Les académiciens ainsi que d’autres défenseurs de la langue française s’énervent beaucoup à cause du slogan Made for sharing qu’a choisi le comité d’organisation de Paris 2024.
Ils nous expliquent que le français est la première langue olympique. Nous sommes bien d’accord, à ceci près qu’il s’agit là d’une primauté historique qui n’a plus grand-chose à voir avec l’époque où nous vivons. Aujourd’hui, aussi bien à Paris qu’à Prague, j’observe ce phénomène qui englobe probablement toute l’Europe : autant qu’il le peut, celui qui souhaite être dans l’air du temps parle anglais – ou, du moins, il s’y essaie.
Ainsi, lorsque je passe par un quartier central de Paris et que j’y aborde un « authentique Français », ce dernier se met souvent à me répondre en anglais. Je lui dis que je parle français moi, peine perdue ; physiquement, j’ai l’air d’un étranger et, qui plus est, j’ai un accent en français, alors mon interlocuteur ne m’obéira guère et n’arrêtera pas son débit en anglais, histoire de me montrer que lui aussi il a connu le monde.
Je fréquente une piscine où, dans une pataugeoire, un jeune maître-nageur apprend à nager à une petite fille. Ce cours s’étale sur plusieurs semaines déjà. Entendant les appels du maître-nageur en anglais, j’ai cru que la fillette était étrangère. Eh bien non, il se révèle qu’elle est française, d’ailleurs, notre maître-nageur plonge avec elle dans un curieux mélange d’anglais et de français : dans la partie anglaise de son « speech », je suis particulièrement frappé par ses Let’s go ou Go on où le « o » sonne droit et raide comme une barre de sauvetage.
Conclusion? La loi Toubon ne sert plus à rien dans un pays où bien des Français sacrifient leur langue au profit d’un anglais… qu’ils ne maîtrisent même pas !