A Pécs, la possible reprise des projets liés au nucléaire inquiète

A Pécs, le parti écologiste LMP se mobilise contre la possible ouverture d’un lieu d’enfouissement de déchets nucléaires à l’ouest de la ville, ainsi que contre une éventuelle reprise de l’exploitation des mines d’uranium.

Mardi 24 octobre, le parti écologiste LMP et son allié libéral Új Kezdet ont organisé à Pécs un forum citoyen pour informer les habitants sur l’état des projets liés au nucléaire dans les environs immédiats de la cinquième ville la plus peuplée de Hongrie (145 000 habitants).

Ainsi que le texte annonçant cet évènement le précise, les organisateurs déplorent l’opacité de la communication de l’équipe municipale – majoritairement Fidesz – sur cette question. Péter Csizi, le président du comité de tutelle qui dirige la ville est particulièrement visé par ce document, qui lui attribue des négociations secrètes avec le ministre chargé de l’extension de la centrale nucléaire de Paks.

Parmi ces projets, le plus avancé est sans doute celui concernant l’installation d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires dans la localité de Boda, un petit village situé dix kilomètres à l’ouest de Pécs et dont la partie nord du territoire communal se trouve à l’intérieur de la réserve naturelle des Mecsek Le second projet mentionné concerne quant à lui la possible reprise de l’exploitation des mines d’uranium situées immédiatement à l’ouest de Pécs. Fréquemment évoquée ces dernières années, la réouverture des mines d’uranium – qui jouèrent un rôle non négligeable dans l’histoire économique de la ville [1]un quartier de la ville porte d’ailleurs le nom d’Uránváros. – ne saurait d’autant moins être exclue que plusieurs études de faisabilité ont d’ores et déjà été menées.

Par ailleurs, un troisième lien économique potentiel pourrait se nouer entre Pécs et l’atome, puisque nos confrères du média « Szabad Pécs » soulignent que l’entreprise Roszatom chargée de l’agrandissement de la centrale nucléaire de Paks étudie la possibilté d’utiliser l’aéroport de Pécs-Pogány, situé à une heure de Paks en voiture, comme plaque tournante.

La situation économique difficile de la ville, qui doit faire face à un lourd déficit l’incitant à se débarrasser de nombreuses entreprises, institutions culturelles et infrastructures, renforce par ailleurs le degré de plausibilité de cette information.

De fait, les difficultés économiques rencontrées par la ville de Pécs pourraient effectivement inciter la municipalité à finir par succomber à la tentation du nucléaire. Ainsi, et bien que la mise en place de projets liés à l’atome dans le voisinage immédiat de la capitale du Baranya puisse être qualifiée de «serpent de mer » local, le contexte actuel invite à ne pas prendre cette éventualité à la légère.

La Hongrie mise sur le nucléaire et sur son propre uranium

Notes

Notes
1 un quartier de la ville porte d’ailleurs le nom d’Uránváros.
Adrien Quéret-Podesta

Correspondant basé à Pécs et Olomouc

Chercheur postdoctoral en histoire médiévale à l’Université Palacký.