Une grande majorité de Hongrois ont une opinion favorable de la démocratie libérale, selon une enquête menée auprès de dix pays de l’Europe centrale et orientale menée par le think tank atlantiste Globsec.
Le soutien à la démocratie libérale n’est pas nécessairement affecté par la qualité de la démocratie dans un pays donné, soutiennent les auteurs du récent rapport de Globsec, un think tant atlantiste basé à Bratislava : « Perceptions de la démocratie et de la gouvernance dans 10 pays de l’UE ».
On est tenté de le croire au vu des résultats qui concernent la Hongrie, dont le Premier ministre est perçu dans le monde comme le chantre de la démocratie « illibérale » : 81% des répondants à l’étude en Hongrie ont ainsi déclaré préférer la démocratie libérale – définie comme un système multipartite avec des élections – plutôt qu’un dirigeant autocratique qui ne s’embarrasse pas d’élections.
Seuls les Autrichiens se montrent plus attachés que les Hongrois à ce système. Cela ne va pas de soi, puisque la démocratie est plus populaire que l’autocratie dans seulement dans 5 des 10 pays étudiés. En Slovaquie et en Roumanie, seule la moitié des répondants se prononce en faveur de la démocratie libérale.
S’agit-il d’une contradiction avec le fait que Viktor Orbán est au pouvoir depuis dix ans et reste le politicien le plus populaire du pays, ou cela montre-t-il que les Hongrois considèrent son régime comme une démocratie ? L’étude de Globsec n’y répond que partiellement. Elle montre que moins de la moitié des Hongrois (45%) se disent satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays, à peu près au même niveau que les Polonais et les Tchèques (47%), bien moins que les Autrichiens (86%), mais plus que les Slovaques (38%).
« De nombreux signaux d’alerte ont été émis concernant la capture des institutions démocratiques en Hongrie. Pourtant, le soutien au partis politiques au pouvoir reste fort et leurs électeurs font généralement confiance au système, qui conserve encore des élections régulières et représentation multipartite », analyse Political Capital dans cette étude.
D’autre part, le think tank atlantiste tire la conclusion que la majorité des répondants d’Europe centrale et orientale ne croit pas au récit selon lequel leurs valeurs sont menacées par l’Occident, l’Union européenne ou les Etats-Unis. En Hongrie, entre un cinquième et un quart des répondants pensent que leur identité est menacée par l’un de ces groupes. Les Tchèques sont plus enclins à se sentir menacés dans leur identité et leurs valeurs par l’Union européenne (45%) alors que les Slovaques rejettent avant tout les Etats-Unis et bien plus que les autres pays de la région (53%).
Dans son rapport annuel oublié au début du mois de mai, l’organisation non-gouvernementale états-unienne Freedom House a classé la Hongrie dans la catégorie des « régimes hybrides », une première pour un pays de l’Union européenne. Le Fidesz au pouvoir a réalisé l’exploit d’avoir provoqué la chute la plus vertigineuse jamais enregistrée par Freedom House. En 2010, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, la Hongrie figurait parmi les « démocraties consolidées », avant de passer dans celui des « démocraties semi-consolidées » en 2015, puis dans le groupe des.