Une pétition a été lancée par le petit parti de gauche Razem pour porter au parlement le débat sur la réduction du temps de travail en Pologne, alors que les Polonais sont les Européens qui passent le plus de temps au travail après les Grecs.
Le petit parti de gauche Razem (Ensemble) a présenté un projet de loi visant à réduire le temps de travail hebdomadaire. Comme il s’agit d’un parti non-parlementaire, le projet devra recueillir les signatures de cent mille citoyens afin d’être examiné par les députés à la Diète, l’Assemblée nationale. Lundi soir, peu après son lancement, la pétition avait rassemblée cinq mille signataires.
Le projet de loi prévoit une réduction progressive du temps de travail hebdomadaire de 40 heures aujourd’hui à 38 h en 2019, 37 h en 2020 et 35 h en 2021. Et cela sans baisse de salaires. Il n’est pas sûr toutefois que le parti majoritaire à la Diète, le Droit et Justice (PiS), soit sensible aux arguments avancés par Razem, un parti parfois comparé au Podemos espagnol.
« Nous travaillons beaucoup trop. Nous passons plus d’heures au travail que les Japonais eux-mêmes », a déclaré Marcelina Zawisza, de Razem. Celle-ci met aussi en avant le fait que les travailleurs bien reposés « tombent malades moins souvent et travaillent plus efficacement ».
La porte-parole du parti, Dorota Olko, a estimé pour sa part que « les gens savent très bien que ceux qui sont partis à l’étranger travaillent moins pour un salaire meilleur ». Dorota Olko a cité la France comme l’exemple à suivre en la matière, considérant qu’elle avait bénéficié de la journée de travail de 7 h. « Si nous voulons vraiment avoir une économie moderne, il est grand temps de prendre cette direction ».
30 % d’heures de plus qu’en France !
Les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) confirment le constat de Razem : sur l’année 2016, les Polonais ont passé en moyenne 1 928 heures au travail, faisant de la Pologne le pays de l’Union européenne où l’on passe le plus de temps au travail après la Grèce (2 035h). Contre 1 472 h annuelles en France et 1 363 h en Allemagne.
Dans les pays du Groupe de Visegrád, on travaille en moyenne plus longtemps qu’ailleurs en Europe : 1 740 h en Slovaquie, 1 761 heures en Hongrie et 1 770 h en République tchèque. Ce débat sur la réduction du temps de travail est encore très peu présent, voir absent, en Europe centrale où la question de la hausse des salaires prime dans les combats syndicaux. Lire Qu’en est-il du syndicalisme dans l’Europe « postsocialiste » ?