du vol Ryanair et l’intervention d’un de leur avions de chasse, un Mig-29, afin de contraindre l’avion à venir se poser sur l’aéroport de Minsk, la capitale du pays.

L’opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa, considérée comme sortie victorieuse de l’élection présidentielle du mois d’août 2020, et réfugiée en Lituanie depuis cette date, a été l’une des premières à dénoncer ce détournement, n’hésitant pas à considérer que le jeune activiste arrêté risquait désormais la peine de mort. Selon le site d’information en ligne Belsat, « en novembre [2020], le KGB a ajouté des blogueurs à la ‘liste des terroristes’, mais Protasevich n’a pas été officiellement accusé de terrorisme ».

Si l’avion a bien été intercepté dans le ciel du Bélarus quelques minutes avant d’entrer dans l’espace aérien lituanien, le détournement de ce vol intérieur de l’Union européenne contrevient néanmoins à toutes les règles de l’aviation civile. Il a immédiatement suscité une avalanche de réactions indignées. Mateusz Morawiecki, le président du Conseil des ministres polonais, a notamment demandé la réunion immédiate du Conseil européen. L’avion détourné par le Bélarus est en effet enregistré en Pologne. Plusieurs ministres européens, dont Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, ont insisté sur le caractère inacceptable de cette opération de détournement. Neuf passagers français se trouvent d’ailleurs sur ce vol Ryanair.

Depuis l’été dernier, le Bélarus est la proie d’une intense agitation. La fraude massive intervenue lors des élections présidentielles et la brutale répression exercée par le régime contre les manifestants ont poussé l’Union européenne à ne pas reconnaître le résultat de l’élection et à prendre un train de sanctions contre 88 personnes et 7 entités, dont « le président biélorusse, Alexandre Loukachenko et son fils et conseiller à la sécurité nationale, Viktor Loukachenko, ainsi que des personnalités de premier plan de la classe politique et de l’appareil d’État, des membres de haut niveau du système judiciaire et plusieurs acteurs économiques importants ».

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