Les incidents récents autour d’un cimetière austro-hongrois ont redonné de la vigueur aux revendications autonomistes des Hongrois de Roumanie. Une petite manifestation s’est déroulée mardi à Miercurea-Ciuc (Csíkszereda en hongrois) pour l’autonomie du Pays sicule.
Un millier et demi de personnes a pris part à une manifestation qui s’est déroulée mardi soir sur la place de la Liberté (Szabadság) à Miercurea-Ciuc (Csíkszereda en hongrois), au centre de la Roumanie, pour réclamer l’autonomie du Pays sicule, une région montagneuse majoritairement magyarophone.
Ce rassemblement fait suite aux récents incidents qui se sont déroulés le 6 juin aux abords du cimetière militaire d’Uzvölgy. Au cœur des montagnes de la Transylvanie, ce cimetière militaire de la Première Guerre mondiale, devenu lieu de mémoire, se trouve à l’épicentre de crispations communautaires, âprement disputé entre des nationalistes roumains et issus de la minorité hongroise de Roumanie. Des échauffourées – de faible intensité et qui n’ont pas fait de blessés – ont éclaté alors que des représentants de la minorité hongroise de Roumanie formaient une chaîne humaine pour empêcher des Roumains de pénétrer dans le cimetière lors de leur journée des Héros.
Le Parti populaire hongrois de Transylvanie (Erdélyi Magyar Néppárt, EMNP), organisateur du rassemblement, a demandé l’arrêt de la nationalisation du cimetière, proposée par Bucarest comme porte de sortie à la brouille diplomatique avec Budapest, et la démission du préfet du comté de Harghita. Il a critiqué l’État roumain qu’il a accusé de négliger les intérêts de la minorité hongroise. Mais il s’en est surtout pris à son concurrent politique, le principal parti hongrois en Roumanie, l’UDMR, plus préoccupé, selon lui, à sa propre survie politique qu’à défendre la cause autonomiste.
« Nous ne subirons pas le sort des Saxons, nous ne partirons pas d’ici. Notre patrie c’est la Transylvanie et le Pays sicule, uns et indivisibles »
L’EMNP est un parti assez marginal dans le champ politique roumain, dont l’eurodéputé László Tőkés est considéré comme le mentor. Fait chevalier de l’ordre de l’Étoile en 2009 pour son rôle dans la Révolution roumaine, cette distinction lui a été retirée en 2016 pour son rôle dans le combat autonomiste magyar. Bucarest lui reprochait d’avoir contesté « le caractère d’État-nation un et indivisible de la Roumanie » après qu’il ait demandé au premier ministre hongrois Viktor Orbán, lors de l’Université d’été de Bálványos à Băile Tușnad en 2013, que « la Hongrie joue le rôle de puissance protectrice pour la Transylvanie comme l’Autriche l’a fait pour le Tyrol du Sud ».
« Nous ne subirons pas le sort des Saxons, nous ne partirons pas d’ici. Notre patrie c’est la Transylvanie et le Pays sicule, uns et indivisibles », a déclaré l’un des intervenants lors du rassemblement qui a somme toute été relativement modeste. Les organisateurs ont invoqué la pluie qui s’abattait sur la région pour expliquer son faible succès.
Photo : István Huszti / Index.hu.