La Hongrie célèbre le 4 juin prochain le centenaire de la signature du traité de Trianon. Cet événement historique majeur trouve aujourd’hui encore, dans la Hongrie de Viktor Orbán, un écho tout à fait singulier. Éclairage avec l’historien Balázs Ablonczy.
Le traité de Trianon signé le 4 juin 1920 au palais du Grand Trianon à Versailles a entériné une Hongrie indépendante, mais amputée de la majorité de ses territoires. Ses répercussions se font encore sentir et, cent ans après, le « Diktat » reste encore l’objet de nombreux mythes.
Le Courrier d’Europe centrale est allé à la rencontre de l’historien Balázs Ablonczy. Ancien directeur de l’Institut hongrois de Paris, il est l’actuel coordinateur du groupe de recherche « Trianon 100 » qui a eu pour tâche de préparer les commémorations de ce centenaire délicat. Nous avons tiré de cet entretien le podcast ci-dessous.
Quel a été le rôle de la France dans la redéfinition des frontières de 1920 ? Georges Clémenceau a-t-il voulu punir la Hongrie car il détestait sa sa belle-fille hongroise ? Nous avons aussi posé, pendant près d’une heure et demie d’entretien, d’autres questions à l’historien : Comment la droite révisionniste de Horthy dans l’entre-deux guerres a-t-elle fait porter le chapeau à ses adversaires ? Comment s’est transmise la mémoire de l’évènement et comment s’en souvient-on dans la Hongrie du XXIe siècle ?
« Dans la Hongrie actuelle, sur dix millions d’habitants, entre deux et trois millions de personnes ont des attaches avec les territoires perdus. Il y a un certain nombre de gens qui s’en fichent complètement, que cela n’intéresse pas, mais il y en a d’autres pour qui cette plaie est vivante, qui ont des ressentiments pour ne pas dire de la douleur, parce qu’ils ont perdu quelque chose, ils ont dû quitter leur terre natale. A partir de cela, il y a un souvenir relativement fort dans l’histoire publique hongroise, mais cela ne veut pas dire que tous les Hongrois sont irrédentistes ».