Rallye Budapest-Bamako : « Un retour aux racines »

Le plus grand rallye amateur et trans-saharien au monde, le désormais fameux Budapest-Bamako, s’élancera  samedi 15 janvier 2011, pour sa sixième édition. Quelques jour avant le départ de son édition précédente , Hulala avait rencontré András Polgár, le directeur de la course et Gábor Varga, son responsable logistique. Interview publiée l’année précédente, le 16 janvier 2010 !

 

Que pensez-vous de ce qu’est devenu le Dakar après toutes ces années ?

Gábor Varga : Il y a beaucoup de critiques sur cette course. Il est évident que le Budapest-Bamako d’aujourd’hui ressemble beaucoup aux premières éditions du Dakar. D’ailleurs, la philosophie du rallye c’est un peu « Retour aux racines ». Le Dakar, c’est pour les professionnels, notamment en raison des coûts d’inscription qui sont bien plus élevés. Nous avons souvent parlé avec des anciens participants du Dakar qui nous ont dit « Le Dakar c’est bien… mais c’est pas pour nous ».

Craignez-vous une confusion entre les deux rallyes?

Gábor Varga : Je ne pense pas que les locaux en Afrique fassent une véritable différence entre les différents rallyes qui sillonent le Sahel. Pour les gens qui vivent dans le désert, où il se passe rarement d’évènements extérieurs, un rallye c’est avant tout une curiosité et cela signifie concrètement pour eux : de l’animation, des cadeaux et des dons. Quant à une possible confusion en Europe… je ne sais pas.

Que leur apportez-vous justement, aux populations rencontrées ?

Gábor Varga : Nous sommes très exigeants sur l’aspect humanitaire de l’évènement. Années après années nous développons un énorme programme de charité pour le Maroc, la Mauritanie et le Mali. Cette année, en partenariat avec l’Union Hongrie-Afrique, nous avons mis sur pieds une stratégie de développement de notre programme d’aide pour les années suivantes car donner un poisson c’est bien, mais donner une canne à pêche c’est mieux. Nous essayons donc de faire évoluer notre action ainsi que les mentalités des participants du rallye dans ce sens. Cette année encore, nous apporterons « des poissons » : Un camion va transporter 25 tonnes d’équipement à délivrer aux villages traversés : du matériel médical, des médicaments, des vêtement, du matériel scolaire, … Mais nous avons jeté les bases d’une stratégie de développement régional.

La crise économique n’affectera-t-elle pas les dons ?

Gábor Varga :Le rallye en entier souffre de la crise. Plusieurs équipes ont dû annuler leur participation faute d’argent pour concourir. Pour ce qui est de l’humanitaire, les donateurs sont plus nombreux que lors des éditions précédentes, mais les quantités données sont inférieures.

Beaucoup, en France notamment, considèrent ce type de compétition comme un jeu de riches dans des pays pauvres…

Gábor Varga : Notre rallye est une sorte de jeu c’est vrai, mais ce n’est pas un jeu de riches. Contrairement à ceux du Dakar, les participants du Budapest-Bamako sont relativement modestes et je pense que ceux qui ont moins d’argent sont plus sensibles à la misère en Afrique et c’est, selon moi, une des raisons pour lesquelles notre programme humanitaire fonctionne. Sur ce point, la différence avec le Dakar est énorme.

Les actions terroristes menées au mois de Décembre vous ont-elle fait hésiter à maintenir la course ?

Gábor Varga : Non, pas du tout, il n’en a jamais été question. Pour nous, il a toujours été clair que nous ferions ce rallye. Quelques équipes, polonaises notamment, se sont désistées en raison de ces risques, mais très peu. On a beaucoup spéculé sur les raisons pour lesquelles le Dakar a quitté l’Afrique, et les rumeurs sont nombreuses. Je suppose que seuls les organisateurs connaissent les raisons véritables.

András Polgár : Selon les informations que m’ont communiqué les autorités mauritaniennes, le Dakar n’a pas réellement quitté l’Afrique pour des raisons de sécurité. En fait, il s’agirait d’un conflit politique entre la France et la Mauritanie sur une question de vente d’armes. Le gouvernement mauritanien ayant préféré acheter aux américains plutôt qu’aux français. Chaque année nous sommes très bien accueillis par les populations africaines.

Gábor Varga : Nous avons insisté auprès de chaque participant sur le fait que la décision de participer leur revient à eux seuls, en prenant en considérations les risques encourus. Nous avons de très bonnes relations avec les gouvernements mauritaniens et maliens car quand le Dakar à été annulé en Afrique, en 2008, nous sommes restés. Ils nous avaient promis de nous protéger et nous leur avons fait confiance en maintenant la compétition. Nous sommes appréciés depuis cela et chaque année nous recevons un soutien sans faille de la Mauritanie. Des milliers de militaires protègeront les compétiteurs. Bien sûr, les risques compliquent notre préparation mais nous comptons sur la Mauritanie pour garder la situation sous contrôle.

Recevez vous du soutien de la part des autorités hongroises ?

András Polgár : En Hongrie nous recevons de l’aide de la part du ministère des affaires étrangères, et nous sommes en contact avec l’Otan qui surveille le conflit au Sahara occidental et les champs de mines qui s’y trouvent.

Si un local était victime d’un accident comme cela s’est une nouvelle produit cette annéee sur le Dakar…

Gábor Varga : Depuis les débuts du rallye, nous ne déplorons aucun accident, sauf un en 2007 : un enfant à vélo a été légèrement percuté par une voiture. Le vélo a été abîmé mais fort heureusement l’enfant n’a pas été blessé. Il est plus facile pour nous d’éviter ce type d’accident car nous obligeons les participants à réduire leur vitesse dans les villages et la conduite de nuit est bien sûr interdite.

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