Becca Balint, 54 ans, est la première femme ouvertement homosexuelle à avoir été élue au Congrès américain pour le Vermont lors de la bataille des Midterms début novembre. D’origine hongroise, cette proche de Bernie Sanders n’hésite jamais à rappeler que sa famille a été victime de la Shoah avant d’immigrer aux Etats-Unis.
« Thank you Vermont ! ». Mercredi 9 novembre, au lendemain des résultats des Midterms, c’est sur son compte Facebook que la candidate démocrate Becca Balint a remercié, les électeurs vermontois de l’avoir élue au Congrès avec 61,5 % des voix face à son adversaire républicain Liam Madden, un vétéran de la guerre en Irak qui n’a recueilli que 28,8 % des suffrages. Un score très élevé au regard de la dure bataille menée pendant la campagne électorale par les partisans radicaux de Donald Trump qui promettait « une vague rouge ». C’est aussi une victoire historique qui prend toute sa symbolique dans cette Amérique fracturée puisque Becca Balint est la première femme ouvertement homosexuelle qui représentera au Congrès le petit État du Vermont, dans le nord-est du pays. « Well done !», l’a félicité Madden sur son compte Twitter sans contester les résultats.
Soutenue par Bernie Sanders, le sénateur très à gauche du Vermont depuis 2007, ainsi que par Ben Cohen et Jerry Greenfield, les cofondateurs de la crème glacée Ben & Jerry’s, Becca Belint a remporté le seul siège à la Chambre des représentants de cet État qui, jusqu’à présent, n’avait envoyée aucune femme au Congrès. « Aujourd’hui, nous avons réaffirmé que le Vermont, et cette nation, est toujours un endroit où tout est possible. Nous sommes encore capables de changement et de progrès », a-t-elle déclaré au soir de son élection. Selon les chiffres officiels, sur les 535 membres actuels du Congrès, 147 sont des femmes et 11 font partie de la communauté LGBTQ (deux sénateurs et neuf représentants, tous démocrates).
Élue présidente, par intérim, du Sénat du Vermont en 2020, Becca Belint, d’origine hongroise, est née en 1968 dans un hôpital militaire à Heidelberg, en République Fédérale d’Allemagne (RFA). Elle a grandi ensuite à Peekskill, dans l’État de New York où son père Peter, persécuté pendant la Shoah, avait décidé d’immigrer en 1957. Puis, elle a vécu dans le Michigan et en Californie avant de déménager dans le Vermont en 1994. Elle a été élue pour la première fois au Sénat de cet État en 2014. C’est ici, qu’elle a rencontrée Elizabeth Wohl en 2000 avec qui elle a formé une union civile en 2004 puis épousée en 2009, après la légalisation du mariage homosexuel au Vermont. Le couple a deux enfants.
Son grand-père victime de la Shoah
Depuis son entrée en politique, Becca Balint n’oublie jamais de rappeler que son grand-père, juif hongrois, est mort lors d’une marche forcée de Mauthausen à la ville de Gunskirchern le 5 mai 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Ce qui est arrivé à ma famille pendant l’Holocauste m’a guidé toute ma vie et m’a aussi permis d’agir comme une personne compatissante qui essaie de guérir les divisions », a-t-elle déclaré en septembre au journal « Times of Israël ». « La montée des autocraties et de l’autoritarisme n’est pas théorique pour moi. Cela a eu un impact direct sur ma famille et se poursuit avec mon action politique ».
Avant d’entrer à la chambre des représentants le 3 janvier 2023, Becca Balint a « donné sa parole » qu’elle appliquerait le programme pour lequel elle a été élue. « Je porterai vos espoirs et vos souhaits avec moi. Pour une santé universelle. Pour un salaire décent. Pour les droits reproductifs. Pour la sécurité des personnes queer et trans. Pour l’équité raciale et les lois de bon sens sur les armes à feu. Pour les familles de cet État qui souhaitent une vie meilleure pour leurs enfants et petits-enfants », a t-elle écrit sur son compte Instagram.
Un engagement qui dans cette Amérique où les droits fondamentaux comme l’avortement sont remis en cause, a donné un grand espoir pour les personnes LGBTQ. « Pendant près d’une décennie, Becca a dirigé les efforts visant à adopter une législation significative pour accroître la justice et l’équité au sein du Vermont. Maintenant, elle est prête à faire de même au Congrès », a souligné Annise Parker, présidente du LGBTQ Victory Fund, qui travaille à augmenter le nombre d’élus LGBTQ à travers les États-Unis.