Une bien étrange représentation de la société hongroise…

En Hongrie, les nouvelles affiches de propagande gouvernementale offrent l’image complètement fausse d’une population hongroise homogène et à la peau claire.

Cette femme se reconnait-elle quelque part sur cette affiche ? Photo : Corentin Léotard.

Où que l’on pose le regard, elles sont là. Les affiches bleues du gouvernement sont de nouveau partout dans Budapest et le pays. « Ton pays. Ta voix ». Le slogan pour inviter les Hongrois à répondre à la « consultation nationale » est terriblement efficace.

Il s’agira pour les citoyens hongrois de répondre à treize questions sur la thématique du « coronavirus et de la relance de l’économie ». S’y sont inévitablement glissées d’autres questions concernant l’immigration et l’incontournable George Soros.

Jusque-là rien que de très habituel en Hongrie où, en dix années de pouvoir, le Fidesz a organisé presqu’autant de ces « consultations ».

Ce qui interpelle cette fois, c’est la collection de visages qui constitue l’affiche et dont on comprend qu’elle est censée représenter la population de la Hongrie : il y a des jeunes, des vieux et des enfants, des hommes et des femmes… mais tous ont la peau claire, sans exception !

Or celles et ceux qui connaissent la Hongrie savent bien que sa société n’a rien d’aussi homogène et que beaucoup de Hongrois et de Hongroises sont bruns et ont la peau mate.

Et aussi : où sont les citoyens hongrois Tsiganes ? Visiblement nulle part sur ces affiches ! Les Roms représenteront bientôt 10 % de la population hongroise, mais il semble que le gouvernement préfère ignorer leur existence. Cela n’est pas bien étonnant : il est clair au vu de diverses déclarations récentes que la droite hongroise ne les considère de toute façon pas comme des membres de la nation.

Drôle de vision de la société hongroise que celle véhiculée par cette propagande gouvernementale…

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).