Miłosz Przepiórkowski : « La stigmatisation n’a jamais été aussi féroce » contre les LGBT en Pologne

Entretien avec Miłosz Przepiórkowski, membre actif de l’association Lambda Warszawa qui apporte un soutien psychologique aux personnes de la communauté LGBT en Pologne.

Que l’on soit choqué, ils s’en trouveraient presque enorgueillis. Eux, ce sont les membres du parti politique PiS (Prawo i Sprawiedliwość, « Droit et Justice »). Depuis leur retour au sommet de l’État en 2015, à travers l’élection d’Andrzej Duda à la présidence de la République polonaise, puis leur succès aux élections parlementaires la même année, les représentants du mouvement d’extrême droite de Jarosław Kaczyński a dès lors eu les coudées franches pour mener des réformes économiques mais aussi pour développer une rhétorique et des pratiques politiques rompant petit à petit avec les principes de la démocratie : pouvoir réuni dans les mains d’une faction très réduite d’élus, destruction progressive de tous les contre-pouvoirs, remise en question de l’indépendance des médias et des instances juridiques, nomination sans concertation des directeurs d’institutions culturelles par le Ministre de la culture, réécriture des programmes scolaires à l’aune d’une vision nationaliste et anti-Juive, attaques continuelles contre l’indépendance de la recherche scientifique, etc. Des actes étrangement assez peu critiqués à l’étranger, dans un contexte où Donald Trump, élu en 2016, attirait toute l’attention médiatique et politique.

À l’appui d’un populisme caricatural censé lui adjoindre le soutien de l’Église catholique et des populations rurales, le PiS n’a jamais caché sa proximité avec des thèses iniques considérant l’homosexualité comme une attitude immorale, voire « contre-nature », ou bien proférant des insultes infamantes envers les enfants issus des techniques in vitro, qualifiés de « bébés en plastique ». Sur-valorisant le concept de « famille » en la corrélant à une vision étriquée, le gouvernement de Mateusz Morawiecki a surtout capitalisé sur deux réformes sociétales aussi étroitement symboliques que largement destructrices pour les personnes concernées : la mise en place de Zones sans LGBT (« Strefy wolne od LGBT »), l’idée selon les élus étant de lutter contre une supposée « idéologie gender »[1]https://www.la-croix.com/Monde/Pologne-sont-zones-anti-LGBT-2021-03-12-1201145238, https://courrierdeuropecentrale.fr/de-quoi-les-zones-libres-dideologie-lgbt-en-pologne-sont-elles-le-nom/, et l’interdiction renforcée des interruptions de grossesses en raison de malformations graves du fœtus[2]https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/31/en-pologne-la-quasi-interdiction-de-l-avortement-est-entree-en-vigueur-sur-fond-de-manifestations_6068302_3210.html. À travers le mouvement Strajk Kobiet (la « grève des femmes ») et de nombreuses manifestations, les citoyens et citoyennes polonaises sont descendu-e-s dans les rues pour montrer leur désapprobation face à ces démarches parfaitement contraires aux droits de l’Homme.

Dans un tel contexte de tensions, comment une association luttant pour les droits des personnes homosexuelles agit-elle quotidiennement ? Quel impact les réformes sociétales du PiS ont-elles sur les individus issus des minorités sexuelles en Pologne aujourd’hui ? Comment faire face à la condamnation à la fois morale et politique dont souffrent les personnes homosexuelles ? Pour en savoir davantage, nous avons souhaité interroger Miłosz Przepiórkowski, membre de l’association Lambda Warszawa.

Miłosz Przepiórkowski, interrogé par Mathieu Lericq le 13 juillet 2021 dans les locaux de l’association Lambda à Varsovie. Photo : Mathieu Lericq.

Le Courrier d’Europe centrale : Depuis quand existe l’association Lambda Warszawa et quel en est l’objectif principal ?

Miłosz Przepiórkowski : L’association a été créée en 1997. Il s’agit de la plus ancienne association active en Pologne. L’idée fondamentale depuis sa fondation est de venir en aide aux personnes à travers une ligne téléphonique d’urgence qui fonctionne depuis nos locaux. Quiconque peut l’utiliser. Des personnes des quatre coins de la Pologne nous contactent. Cette ligne recueille les appels du lundi au vendredi, de 18h à 21h. Une aide psychologique est apportée, des sessions de soutien sont proposées. L’aide apportée à la communauté est totalement gratuite.

Les sessions d’aide psychologique ont lieu uniquement en ligne ?

Non, elles ont surtout lieu dans nos locaux, ici à Varsovie. La ligne d’urgence recueille les premiers contacts, puis des rendez-vous avec des psychologues sont planifiés. Nous travaillons actuellement à la ré-ouverture de notre centre d’hébergement d’urgence, un refuge pour faire face aux difficultés rencontrées par les individus homosexuels lorsqu’ils sont rejetés de leur foyer par leurs parents. Ce centre a été mis en place en 2015-2016, mais nous avons dû le fermer à cause d’un manque de financement. Nous souhaitons le ré-ouvrir en août.

L’ouverture de ce centre en 2015 correspond-elle à une précarité accrue des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres ?

Il y a toujours eu une demande très importante à ce niveau-là. Le fait d’être sans-abri pour une personne homosexuelle est un vrai problème, en particulier pour les adolescents qui sont chassés de chez eux à l’âge de 18 ans, parfois même avant cela. A priori il est interdit de chasser son propre enfant du foyer familial avant sa majorité, mais cela arrive. Les parents doivent même aider leur enfant financièrement pendant ses études. Mais des procès pour manquement à ces responsabilités, dans le contexte polonais, sont impensables. On accueille donc ici de jeunes gens qui viennent de partout en Pologne. Ils cherchent où dormir, où travailler. Ils sont souvent traumatisés. Ici, ils peuvent rester pendant trois mois, jusqu’à six mois maximum. On les aide à trouver un emploi. Une aide psychologique leur est proposée. Il s’agit d’un endroit protégé, qui doit leur permettre d’imaginer une belle vie future. On essaie d’apporter un soutien à la fois psychologique, pratique et juridique.

Qui prend contact avec vous à travers la ligne téléphonique d’urgence ? Les appels viennent-ils davantage de l’Est ou de l’Ouest de la Pologne ?

La plupart des personnes qui nous appellent veulent rester anonymes. Ils utilisent sans doute des pseudonymes. Nous n’avons que des statistiques relatives au nombre d’appels. Ce nombre a beaucoup augmenté au fil des années. L’année dernière, nous avons reçu près de 1 000 appels téléphoniques (entre 2 et 3 appels journaliers en moyenne).

D’après vos statistiques, il semblerait que le nombre d’appels baisse entre 2005 et 2010, puis il augmente à nouveau fortement. Peut-on dire que le nombre d’appels varie en fonction de l’actualité politique ?

Totalement, oui. Je dirais que cela varie en fonction des discours politiques, mais aussi des discours formulés par l’Église [catholique]. Ces deux types de discours sont souvent interconnectés. C’est d’autant plus le cas depuis le retour du PiS au pouvoir en 2015. Il est devenu difficile de vivre à la campagne en tant que personne homosexuelle. Vous savez, tout le monde connaît un « mec gay » dans son village, comme on dit ici. Mais on a constaté une augmentation du niveau d’aide à fournir, spécialement l’an dernier pendant la dernière campagne présidentielle. Les personnes homosexuelles ont été l’objet d’une déshumanisation de la part du PiS, ce dernier réduisant la communauté à une « idéologie ». Des citoyens polonais jusque-là tolérants ont cessé de l’être, se sentant autorisés par une autorité supérieure de nourrir la haine envers des personnes qui ne sont même plus être considérées comme de véritables êtres humains. Ils ont profité de cette autorisation explicite et l’ont utilisée pour attaquer physiquement les personnes homosexuelles, même à Varsovie où la situation était plutôt calme. Voir deux garçons se tenir par la main peut suffire de motif pour attaquer les personnes LGBT.

« Il est devenu difficile de vivre à la campagne en tant que personne homosexuelle ».

La violence du discours se mue ainsi en violence physique.

Exactement. C’est ce qu’on constate. En 2015, le PiS a utilisé l’argument des réfugiés syriens pour attiser les peurs, appuyant l’idée que les réfugiés allaient violer les femmes et les enfants. Mais les réfugiés n’ont absolument pas agi de cette façon lorsqu’ils ont été accueillis dans les autres pays. Le PiS n’avait plus de quoi faire peur. La communauté homosexuelle est alors devenue l’exemple du « monstre », le « monstre du genre ». C’était le parfait motif de peur, se basant sur l’amalgame entre pédophilie et homosexualité. Selon leurs dires, il fallait sauver les enfants des mains de ces dangereux prédateurs. Il fallait sauver la civilisation de la confusion entre les codes virils et les codes féminins. Les cerveaux sont, selon eux, manipulés par l’« idéologie gender ». Cette bêtise a mené à transformer une simple peur en haine crasse, de la part de citoyens qui ne font pas tellement de recherches sur ces sujets, qui ne connaissent personne ayant avoué son homosexualité. Les partis politique autant que l’Église veulent se maintenir au pouvoir à partir des peurs qu’ils suscitent.

Peut-on dire que, d’une forme d’amour, l’homosexualité est donc devenue un argument politique ?

Oui, absolument.

L’association Lambda Warszawa à Rzeszów en 2019.

Pensez-vous que les membres du PiS croient en ce qu’ils disent ou bien n’est-ce là qu’une façon de gagner un capital électoral ?

C’est difficile à dire. Il est certain que parmi les membres du PiS il y ait de véritables homophobes. Pour être honnête, je me fiche de ce qu’ils croient. Ce n’est que de la souffrances infligée aux personnes les plus vulnérables. Je suis outré par leur attitude destructrice. Ce qu’ils pensent, qu’ils soient eux-mêmes hétérosexuels, gays ou bisexuels, n’a aucune importance. Ils créent des discours et s’en servent pour nous définir, ce qui rend la vie de plus en plus pitoyable en Pologne. Ce qui importe, c’est qu’ils soient responsables concrètement de ces changements.

On suppose que certains membres du PiS, même parmi les plus éminents, sont des personnes homosexuelles. Cela vient en partie du fait que lorsque le PiS est parvenu au pouvoir pour la première fois, une partie des archives relatives à l’Opération Hyacinthe (1983-1985) aient été détruites. N’est-ce qu’une contradiction que des personnes homosexuelles soient en même temps les promoteurs de la plus puissante homophobie ?

Ce n’est pas surprenant, non. Nous constatons que les personnes qui nous contactent sont elles-mêmes en prise avec une homophobie intériorisée. Les personnes qui ne s’acceptent pas telles qu’elles sont, et qui se détestent parce qu’elles pensent ne pas pouvoir être acceptées pour qui elles sont, tout cela se transforme en arme. Une arme renversée contre les personnes qui acceptent d’être différents.

On serait tenté de comparer les deux actions menées par l’État polonais contre les personnes homosexuelles depuis 1945 : l’Opération Hyacinthe et la campagne relatives aux « Zones sans LGBT » (2018-2019). La première action, menée par les services secrets dans le contexte épineux du SIDA, avait pour objectif d’inventorier l’ensemble des personnes homosexuelles sur le territoire polonais pour appliquer un contrôle et un chantage constants à leur encontre. La seconde action, menée par le PiS, a la particularité d’être extrêmement visible, agressive, et potentiellement très négative auprès des personnes concernées. Si l’Opération Hyacinthe a pu créer les conditions d’un réveil même limité de la part de la communauté LGBT, il semblerait que l’action du PiS soit très destructrice pour les individus. La solidarité au sein des groupes homosexuels a-t-elle pour autant disparu ?

Il y a de la solidarité. Vous savez, le problème vient en partie du fait que l’homosexualité n’ait jamais été illégale en Pologne. Lorsqu’on entend les politiciens polonais derrière leur pupitre à Bruxelles, ils ont toujours leur argument bien préparé : « Quand dans de nombreux pays européens l’homosexualité était pénalisée, en Pologne l’homosexualité a toujours été permise légalement. Aucun homosexuel n’a jamais été juridiquement persécuté. » Le PiS joue sur les mots lorsqu’il dit qu’il ne combat pas les personnes, mais l’idéologie. Toute la difficulté vient du fait que cela a toujours été accepté au niveau juridique.

En même temps, ce que développe le PiS en termes de discours n’est pas proprement polonais : Vladimir Poutine en Russie et Viktor Orbán en Hongrie ont fait passer des lois similaires, toutes portant vers la discrimination des personnes homosexuelles.

Dans les pays où la famille traditionnelle est une valeur forte, les populistes d’extrême droite utilisent l’homosexualité comme un argument pour défendre cette valeur. Comme si l’homosexualité allait détruire leur famille. Que l’homosexualité viendrait détruire s’il n’y a que des hétérosexuels dans ce type de famille ?

Est-ce que cela fait partie de votre mission d’étendre le concept de « famille » à des formes plurielles ?

Nous ne promouvons pas ce concept. Bien sûr, nous prouvons par nous-mêmes qu’il existe des modèles de familles très différents. Par exemple, deux hommes peuvent être parents d’un enfant. Pour nous, c’est de l’ordre de l’évidence. Lambda Warszawa n’a pas vocation à être publique ; d’autres sont davantage en lien avec le champ politique. Nous nous concentrons sur l’aide psychologique au sein de la communauté. Nous souhaiterions qu’il y ait l’égalité dans le mariage, mais ce n’est pas notre but. D’autres associations promeuvent ce type de lois.

Un autre problème doit être soulevé : celui du taux de suicide chez les personnes homosexuelles en Pologne. Avez-vous des chiffres pour permettre une compréhension de la situation ?

Le taux de dépression chez les enfants et adolescents homosexuels est de 70%. Pour ce qui est des jeunes adultes, le taux s’élève à 50%. Dans les pays où le mariage homosexuel est permis légalement, la situation est très différente. Même dans les familles où l’homosexualité est a priori tolérée, les parents en Pologne peuvent utiliser des arguments faussement mélioratifs, du style : « Je n’ai pas de problème avec les personnes LGBT, mais… » Tomasz Lis, le rédacteur en chef de la version polonaise du magazine Newsweek, a dit par exemple : « Vous savez, j’ai discuté avec mes amis LGBT et ils ne veulent pas être associés avec cette espèce de folle qu’est Margot. »[3]https://www.liberation.fr/debats/2020/08/14/margot-ou-le-brutal-retour-en-arriere-de-la-pologne_1796722/ Ce journaliste est vu par beaucoup comme un allié, mais ce discours entretient des haines.

J’aimerais qu’on évoque un peu plus le passé, mais aussi un peu l’avenir. À la fin des années 1980, les membres du syndicat Solidarność prennent le pouvoir pour instaurer les bases d’une véritable démocratie. Ils écrivent une nouvelle constitution, promulguée en 1997. Pensez-vous qu’ils ont manqué de clairvoyance quant à la nécessité de renforcer l’égalité de droits entre hétérosexuels et homosexuels à ce moment-là ? Auraient-ils dû être plus conscients de ce que représente la démocratie en termes d’égalité sexuelle et de genre ?

Bien sûr qu’ils auraient dû l’être. Mais le changement est venu très rapidement. En 1989, le reste du monde n’était pas encore tout à fait conscient de ces problématiques non plus. La Pologne a longtemps été placée sous un régime socialiste et les gens se fichaient de ces problématiques-là. Ils pensaient qu’il y avait des tas d’autres choses plus importantes à faire. On rencontre le même problème avec le parti d’opposition actuelle, Platforma Obywatelska [« Plate-forme civique »]. Ils ont eu l’occasion, lorsqu’ils étaient au pouvoir, de changer les choses en 2008, 2009 et 2010. Ils disaient qu’ils le feraient, mais il y avait toujours « d’autres choses plus importantes à faire ». Cette situation nous mène là où nous sommes aujourd’hui. La stigmatisation n’a jamais été aussi féroce.

Si vous imaginez le futur, ce qui ressemble un peu à de la science-fiction, qu’est-ce qui selon vous devrait être fait au niveau politique pour rendre la situation plus acceptable pour les personnes homosexuelles de ce pays ?

Si l’on considère les choses à moyen terme, dans le cas où PiS perdrait les prochaines élections, ce qui est peu probable, deux partis pourraient prendre la tête du pays : Patforma Obywatelska ou le parti de Szymon Hołownia [Polska 2050]. Le discours sera sans doute similaire à celui entendu jusque-là : « Ce n’est pas le plus important. Il y a d’autres choses à faire. » On préférerait que leur réaction soit au contraire de prendre l’enjeu au sérieux et d’introduire le mariage homosexuel dans la loi. Cela paraît extrêmement idéaliste, c’est pourtant la seule chose à faire. Ils devraient lancer une campagne de normalisation pour que l’opinion publique change et qu’elle ne considère plus les homosexuels comme des monstres ou des violeurs d’enfants. La culture devrait également participer à ce mouvement.

« Être intellectuel en Pologne aujourd’hui ne donne aucune autorité ».

Justement, j’aimerais qu’on évoque le rôle des acteurs de la culture et des intellectuels dans le changement des mentalités. Les recherches relatives à l’homosexualité et au genre sont aujourd’hui peu légitimées au sein du milieu académique, même si des espaces de discussion existent. Selon vous, y’a-t-il des choses à changer au sein du milieu intellectuel pour que les mentalités évoluent ?

Oui, bien sûr. Les choses doivent changer à tous les niveaux. En ce qui concerne la culture, des directeurs d’institutions ou des artistes soutiennent les personnes LGBT. Des personnes comme Agnieszka Holland [cinéaste] ou Olga Tokarczuk [écrivaine, récipiendaire du Prix Nobel de Littérature 2018], sont des soutiens très forts. Le problème, c’est qu’être intellectuel en Pologne aujourd’hui ne donne aucune autorité. La seule chose qu’il nous reste, c’est de publier des ouvrages qui peuvent aider à changer les choses, sur la bisexualité par exemple.

Le changement viendra sans doute aussi de la manière dont l’homosexualité est montrée dans les films polonais. Dans Ligne d’eau (2013) de Tomasz Wasilewski, l’amour entre deux hommes est présenté comme un péché, tout du moins empêché, comme si de toute façon l’homosexualité n’était pas une option. Son regard porté sur l’homosexualité est très ambivalent. L’homosexualité est souvent dépeinte sous l’angle d’une impossibilité, tout est vécu comme un pur fantasme ou une simple transgression sociale. C’est également le cas dans Nina (2018) d’Olga Hajdas. Comment comprendre cela ?

Vous connaissez bien le cinéma polonais. Dans le cinéma d’auteur, il s’agit souvent de parler des impossibilités. L’ambition artistique vient souvent avec cette dimension tragique, il n’y que rarement une fin heureuse. Si l’on faisait un film positif sur l’homosexualité qui traite du contexte polonais, alors cela ne serait qu’un conte de fées ou d’une comédie romantique. Mais cela n’est pas à circonscrire dans le champ des cinéastes traitant de l’homosexualité. Le cinéma de Paweł Pawlikowski parle aussi d’impossibilités, c’est très déprimant. Le cinéma d’auteur polonais est généralement très sombre, sinon ce serait de la comédie ! Il y un jeune réalisateur qui est le seul à ma connaissance à avoir fait son coming-out en Pologne : c’est David Nickel. Son premier film est sur les écrans en Pologne depuis juin dernier. Il s’intitule Ostatni komers (Love tasting).

Propos recueillis par Mathieu Lericq le 13 juillet 2021 dans les locaux de l’association Lambda à Varsovie.

Mathieu Lericq

Membre de Kino Visegrad

Membre de Kino Visegrad. Enseignant et chercheur en études cinématographiques à Sorbonne Université. Spécialiste des cultures visuelles d'Europe centrale.