Admis par la Pologne après avoir été expulsé d’Ukraine lundi, le trublion de la politique post-soviétique représente un enjeu géopolitique à lui tout seul pour Varsovie…
Alors que les relations polono-ukrainiennes sont au plus bas en ce moment et que les troubles internationaux ravivés par l’adoption récente d’une loi très controversée sur la mémoire de l’Holocauste se sont légèrement calmés, Mikheïl Saakachvili est arrivé à Varsovie. Expulsé d’Ukraine lundi, le trublion de la politique post-soviétique a tout de suite déclaré à la presse qu’il allait poursuivre sa campagne féroce contre le gouvernement de Kiev.
Il ne manquait que cela au gouvernement polonais
Les bonnes relations de voisinage polono-ukrainiennes sont parties en fumée après l’adoption en janvier de la loi sur la Shoah, laquelle réserve un chapitre à l’Ukraine. En effet, elle prévoit des peines de prison pour ceux qui nient « les crimes des nationalistes ukrainiens ». Le président ukrainien Petro Porochenko a immédiatement réagi en disant que la loi n’est pas conforme aux principes du partenariat stratégique entre l’Ukraine et la Pologne et a appelé Varsovie « à l’objectivité et au dialogue ». La présence sur le sol polonais d’un homme qui appelle au renversement du gouvernement de Kiev et à la révolution en Ukraine n’aiderait en rien à redorer le blason des autorités polonaises vis-à-vis de son voisin.
Pour compliquer les choses, Saakachvili a été ami du feu président polonais Lech Kaczynski, frère jumeau de l’actuel homme fort du pays, Jaroslaw Kaczynski. Dans de telles circonstances, le renvoyer à Tbilissi serait très mal perçu non seulement en Pologne même, mais aussi à l’échelle internationale. Si toutefois le gouvernement géorgien demande l’extradition de l’ancien président, où il a été condamné par contumace à trois ans de prison en Géorgie pour « abus de pouvoir » en janvier 2018. Le Kremlin serait aux anges de voir la Géorgie et la Pologne se quereller autour du fugitif apatride déchu de sa nationalité géorgienne puis ukrainienne.
Photo d’illustration : le président géorgien Saakachvili en 2010 (Wiki Commons).