Présent à Minsk pendant l’élection présidentielle bélarusse d’août 2020, Paul Dza a tenté de capturer le retour d’un peuple dans la rue. Il expose ses photographies à La Bellevilloise.
Paul Dza, jeune photojournaliste français, a souhaité explorer un pays encore méconnu du grand public jusqu’à une date assez récente : le Bélarus. Il voulait, pour son premier grand reportage photo à l’étranger, en capturer l’esthétique post-soviétique si déroutante pour bien des voyageurs occidentaux. Une telle envie fait toujours sourire les Bélarusses à qui l’on s’adresse, tant certains se demandent ce que les européens de l’ouest peuvent trouver de fascinant au brutalisme architectural. Paul Dza ne s’en cache pas et souhaitait, comme il l’explique lui-même, « montrer la vie quotidienne dans des rues froides et enneigées, vides à l’architecture stalinienne ».
Mais le photojournaliste français a bien vite été rattrapé par les flots de manifestants et d’opposants au régime d’Alexandre Loukachenko. Présent au Bélarus durant le scrutin présidentiel contesté d’août 2020, il en a capturé plusieurs instants. Pensant aller de la France au Bélarus, il a finalement voyagé de l’esthétique à l’instant politique qui a surgi devant lui. Cette percée de la contestation, il l’a photographiée et il présente en ce moment ses œuvres dans une exposition se tenant à La Bellevilloise, sobrement intitulée « Minsk ».
Ses clichés présentent un Minsk submergé par la contestation. Les longs boulevards et perspectives sont recolorés par les drapeaux hier interdits. Les visiteurs de l’exposition, qui seraient familiers du Bélarus ou de l’espace post-soviétique, découvriront peut-être avec étonnement ces cortèges de visages enjoués, des attroupements de jeunes et moins jeunes se confrontant aux cordons d’OMONS.
Photographier le Bélarus, c’est également faire l’expérience de l’interdit, tant les lieux où il est défendu de faire usage d’un appareil photo sont nombreux. Et pourtant, Paul Dza a pu, à la faveur des manifestations, prendre plusieurs clichés qu’il n’aurait pu saisir quelques mois plus tôt. À plusieurs moments, lorsque le régime a voulu faire bonne figure, alors que la défiance s’emparait de la population, il a pu photographier militaires et forces de l’ordre à visage découvert, comme à l’occasion du simulacre de fête des forces armées. Mais plus que tout, il admet avoir bénéficié de la bienveillance d’une population qui s’est soudain montrée très protectrice avec les journalistes, qu’ils soient étrangers ou bélarusses.
Tout au long de cette exposition, Paul Dza ne perd pas de vue l’envie qui était la sienne, tout au long de son périple, de rencontrer les Bélarusses et de donner à voir de fragments de leur vie quotidienne. Il parvient ainsi à saisir les atmosphères déroutantes qui se dégagent des rues de Minsk, du métro de la capitale et de ses immenses avenues.
Parmi tous les clichés qu’il expose et qui invitent à la découverte d’une ville sortant de sa torpeur, une des photographies de Paul Dza, intitulée « Tant qu’il sera planté comme ça », vient de remporter le 1er Prix de la Photographie politique de Sciences-Po.
‘Minsk’ de Paul Dza, est une exposition à découvrir à La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris. Plus d’inforamtions sur : www.pauldza.com. Exposition prolongée jusqu’au 1er décembre.