A l’Est, le vitupérant premier ministre hongrois Viktor Orbán, pourfendeur européen du libéralisme. A l’Ouest, le président français Emmanuel Macron, défenseur autoproclamé des « valeurs européennes » libérales ainsi défiées. Et tant pis pour les autres !
Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Éditorial – Les médias du monde entier n’ont pas manqué une miette de la rencontre des deux hommes les plus tonitruants du continent européen, le 28 août à Milan : le premier ministre hongrois Viktor Orbán et le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini.
« Il y a actuellement deux camps en Europe et l’un est dirigé par Macron […] à la tête des forces politiques soutenant l’immigration […], a affirmé le dirigeant hongrois. De l’autre côté, il y a nous qui voulons arrêter l’immigration illégale. »
Visé, le président français ne s’est pas fait prier pour répondre, dès le lendemain, lui qui avait déjà endossé depuis plusieurs mois le rôle de rempart contre le nationalisme : « Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ce discours de haine. S’ils ont voulu voir en ma personne leur opposant principal, ils ont raison. »
Les élections européennes qui se dérouleront au printemps de l’année prochaine risquent bien de consacrer cette opposition binaire entre d’un côté les libéraux, pro-Européens et auto-proclamés progressistes, et de l’autre les nationalistes, souverainistes et conservateurs. En évacuant du même coup toute possibilité de débat et toutes propositions alternatives pour l’avenir de l’Union européenne.
C’est pain béni pour leurs têtes de file respectives, Messieurs Macron et Orbán, qui ont tout intérêt à rester cantonnés dans ces postures respectives, mais dont les conséquences pourraient être lourdes pour l’Union européenne.
En Hongrie, qui fait aujourd’hui plus que jamais figure de laboratoire européen, cette division ramène dix années en arrière et à l’affrontement entre le néolibéral Ferenc Gyurcsány et le nationaliste Viktor Orbán, qui a polarisé la société à l’extrême et l’a conduit dans l’impasse actuelle.
Dans les mois qui viennent, un peu de l’avenir proche de l’Union va se jouer au sein du Parti populaire européen, la plus grande formation, tiraillée entre ces deux pôles que la chancelière allemande affaiblie, Angela Merkel, ne pourra peut-être plus faire cohabiter beaucoup plus longtemps.