Depuis plusieurs années, Zoltán Kocsis et son orchestre honore l’anniversaire de Béla Bartók d’un grand concert au Palais des Arts (Müpa). Cette année, le 25 mars, le chef a choisi le Concerto (écrit en 1943) du grand compositeur hongrois et le concerto no. 4 pour piano en sol majeur de Beethoven avec le pianiste italien Andrea Lucchesini.
Ce 132e anniversaire de la naissance de Bartók nous offre l’occasion de rappeler qu’il a décidé de quitter la Hongrie en 1940 pour des raisons politiques. Compositeur, pianiste et professeur réputé dans son pays, membre de l’Académie de Sciences, non-juif, il aurait pu rester à Budapest sans problèmes. Mais il a rapidement compris les dangers des extrémismes politiques. Par exemple, en 1938, juste après l’Anschluss – l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie -, il a perçu le danger que le gouvernement hongrois se soumette à Hitler. „Comment pourrais-je vivre et travailler dans un tel pays ?” – se demande-t-il. Au lieu de rester et de ce fait de légitimer un régime autoritaire, il a choisi de sauter dans l’inconnu. Malgré les mauvaises conditions matérielles et de graves problèmes de santé, il n’a jamais pensé à retourner dans son pays tant que le système fasciste subsistait. Il est mort dans l’exil, pauvre et malade, mais libre.
- Lundi, 25 mars à 19.30 au Müpa
- Orchestre National Philharmonique de Hongrie
- Direction : Zoltán Kocsis
- Soliste : Andrea Lucchesini
- Au programme : Ludwig van Beethoven – Concerto no. 4 pour piano en sol majeur / Béla Bartók – Concerto
Aujourd’hui son exemple donne à réfléchir. Un autre grand musicien hongrois, le pianiste András Schiff a choisi de suivre l’exemple de son illustre prédécesseur. Dans une interview parue il y a quelques jours dans l’hebdomadaire HVG, Schiff réaffirme sa décision de ne pas retourner dans son pays natal tant que le gouvernement de Viktor Orbán reste au pouvoir. D’après le pianiste mondialement connu, il n’est plus possible de cautionner par sa présence un système raciste et antisémite. Pour lui, le départ de plusieurs centaines de milliers de jeunes gens, pour la plupart bien éduqués, montre que la nouvelle génération ne voit pas son avenir en Hongrie. Il est à rappeler que même d’après les sources gouvernementales, Londres est devenue la cinquième ville „hongroise” avec ses dizaines milliers de jeunes Hongrois.
Par Mihály Rózsa
Vu la facon particulierement grossiere dont il s’était fait insulter dans la presse hongroise par des proches du gouvernement, il n’est pas étonnant qu’András Schiff refuse de remettre les pieds sur sa terre natale, tant que les choses n’auront pas changé. Une honte pour le régime en place. L’un des plus grands pianistes de notre époque (écoutez-le dans Bach, Haydn et surtout Schubert !).
Autre grand pianiste (et chef) hongrois, Zoltán Kocsis, pour sa part me semblerait avoir moins d »états d »ame….