Béla Bugár, le dirigeant d’un parti de la minorité hongroise, a annoncé le week-end dernier sa candidature à la présidence de la République en Slovaquie. Ce vieux routard de la politique slovaque a toutefois de très maigres chances de remporter les élections présidentielles qui se dérouleront l’année prochaine.
Le congrès du Most-Híd a pris sa décision à l’unanimité au cours du week-end dernier : le moment est venu en Slovaquie de voir un membre d’une minorité ethnique se présenter au poste suprême…et donc de lancer son propre candidat. « Béla Bugár représente les valeurs de coopération, de tolérance et de compromis, qui font cruellement défaut ces temps-ci », a communiqué le parti.
Agé de 59 ans, Béla Bugár n’est pas un novice en politique, puisqu’il a débuté sa carrière dès le début des années 90, dirigeant plusieurs partis successifs, dont le principal parti représentant les cinq cent mille personnes de la minorité hongroise (environ 10 % de la population slovaque). Il est actuellement vice-président du parlement et le Most-Híd qu’il a fondé participe à la coalition gouvernementale avec le SMER de Robert Fico et le Parti national slovaque SNS.
Son parti est issu d’une scission en 2009 avec le parti historique de la minorité hongroise, le SMK-MKP, qu’il a supplanté en prônant un dialogue privilégié avec Bratislava plutôt qu’avec Budapest. Ce qui lui vaut l’inimitié totale du Fidesz qui ne le reconnait pas comme un parti de la minorité hongroise. Le président du Parlement hongrois, László Kövér, était même allé jusqu’à qualifier la création de Most-Híd d’acte de « trahison à la patrie », au mois de décembre 2016.
Une candidature pour la publicité ?
Les analystes ont dû mal à prendre au sérieux la possibilité qu’un représentant d’origine hongroise puisse prendre la tête du pays, dans le cadre d’une fonction présidentielle essentiellement représentative. Mais surtout, ils estiment que la candidature de Bugár est avant tout destinée à faire de la publicité à son parti en vue des élections législatives qui se dérouleront en 2020.
La popularité de Most-Híd semble en effet en berne, en raison de sa participation au gouvernement du controversé Robert Fico, renversé au printemps mais dont le parti reste aux manettes avec le Premier ministre Peter Pellegrini. Il est reproché à Béla Bugár d’avoir sacrifié ses principes de modération et de dialogue sur l’autel du pouvoir.
Ce ne sera pas la première fois cependant qu’un citoyen slovaque de nationalité hongroise se présente à la candidature suprême. Lors des dernières présidentielles de 2014, le Hongrois Gyula Bárdos, un membre du SMK-MKP, s’était présenté et était arrivé en 5e position, en obtenant un peu plus de 5 % des suffrages.
Le président actuel Andrej Kiska, un homme d’affaires reconverti en philanthrope, a fait savoir ce printemps qu’il ne briguerait pas de second mandat. Celui-ci s’est particulièrement distingué lors de la crise politique qui a éclaté après l’assassinat du journaliste Ján Kuciak au mois de février, en prenant le parti des manifestants qui réclamaient un changement de gouvernement.