La publication d’un arrêt du Tribunal constitutionnel, mercredi au Journal officiel, signifie l’entrée en vigueur de l’interdiction quasi complète de l’IVG en Pologne.
« Le camp du pouvoir a entamé une nouvelle étape dans sa guerre contre les femmes », constate le média de gauche OKO.Press. En effet, après plusieurs semaines d’atermoiements, la publication mercredi d’un arrêt du Tribunal constitutionnel au Journal officiel a marqué l’entrée en vigueur de l’interdiction quasi-totale de l’interruption volontaire de grossesse pour les femmes polonaises.
Les défenseurs du droit à l’IVG, représentés par le mouvement de la Grève des femmes (Strajk Kobiet), se sont immédiatement mobilisés. Quelques milliers de personnes ont manifesté dans la capitale Varsovie et des rassemblements ont aussi été organisés dans de nombreuses villes du pays. D’autres manifestations sont prévues dans les jours à venir.
Cet arrêt du Tribunal constitutionnel, en date du 22 octobre 2020, juge qu’avorter en cas de malformation du fœtus est incompatible avec la loi fondamentale polonaise. Cela revient à interdire de facto le recours à l’IVG puisque les malformations du fœtus représentent la quasi-totalité des cas d’avortements (environ 98%). Il ne sera possible de recevoir une IVG que dans les cas, extrêmement minoritaires, de viol, d’inceste et de menace pour la vie ou la santé de la femme enceinte.
Cette décision du tribunal constitutionnel avait jeté des centaines de milliers de personnes dans les rues de Pologne, à l’automne dernier, et pas seulement à Varsovie dans les grandes villes du pays. Face à la contestation et piégé par une mesure très impopulaire (plusieurs enquêtes indiquant que le rejet va bien au-delà de l’électorat des partis d’opposition au PiS), le parti Droit et Justice au pouvoir a temporisé, provoquant la colère de la frange catholique intégriste de la droite. L’Association polonaise des défenseurs de la vie humaine est allée jusqu’à crier à la « trahison politique ».